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samedi 23 mars 2024

"Toni Erdmann" : le monde du conseil et de l'audit international dans un film allemand de 2016 avec Sandra HULLER


Bien avant d'être remarquée pour sa magnifique interprétation dans le multi-primé "Anatomie d'une chute", l'actrice allemande Sandra HULLER interprétait le rôle principal dans le film "Toni Erdmann" en 2016.

C'est l'histoire, plutôt originale, d'un père qui se rend compte que sa fille, consultante pour une grand cabinet international, occupe un poste important empreint de responsabilités, mais que sa vie est insipide.  A l'occasion de l'anniversaire de sa grand-mère maternelle, son père la surprend en train de feindre une conversation téléphonique à caractère professionnel. Elle mène une existence totalement fausse, soumise au monde sans pitié du capitalisme. Quand ce n'est pas elle-même qui instaure une pression, certes sans violence, à sa collaboratrice. Elle lui demandera par exemple de lui prêter son chemisier pour assurer une présentation devant un important client puisqu'elle a tâché le sien de sang. 

Ines Conradi est donc une consultante de haut vol, expatriée à Bucarest, qui cherche à convaincre une grosse compagnie pétrolière américaine de se restructurer, ici en Roumanie, avec à la clé des suppressions de postes, ce qui ne lui pose aucun cas de conscience. 

L'aspect professionnel tel qu'il est décrit demeure plausible, les journées d'Ines sont ponctuées de réunions animées à l'aide de présentation vidéoprojetées, de visites de sites industriels, de réception en ambassades, et de négociations. Inès est très investie dans sa mission, elle cherche à évoluer et doit normalement prendre un poste plus important en Chine. Elle en paie le prix fort puisqu'elle ne relâche jamais la pression et ne laisse jamais rien au hasard, elle cherche régulièrement à s'évaluer et bénéficie même de l'apport d'un coach extérieur. Les luttes de pouvoir entre les différents collaborateurs est perceptible, cependant, il semble que tous soient très vigilants au respect de l'égalité et de la diversité. Le sexe et la drogue font bien sûr partie de cet univers, comme tout le reste, ils semblent programmés, organisés comme toute la vie de ces businessmen.

Son père interviendra tel un chien dans un jeu de quilles dans ce contexte de mondialisation, et aidera sa fille à ouvrir les yeux sur le peu de moralité de sa fonction, en comprenant que tout n'est pas si manichéen. Ce sera l'occasion de scènes plutôt drôles bien que peu réalistes. Inès finira par organiser une réunion dans sa suite où elle demandera à ses collègues, sa collaboratrice et son responsable de venir nus. Ce que la plupart exécuteront, pris par l'aveuglement inhérent à ce monde sans foi ni loi.

Le film a bénéficié d'un excellent accueil au Festival de Cannes (2016) au cours duquel il a obtenu le Prix de la critique internationale.


lundi 1 mai 2017

Le coaching managérial dans "Le coach", un film de Olivier Doran (2008)

"Le coach", film de 2008 de Olivier Doran respecte les codes de la comédie à la française qui n'a pas vraiment évolué depuis "La grande vadrouille" : deux individus qui n'auraient jamais dû se rencontrer, aux profils diamétralement opposés, finissent par trouver un intérêt commun et collaborent pour se sortir d'une situation qui s'annonçait pour chacun d'eux, très compliquée. Le premier des deux en l'occurrence, c'est un coach professionnel, addict au jeu, qui fuit un créancier à qui il doit une forte somme d'argent. Le second, cadre dans une entreprise, doit son poste et ses responsabilités à un quiproquo : il a été embauché parce qu'il porte le même nom que le neveu du Président du groupe, ce qu'il n'a jamais démenti afin de profiter de la situation.
Face à l'enjeu que représente la signature d'un important contrat avec un client chinois, Monsieur Hu, et en raison des insuffisances de Patrick Marmignon, la direction d'ILB sollicite Maxime Chêne pour coacher ce manager qui présente une trop grande empathie avec son équipe et un manque criant d'autorité.
Au cours des péripéties accompagnant l'hypothétique signature du contrat au cours de revirements qui ne sont pas sans rappeler les sautes d'humeur de Monsieur De Mesmaeker dans Gaston Lagaffe, la bande dessinée de Franquin, le consultant distillera au cadre supérieur de précieux conseils basés entre autres sur la P.N.L. (Programmation Neuro Linguistique) pour l'aider à s'affirmer. Le résultat sera probant, le client acceptera finalement de confier le projet à I.L.B., soit la réalisation en France d'un bâtiment commercial de grande ampleur.
Si, dans cette comédie, les techniques utilisées par le coach restent plausibles, la crédibilité du contexte professionnel est dû, avant tout aux talents des 2 principaux comédiens, Jean-Paul Rouve en "coaché" et Richard Berry, qui évitent de faire tomber le film dans la caricature bien que parfois, le côté comique ne parvienne pas à gommer totalement l'invraisemblance de certaines situations. Le dénouement final, par exemple, manque totalement de réalisme, ce qui n'est pas il est vrai la principale caractéristique dans ce genre cinématographique.
Quelques fonctions auraient mérité un peu plus de profondeur, telle celle du collègue jaloux et envieux qui met des bâtons dans les roues des héros de cette fiction, et c'est surtout celle de la D.R.H. qui est ici réduite au rôle de faire valoir au service de l'intrigue, et dont la principale qualité réside dans un physique avantageux. Si sur le plan de l'entreprise, les apports sont limités, "Le coach" reste un film divertissant.
La bande annonce du film :



