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mercredi 2 décembre 2015

L'Italie au travail dans un livre de photos de Gianni Berengo Gardin (Editions La Martinière)

La photographie n'est pas absente des arts qui immortalisent le monde du travail. Bien que l'image soit figée, elle nous renseigne assez précisément sur le contexte dans lequel s'exercent les métiers et les professions au fil du temps. L'oeuvre de l'italien Gianni Berengo Gardin en constitue un exemple probant. Dans le livre publié par Les Editions de La Martinière il y a quelques années (2005 ?), le monde du travail apparaît dans plusieurs des chapitres de ce très beau volume.


C'est le plus logiquement dans la partie "Travail" que l'on voit des scènes de travaux des champs, telles la récolte des olives en Italie ou les moissons, mais aussi des photos représentant des ouvriers sur des chantiers navals, apparemment en train d’exécuter des opérations de maintenance. Un autre cliché montre un groupe d'hommes se dirigeant en ordre dispersé vers les grues d'un port de commerce, peut-être à l'issue du déjeuner. D'autres images représentent des scènes se déroulant dans les gares ferroviaires. Sur deux photos différentes, c'est l'artisanat qui est mis à l'honneur puisque l'on voit des miches de pain disposées sur des planches, portées par des personnes, dans la rue ; certainement des livreurs. et peut-être en forme de clin d’œil, c'est aussi un photographe ambulant qu'il est loisible d'observer au premier plan d'une prise de vue, tenant dans les mains un appareil en piteux état, alors qu'à l’arrière plan, un écolier en blouse, peut-être son dernier modèle, semble s'échapper sur le trottoir.
Dans la partie "A Venise", on peut voir un facteur arrêté sur la route devant son vélomoteur ou encore des dockers manipulant de lourds câbles destinés à amarrer les bateaux aux bittes du quai, mais aussi des artistes de cirque à l'échauffement, une femme soignant un cheval, des boxeurs, ainsi que des opérateurs de fabrication à l'oeuvre sur des chaînes mécanisées. Le plus surprenant et le plus réaliste réside dans une photo qui montre un policier en civil en train d’arraisonner un malfrat allongé au sol sous l’œil d'agents en uniforme, en pleine rue.
Le chapitre "Femmes", tout logiquement, permet de contempler des ouvrières agricoles au travail ou des femmes dont on ignore le statut, salariées ou épouses d'agriculteurs, qui disposent des écheveaux de fibres sur des tréteaux pour les faire sécher au milieu de la rue d'un village.
Les relations au monde du travail dans le chapitre "Empathie" se limitent à deux scènes de manifestations de rues, menées par ceux qui semblent des ouvriers, dont certains affichent une banderole sur laquelle est inscrite le slogan "No alla cultura dei padroni", c'est à dire "Non à la culture des patrons". Quant à la partie "Paysage", une vue laisse imaginer deux sauniers (ou saulniers) marchant au bord d'un marais salant, portant sur l'épaule leur outil servant à récolter le sel.
C'est très naturellement, du moins chronologiquement, dans la dernière partie du livre, "Vie de province" que Gianni Berengo Gardin nous dépeint la fin de la carrière. Ce sera sous la forme d'un groupe d'hommes âgés, tous revêtus d'un couvre-chef, chapeau ou casquette, assis face au photographe, tournant le dos à l'entrée d'un local au fronton duquel est inscrit "Societa operaia" (société ouvrière). Ce qui laisse penser que ce sont les membres d'un cercle de retraités d'une Société de secours mutuel, comme il en existait beaucoup en Italie. qui se retrouvent quotidiennement pour bavarder, jouer aux cartes, ou passer le temps.

mardi 3 mars 2015

La condition de cheminot dans les années 30 dans le film de Jean Renoir "La Bête Humaine" (1938)

C’est une adaptation très épurée de l’œuvre de Zola que nous proposait Jean Renoir en 1937, et comme l’écrit Marine Landrot dans Telerama (N° 3398 du 25/02/15) « contre toute attente, il élude le naturalisme du roman et se consacre à l’évocation du dilemme amoureux de Lantier ». Le cinéaste transpose également le récit dans un contexte contemporain et c’est donc le monde de la S.N.C.F., à peine constituée par la toute récente nationalisation des chemins de fers de l’Etat qui sert de support à cette « Bêtehumaine ».
Lantier (Jean Gabin) est mécanicien d’une locomotive affectueusement surnommée "la Lison" qui roule sur la ligne Paris-le havre. A l’époque, le mécanicien, responsable de sa machine, est assisté d’un chauffeur qui est chargé d’alimenter le foyer en charbon afin que la pression de la chaudière ne descende pas. Le travail est dur, il s’effectue dans la chaleur, la poussière et la fumée, et requiert une vigilance de tous les instants pour éviter que le train ne déraille en heurtant un animal qui divaguerait sur la voie. C’est ainsi que Lantier et son adjoint Pecqueux (JulienCarette) racontent comment ils ont percuté une vache, heureusement sans dommages, bien que le cuir de cet animal présente un réel danger par sa très grande résistance. Cette conversation intervient avec des collègues cheminots dont l’un d’eux tient dans ses mains une perdrix qu’il est allée ramassée le long de la voie après que leur locomotive l’ait percutée. Un exercice réalisé sans que la machine ne soit arrêtée, ce qui nécessite de courir le long des rails et semble constituer une pratique courante à l’époque mais déconseillée par Pecqueux, le chauffeur, par le danger qu’elle présente.
Entre deux trajets ou bien en cas d’avarie, les cheminots résidents dans des logements situés à proximité de la gare. Dans les chambres, partagées par les équipages, le lit du mécanicien et celui du chauffeur sont indiqués à l’aide  d’une pancarte, respectant ainsi une certaine hiérarchie, tandis que les repas sont pris dans une cuisine commune où chacun mitonnne ses petits plats sur des réchauds prévus à cet effet.
Le statut de ces salariés revêt un caractère particulier, puisqu’il semble qu’ils doivent « payer » leur consommation de charbon (et d'huile ?), ou qu’ils soient pénalisés en cas d’excès, de même que la casse d’une pièce peut leur être financièrement imputée.