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samedi 9 mars 2024

Les métiers de la restauration et des traiteurs dans le film "Le sens de la fête" de Olivier Nakache et Eric Toledano

Si les français disposent du sens de la fête comme l'évoque un indien au milieu de cette comédie humaine, il faut  reconnaître à Éric TOLEDANO et Olivier NAKACHE la capacité de caricaturer les individus et leurs fonctions. C'est à nouveau dans ce film, Le sens de la fête. Souvent drôles et sans jamais tomber dans la caricature, ils arrivent à portraitiser cette galerie de métiers de la restauration dans le cadre d'une activité de traiteur. 

Le patron, c'est Jean-Pierre BACRI, excellent comme toujours, qui doit orchestrer une prestation au pour le compte d'un couple le jour de leur mariage. C'est l'occasion d'observer les différents métiers de cette profession, essentiellement du côté du service, parfois de l'animation et rarement de la cuisine. D'autant plus que les facéties d'un extra embauché au dernier moment, incapable et stupide, ruine une partie du repas.

Dans ce film, la vision des métiers et compétences de ce secteur d'activité n'est pas très large et profonde, il en donne cependant un bon aperçu au titre des enjeux et contraintes, essentiellement liées à la gestion du personnel. Les difficultés de recrutement, par exemple, ou l'aspect social avec des extras pas toujours déclarés, et des exigences en matière de relation avec les clients. Les normes d'hygiène et de sécurité alimentaires sont également perceptibles, à l'occasion donc de l'une des turpitudes du nouvel embauché.

En résumé, un film divertissant avec une découverte de ce secteur confronté à des difficultés de recrutement.

La bande annonce du film :

dimanche 10 septembre 2017

Une conseillère "emploi-formation" à l'A.F.P.A. dans le film "On a failli être amies" de Anne LE NY (2014)

Très à l’aise dans des rôles réalistes, qui mieux que Karin VIARD pouvait interpréter Marithé cette conseillère emploi de l’A.F.P.A. qui coache Carole qui elle, prend les traits d’Emmanuelle DEVOS dans ce film de 2014 d’Anne LE NY « On a failli être amies.

L’intrigue
Marithé, employée au sein de la principale association de formation continue nationale, accompagne un groupe de femmes qui ont été licenciées, lorsque fortuitement, Carole, épouse d’un restaurateur local réputé, débarque dans l’agence. Celle-ci travaille avec son époux mais, bien qu’elle s’en acquitte fort bien, elle a beaucoup de mal à l’assumer, développant même une crise d’exéma à chaque fois qu’elle assure sa fonction en salle. Elle cherche à s’évader au travers d’une relation adultère avec un expert-comptable, ce qui ne parait pas la satisfaire outre mesure. Marithé, divorcée, est elle aussi loin d’être comblée sur le plan affectif, et à la faveur de l’accompagnement qu’elle accepte de lui dispenser dans le cadre d’un bilan de compétences, elle rencontre Sam (Roschdy Zem), le mari de Carole, qu’elle commence par admirer pour l’assurance qu’il dégage, puis dont elle s’éprend. Elle manœuvre alors pour favoriser les projets de création d’entreprise de Carole, un Centre d’équitation en association avec son amant, dans le dessein d’écarter le seul obstacle qui se dresse sur le chemin qu’elle entreprend vers Sam. Ses plans ne se passeront pas comme prévu, elle se mettra même en péril à titre professionnel.

Le registre professionnel
Tout comme dans Ma part de gâteauKarin VIARD est « dans le rôle », totalement crédible : Marithé, conseillère emploi,  coache ses ouailles avec entrain et dynamisme, les incitant à un certain positivisme sans jamais tomber dans la caricature. Elle anime avec détermination des réunions d’aide à la recherche d’emploi , conduit des simulations d’entretiens de recrutement ou déroule consciencieusement  les tests de personnalités, sans s’offusquer des résultats saugrenus délivrés par l’ordinateur. C’est ainsi que Carole se voit orientée vers le métier de « fauconnier » certainement également pour les besoins du scénario. Ne lâchant rien, elle vit son sacerdoce à fond, sans états d’âmes, son existence étant  centrée  sur le devenir de ses protégées, elle va jusqu’à les  accompagner sur le terrain pour les aider à trouver un stage, ou intercède auprès d’une relation à la C.C.I. locale pour que Carole intègre une formation d’aide à la création d’entreprise.
Quand ses plans échouent, elle sombre alors dans un burn-out, c’est du moins ce que diagnostique son supérieur qui applique mécaniquement la procédure prévue dans ce cas : un accompagnement psychologique suivi d’une réorientation professionnelle. Marithé réagira curieusement, presque satisfaite d’être touchée par une pathologie somme toute « classique » en entreprise, comme si elle était finalement normale.