jeudi 29 décembre 2016

L'addiction aux jeux électroniques au travail dans "Fantaisie Héroïque" une chanson de Juliette .

L'allusion est fugace et ne sert finalement que l'intérêt de sa chanson en lui offrant un dénouement inattendu, et ne traite aucunement des comportements addictifs au travail, en l’occurrence le jeu sur ordinateur. Juliette, puisqu'il s'agit d'elle, auteure, compositeur et interprète, elle même fan de "gaming", dans Fantaisie Héroïque, un titre de son album "Mutatis Mutandis (2005) se lance dans une suite d'aventures où elle endosse les habits de "l'aventurière qui doit sauver le monde", et combat aux côtés d'Ad'arana la blonde, fille d'elfe et guerrière, et de "Gaëlan demi orque, au trois quart magicien". Pour finir par être réveillée par la D.R.H. qui lui promet un licenciement sur le champ si elle continue à se perdre dans ses jeux électroniques !

Source documentaire : Management - Arts et Métiers (David ABIKER) - Octobre 2016


dimanche 12 juin 2016

La fonction Ressources Humaines égratignée dans la chanson "D.R.H." d'Anaïs (2014).

Adepte de la parodie et de "la chanson incarnée" (wikipedia), la chanteuse Anaïs s'est essayée en 2014 à une critique en règle du Directeur des Ressources Humaines. Les paroles de ce titre avaient à l'époque, provoqué de nombreuses réactions à charge et à décharge. Sur bien des points, on ne peut que lui donner raison, au grand regret de ces spécialistes des Ressources Humaines qui ambitionnent de développer de la Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences, mais qui doivent effectivement plutôt répondre à des objectifs de mise en adéquation des effectifs avec les impératifs de production, en encaissant les effets de la mondialisation. En conséquence, donc, " ils appliquent à la lettre des ordres venus d'ailleurs" mais leur reprocher de "brasser de l'air" ou de jouer avec "la hache de guerre" est certainement bien plus discutable.
Chacun pourra se faire une opinion ou participer au débat en consultant par exemple, les sites suivants :
Pour consulter l'intégralité du texte de la chanson : DRH sur Paroles.net


















dimanche 15 février 2015

Les conséquences humaines des fusions d’entreprises dans le livre de Sandro Veronesi « Chaos calme » (2005)

