dimanche 10 septembre 2017

Une conseillère "emploi-formation" à l'A.F.P.A. dans le film "On a failli être amies" de Anne LE NY (2014)

Très à l’aise dans des rôles réalistes, qui mieux que Karin VIARD pouvait interpréter Marithé cette conseillère emploi de l’A.F.P.A. qui coache Carole qui elle, prend les traits d’Emmanuelle DEVOS dans ce film de 2014 d’Anne LE NY « On a failli être amies.

L’intrigue
Marithé, employée au sein de la principale association de formation continue nationale, accompagne un groupe de femmes qui ont été licenciées, lorsque fortuitement, Carole, épouse d’un restaurateur local réputé, débarque dans l’agence. Celle-ci travaille avec son époux mais, bien qu’elle s’en acquitte fort bien, elle a beaucoup de mal à l’assumer, développant même une crise d’exéma à chaque fois qu’elle assure sa fonction en salle. Elle cherche à s’évader au travers d’une relation adultère avec un expert-comptable, ce qui ne parait pas la satisfaire outre mesure. Marithé, divorcée, est elle aussi loin d’être comblée sur le plan affectif, et à la faveur de l’accompagnement qu’elle accepte de lui dispenser dans le cadre d’un bilan de compétences, elle rencontre Sam (Roschdy Zem), le mari de Carole, qu’elle commence par admirer pour l’assurance qu’il dégage, puis dont elle s’éprend. Elle manœuvre alors pour favoriser les projets de création d’entreprise de Carole, un Centre d’équitation en association avec son amant, dans le dessein d’écarter le seul obstacle qui se dresse sur le chemin qu’elle entreprend vers Sam. Ses plans ne se passeront pas comme prévu, elle se mettra même en péril à titre professionnel.

Le registre professionnel
Tout comme dans Ma part de gâteauKarin VIARD est « dans le rôle », totalement crédible : Marithé, conseillère emploi,  coache ses ouailles avec entrain et dynamisme, les incitant à un certain positivisme sans jamais tomber dans la caricature. Elle anime avec détermination des réunions d’aide à la recherche d’emploi , conduit des simulations d’entretiens de recrutement ou déroule consciencieusement  les tests de personnalités, sans s’offusquer des résultats saugrenus délivrés par l’ordinateur. C’est ainsi que Carole se voit orientée vers le métier de « fauconnier » certainement également pour les besoins du scénario. Ne lâchant rien, elle vit son sacerdoce à fond, sans états d’âmes, son existence étant  centrée  sur le devenir de ses protégées, elle va jusqu’à les  accompagner sur le terrain pour les aider à trouver un stage, ou intercède auprès d’une relation à la C.C.I. locale pour que Carole intègre une formation d’aide à la création d’entreprise.
Quand ses plans échouent, elle sombre alors dans un burn-out, c’est du moins ce que diagnostique son supérieur qui applique mécaniquement la procédure prévue dans ce cas : un accompagnement psychologique suivi d’une réorientation professionnelle. Marithé réagira curieusement, presque satisfaite d’être touchée par une pathologie somme toute « classique » en entreprise, comme si elle était finalement normale.

Toujours dans le contexte professionnel, ce film montre également quelques scènes courantes du monde du travail telles que des situations relationnelles ou managériales ou un départ à la retraite, l’occasion d’offrir des cadeaux mais aussi de danser ce qui semble peu usuel.  Il est aussi l’occasion d’explorer furtivement les arrières cuisines d’un restaurant gastronomique, pour quelques scènes de préparation ou de dressage d’assiette, ainsi que le service en salle sans que l’on y apprenne beaucoup sur cette branche professionnelle.

Les accidents du travail dans le bâtiment au Brésil dans une chanson de Chico Buarque : "Construção" (1971)


C'est en écoutant l'émission "La Bande Originale" sur France Inter le 07 septembre dernier que nous avons découvert cette chanson de 1971, écrite et interprétée par Chico Buarque, dont on connait surtout l'incomparable "Essa Moça Tá Diferente". Rendons-lui cet honneur, c'est à Mathieu Almaric, que nous devons d'avons fait connaissance avec ce titre du célèbre chanteur brésilien. Il a en effet choisi d'intégrer ce titre dans la Play-List que chaque invité de Nagui et de son équipe propose d'écouter, soulignant principalement la construction de la chanson basée sur la répétition d'une même histoire, mais dont le récit varie seulement de quelques mots dans chacun des couplets. La page Wikipedia en langue anglaise de cette même chanson en donne une analyse différente, puisque selon cette source, il s'agirait en fait de trois 3 histoires différentes.
Chico Buarque

Peu importe, c'est bien évidemment le contenu qui nous intéresse, puisque l'histoire narre la fin tragique d'un ouvrier du bâtiment qui se rend sur le chantier puis grimpe "la construction comme s'il était une machine", dresse "à l'étage quatre murs solides, brique après brique". Après avoir déjeuné de haricots "avec du riz comme s'il était un prince", il boit, danse et rit et malheureusement, tombe de l'échaffaudage et s'écrase mortellement en contrebas, "perturbant le trafic".

Si "Construção" n'est peut-être pas, comme l'indique la page Wikipedia qui lui est consacrée "un témoignage douloureux des relations humiliantes entre le capital et le travail", elle nous donne de précieux indices sur la condition d'un ouvrier du bâtiment au début des années 70 dans ce Brésil alors sous le joug  d'une dictature militaire. C'est ce que résume parfaitement le dernier couplet qui nous révèle que le manque de sécurité ("Pour les échafaudages suspendus qui nous font tomber) et l'environnement malsain ("Pour la fumée et la misère qui nous font tousser") sont supportables grâce à une consommation excessive d'alcool, quasi obligatoire ("Pour la cachaça gratuite que l'on doit avaler") qui fera tituber le malheureux et le précipitera à sa fin.

Ce titre semble peu connu, il a pourtant été élu, toujours selon la page Wikipedia (en langue portugaise) "deuxième meilleure chanson brésilienne de tous les temps" à l'issue d'un vote organisé par le journal Folha de S. Paulo et rien de moins que « la plus grande chanson brésilienne de tous les temps » par le magazine Rolling Stone.

Pour aller plus loin :