Toujours dans le contexte professionnel, ce film montre également quelques scènes courantes du monde du travail telles que des situations relationnelles ou managériales ou un départ à la retraite, l’occasion d’offrir des cadeaux mais aussi de danser ce qui semble peu usuel.  Il est aussi l’occasion d’explorer furtivement les arrières cuisines d’un restaurant gastronomique, pour quelques scènes de préparation ou de dressage d’assiette, ainsi que le service en salle sans que l’on y apprenne beaucoup sur cette branche professionnelle.

mercredi 2 décembre 2015

L'Italie au travail dans un livre de photos de Gianni Berengo Gardin (Editions La Martinière)

La photographie n'est pas absente des arts qui immortalisent le monde du travail. Bien que l'image soit figée, elle nous renseigne assez précisément sur le contexte dans lequel s'exercent les métiers et les professions au fil du temps. L'oeuvre de l'italien Gianni Berengo Gardin en constitue un exemple probant. Dans le livre publié par Les Editions de La Martinière il y a quelques années (2005 ?), le monde du travail apparaît dans plusieurs des chapitres de ce très beau volume.


C'est le plus logiquement dans la partie "Travail" que l'on voit des scènes de travaux des champs, telles la récolte des olives en Italie ou les moissons, mais aussi des photos représentant des ouvriers sur des chantiers navals, apparemment en train d’exécuter des opérations de maintenance. Un autre cliché montre un groupe d'hommes se dirigeant en ordre dispersé vers les grues d'un port de commerce, peut-être à l'issue du déjeuner. D'autres images représentent des scènes se déroulant dans les gares ferroviaires. Sur deux photos différentes, c'est l'artisanat qui est mis à l'honneur puisque l'on voit des miches de pain disposées sur des planches, portées par des personnes, dans la rue ; certainement des livreurs. et peut-être en forme de clin d’œil, c'est aussi un photographe ambulant qu'il est loisible d'observer au premier plan d'une prise de vue, tenant dans les mains un appareil en piteux état, alors qu'à l’arrière plan, un écolier en blouse, peut-être son dernier modèle, semble s'échapper sur le trottoir.
Dans la partie "A Venise", on peut voir un facteur arrêté sur la route devant son vélomoteur ou encore des dockers manipulant de lourds câbles destinés à amarrer les bateaux aux bittes du quai, mais aussi des artistes de cirque à l'échauffement, une femme soignant un cheval, des boxeurs, ainsi que des opérateurs de fabrication à l'oeuvre sur des chaînes mécanisées. Le plus surprenant et le plus réaliste réside dans une photo qui montre un policier en civil en train d’arraisonner un malfrat allongé au sol sous l’œil d'agents en uniforme, en pleine rue.
Le chapitre "Femmes", tout logiquement, permet de contempler des ouvrières agricoles au travail ou des femmes dont on ignore le statut, salariées ou épouses d'agriculteurs, qui disposent des écheveaux de fibres sur des tréteaux pour les faire sécher au milieu de la rue d'un village.
Les relations au monde du travail dans le chapitre "Empathie" se limitent à deux scènes de manifestations de rues, menées par ceux qui semblent des ouvriers, dont certains affichent une banderole sur laquelle est inscrite le slogan "No alla cultura dei padroni", c'est à dire "Non à la culture des patrons". Quant à la partie "Paysage", une vue laisse imaginer deux sauniers (ou saulniers) marchant au bord d'un marais salant, portant sur l'épaule leur outil servant à récolter le sel.
C'est très naturellement, du moins chronologiquement, dans la dernière partie du livre, "Vie de province" que Gianni Berengo Gardin nous dépeint la fin de la carrière. Ce sera sous la forme d'un groupe d'hommes âgés, tous revêtus d'un couvre-chef, chapeau ou casquette, assis face au photographe, tournant le dos à l'entrée d'un local au fronton duquel est inscrit "Societa operaia" (société ouvrière). Ce qui laisse penser que ce sont les membres d'un cercle de retraités d'une Société de secours mutuel, comme il en existait beaucoup en Italie. qui se retrouvent quotidiennement pour bavarder, jouer aux cartes, ou passer le temps.

dimanche 15 novembre 2015

Les cuisines d'un grand restaurant dans la série française "Chefs" sur France 2.

Elle a bien raison, Elodie Leroy, elle qui sur son blog égratigne cette série diffusée en février dernier sur France 2 : «  La cuisine, c’est la vie. Mais dans "Chef(s)", elle est plutôt synonyme d’ennui. ». Elle s’en explique ensuite judicieusement : « … on comprend la volonté du réalisateur Arnaud Malherbe et de sa co-scénariste, Marion Festraëts, créateurs de la série, de s’éloigner du fantasme cultivé par les télé-réalités culinaires à la "Top Chef" …». Concrètement, si cette série n’est pas passée inaperçue, elle le doit d’abord à la qualité de sa distribution puisqu'au générique figuraient entre autres Clovis Cornillac et Robin Renucci, ou encore Hugo Becker. Elle a également bénéficié d’excellentes critiques, telle celle de Pierre Langlais sur Télérama, grâce à un scénario qui met en appétit, avec une pointe d’humour, même si l’on peut déplorer la violence de certaines scènes, une violence malheureusement  inhérente à la plupart des séries actuelles.
Mais on peut surtout regretter l’absence de valorisation des métiers de la restauration. A part un épluchage de langoustine ou l’entaillage de châtaignes, en croix, les scènes « professionnelles » se limitent à quelques dressages d’assiettes. Fort heureusement, la préparation d’un pâté à base de chair  humaine ne sera pas montrée, on ne verra que le résultat final sous forme de terrines stockées dans une armoire réfrigérée. Au niveau de la communication interpersonnelle, bien que les sautes d’humeur des grands chefs et l’organisation militaire des brigades en cuisine soient notoires, les échanges entre les collaborateurs ou la hiérérchie s’avèrent extrêmement violents, dans une ambiance quasi carcérale où l’on risque la sanction à tout moment ; là encore, une nécessité certainement due au scénario. Le harcèlement est aussi présent, il prend la forme d’une tentative de « droit de cuissage »  dont sera victime une jeune femme, cuisinier, qui ambitionne de passer « chef de partie ».

Plus d'informations sur la série "Chefs" : sur le site de France 2

mercredi 28 janvier 2015

Sandrine KIBERLAIN en employée de restauration collective dans le film "L'oiseau" (2012)

Dans ce film de 2012 réalisé par Yves Caumon, l'oiseau c'est un peu elle, Sandrine Kiberlain, séparée de son mari, en détresse et quête de sens pour sa nouvelle vie. L'oiseau, c'est un peu aussi son fils, décédé quelques années plus tôt, un événement dont elle se remet avec difficulté; Et c'est surtout le volatile emmuré dans un ancien conduit de cheminée, qu'elle sauvera d'une mort certaine en perçant un trou dans le mur de son appartement. Mais en lui redonnant la liberté, elle le précipitera vers une triste fin sans que l'on puisse en déduire un parallèle avec la tragique disparition de son enfant.
Est-ce dans ce besoin de se reconstruire qu'elle occupe cet emploi dans les cuisines d'un hôpital pour lequel elle ne semble pas expérimentée ? Elle ne parait pas totalement intégrée, les relations entre collègues n'étant au début des plus chaleureuses. Du moins au début, car elles parviennent tout de même à se souhaiter un "bon weekend" un peu plus en avant du film.
Ces cuisines pourraient être celles de n'importe quelle collectivité, puisqu'il n'est jamais question des clients, si l'on n'y préparait du magret à l'orange. Les conditions de travail sont assez réalistes, avec des scènes pendant lesquelles les protagonistes commandent des marchandises ou les sortent des chambres froides où parfois la lumière s'éteint. Les règles de sécurité alimentaire (H.A.C.C.P.) semblent respectées, sauf peut-être pendant les phases de nettoyage.
Le comportement le plus insupportable est celui du responsable ou celui qui semble l'être, qui passe son temps à harceler ses collègues féminines pour obtenir leurs faveurs. Il arrive parfois à ses fins, Anne (Sandrine Kiberlain) l'apercevra de loin en train de consommer son "droit de cuissage" avec l'une des salariées assise sur un plan de travail.
Un comportement qui ne repoussera pas Anne qui, en conclusion de cette fiction, finira par le rejoindre  dans un restaurant qu'il aura repris entre-temps sur le littoral.

Plus d'information sur :
- le film : L'oiseau.
- Sandrine Kiberlain sur ce même blog dans "Mademoiselle Chambon"


samedi 30 août 2014

Précarité dans le nettoyage : "Louise Wimmer", un film de Cyril Mennegun

Le secteur du ménage ou du nettoyage se prête décidément et malheureusement bien à la précarité. Plusieurs films cités dans ce blog déroulent leur trame dans ce domaine d’activité
Pour Louise Wimmer, le travail consiste à faire les chambres d’un hôtel, le matin. Elle ne bénéficie que d’un temps partiel et aimerait faire plus d’heures pour compléter ses revenus. D'autant plus qu’elle n’a pas de logement et qu’elle doit vivre dans sa voiture, une Volvo hors d’âge qu’elle doit maintenir en état à tout prix pour honorer son contrat de travail. La position devient encore plus fragile lorsqu'une jeune et zélée collègue de Louise, interprétée par Marie Kremer,  n’hésite pas à jouer de ses charmes pour s’attirer les faveurs du chef pour faire embaucher sa belle-sœur. Ce que le manager acceptera en commentant en ces termes «  si elle est comme vous, on n’aura pas de problèmes ».
Pour Louise la situation est inextricable : elle a de plus en plus de mal à conserver le niveau d'hygiène nécessaire à son emploi, et s'arrange en "empruntant" des savons ou des produits alimentaires destinés au petit-déjeuner dans la réserve de l'hôtel ou profitant de la douche du foyer où elle assure des missions de baby-sitting qui lui assurent un complément de revenus. Elle développe un esprit d'adaptation, compte sur quelques rencontres : la gérante d'un bar qui l'héberge et fait office de poste restante et l'un des clients de ce bar qui aide Louise à réparer sa voiture, et qui l'accompagnera dans la scène ultime du déménagement vers l'appartement qu'elle obtiendra finalement.
Entre-temps, elle aura dû vivre quelques moments pathétiques : abandonner son mobilier resté dehors chez son ex, ou entendre sa fille lui annoncer qu'elle s'installe avec son petit ami, alors qu'elle même est à la rue. Le tout est traité sans tomber dans le mélodramatique mais tout en retenue, et là réside certainement tout le talent du réalisateur, Cyril Mennegun, et sans conteste celui de l'époustouflante Corinne Masiero dans le rôle de Louise.
Dans le registre du monde professionnel puisque c'est celui qui nous intéresse, quelques scènes montrent Louise au travail avec sa collègue Séverine (Marie Kremer) ou avec le manager de l'hôtel. Ce dernier est exigeant sans être tortionnaire, mais contestera les heures supplémentaires déclarées par Louise mais sans que l'on sache si c'est elle qui gonfle son crédit où si c'est le responsable qui rechigne à lui régler.
Cet excellent film a été sélectionné à 30 reprises dans différents festivals à travers le monde et a obtenu le César du meilleur premier film (2013) et le Prix Louis-Delluc du meilleur premier film (2013)

lundi 18 février 2013

Le travail dans les arrières cuisines d’un palace parisien après la guerre : Les caves du Majestic, film de Richard Pottier (1945)


D’un point de vue purement cinématographique, il n’est pas certain que cette version de l’un des romans policiers de Georges Simenon passe à la postérité, elle offre cependant un portrait original  du commissaire Maigret. Le célèbre policier, interprété cette fois par Albert Préjean, est tout autre que l’enquêteur posé et réfléchi qu’il est donné de voir habituellement : ici, il n’hésite pas à séduire, à se faire passer pour un truand, à faire le coup de poing, et même à mettre sur pied un jugement de Salomon, autour d’un dîner où il rassemble le père putatif d’un enfant et son père naturel.
Sur les conditions de travail dans les bas-fonds des palaces parisiens, un métier spécifique est identifié, celui de « cafetier », dont la tâche consiste à préparer les boissons chaudes à toute heure de la journée. Il commence très tôt, dès 6 heures du matin, afin de préparer les petits déjeuners, et doit pointer, comme à l’usine. Le retard d’une dizaine de minutes de Donge, l’un de ces cafetiers, sera d’ailleurs l’un des éléments déterminants dans l’enchaînement des faits, le matin du crime.

Pendant la journée, c’est par un système pneumatique que les commandes sont adressées à Ramuel,  le contrôleur du Majestic, une espèce de surveillant général cloitré derrière un bureau vitré d’où il peut tout observer. Il les transmet lui-même au personnel des cuisines ou à Donge, qui tient ses cafetières et chocolatières au chaud, dans le four d’une cuisinière. La journée se termine tardivement, car bien que l’on soit loin des conditions de travail d’avant-guerre décrites par Georges Orwell dans « Dans la dèche à Paris et à Londres » dont nous parlerons prochainement, la semaine de 35 heures n'est pas à l'ordre du jour.
Dans "Les caves du Majestic", ce film de Richard POTTIER, et parmi les autres métiers spécifiques de ces grands hôtels de l'époque, largement occupés par des résidents permanents, il faut aussi noter celui de danseur. Parfois appelé "taxi boy", dont le rôle était de distraire les femmes laissées seules par leurs maris éloignés de la capitale par un voyage d'affaires, ou partis rejoindre leurs maîtresses à deux pas d'ici. 
Le roman de Georges Simenon devrait nous apprendre plus sur les conditions de travail de l'époque dans le secteur de l'Hôtellerie-restauration.