#01 L’impact des fusions d’entreprises sur les organisations et les salariés

Une fois de plus, l’entreprise n’est pas le cadre de l’intrigue de ce roman italien qui a remporté le prix Strega en 2006 et qui a ensuite été porté à l’écran par Antonello Grimaldi, avec dans le rôle-titre, l’un des acteurs transalpins les plus réputés, Nanni Moretti.  Ce serait même plutôt le contraire puisque, justement, le personnage principal délaisse son emploi de cadre supérieur au sein d’une multinationale sur le point d’imploser sous le coup d’une fusion, et décide que "son travail sera de ne plus travailler". En effet, le quadragénaire qui vient de perdre son épouse, accompagne sa fille Claudia le jour de la rentrée scolaire, et décide à l’improviste, de rester  à l’attendre toute la journée dans son véhicule, devant l’école.
Le lendemain et les jours suivants, il recommence. Ses collègues viennent successivement lui  rendre visite dans ce bureau improvisé, sa grosse « Audi A6 3000 » stationnée chaque matin devant l’école que fréquente sa fille. Un jour c’est Enoch, le chef du service du personnel qui vient s’épancher auprès de Pietro sur la fusion en cours. Il lui remet les 3 feuillets qu’il a dactylographiés le matin même à 5 heures du matin, et dans lesquels il a mis « tout ce qu’il avait sur le cœur » (Cf ci-dessous paragraphe #02).
Au travers du point de vue de ce DRH, curieusement affublé du titre de « Chef du service du personnel », Sandro Veronesi dresse une analyse remarquable, il synthétise très précisément les conséquences structurelles et humaines des fusions d’entreprises. Sans militantisme aucun, il met en exergue la valeur du capital humain de l’entreprise et sa capacité à générer de la valeur. Il décrit avec une acuité quasi-scientifique les répercussions sur les salariés de ces regroupements de multinationales ainsi que les pathologies qu’ils risquent de développer par une somatisation de leur stress et de leur mal-être. Il s’attache aussi à relever les conséquences humaines sur les organisations, avec une disparition de la culture d’entreprise et de la confiance, et sur le plan sociologique, une perte du plaisir de travailler en équipe avec ses collègues qui deviennent de véritables rivaux. Et de conclure par le constat d’une perte de compétences de l’entreprise et de l’échec irrémédiable de ces méga-fusions.
Situées au 1er tiers de ce livre, cette approche d’un des aspects des conditions de travail n’y occupe qu’un plan secondaire, et pourrait même sembler incongrue par rapport à l’intrigue. Le travail extrêmement documenté de l’auteur, étrangement renforcé par la mise en gras des termes ou idées importants, en insuffle toute la valeur.


#02 L’analyse du chef du service du personnel
Les 3 feuillets remis par Enoch à Pietro commencent par sa définition des fusions :
« Qu’est-ce qu’une fusion ? Une fusion est le conflit de deux systèmes de pouvoir qui en crée un troisième pour des finalités financières. Elle est conçue pour générer de la valeur, mais la génération de valeur est un concept bon pour les actionnaires, ou pour les banques d’affaires, pas pour les êtres humains employés dans les entreprises, pour qui au contraire la fusion est le plus violent traumatisme qu’on puisse leur infliger au travail. Une fois qu’on a  trouvé l’accord sur la transaction, ce qui n’est pas facile, on a tendance à croire que le plus gros est fait. Cette conviction découle de la sous-estimation que le monde de l’économie réserve au facteur humain et, plus généralement, à la psychologie. Mais c’est une erreur. Les principaux problèmes dans une fusion ne sont pas liés au document qui la sanctionne. »
La lecture de la note écrite en Arial reprend : « Avant les chiffres, en effet, une entreprise est faite par les hommes qui y travaillent, c’est-à-dire par ses salariés, et après l’annonce d’une fusion la réaction de tout salarié à tout niveau est l’incertitude. A qui dois-je me fier ? Qu’est-ce qui m’attend ? Va-t-on me garder ou me renvoyer à la maison ? Mes fonctions vont-elles changer ? Comment mes problèmes seront-ils résolus ? Réussirai-je à garder les privilèges que j’avais conquis ? Aucun ne se soucie de génération de valeur tant que la nouvelle organisation n’aura pas répondu à ces questions, en lui garantissant une nouvelle légitimité. Pendant une fusion, il faudrait parler avec les salariés, les informer et les tenir au courant le plus souvent possible ; le salarié a besoin de confiance, de sentir qu’on ne le considère pas seulement comme un pion ; on lui réserve en revanche un discours-standard, pondu une fois pour toutes par quelques conseillers en communication interne, qui a pour tout effet d’augmenter ses inquiétudes. Ces déclarations aseptisées sur de futures synergies qui ne touchent pas le personnel sont pure hypocrisie puisque tout le monde sait que la seule garantie concrète pour générer de la valeur sur les marchés est une réduction des coûts de l’entreprise, et les réductions de coûts sont réalisées à  80 % par des compressions de personnel. »
Pietro passe alors à la deuxième page : « Ainsi les salariés pendant une période de fusion entrent ils dans une zone de constantes turbulences. Il s’agit d’une période assez critique qui peut durer très longtemps et pendant laquelle le sentiment dominant est l’angoisse. Une angoisse qui, si on la néglige, d’individuelle peut devenir collective ou même se transformer en panique ; l’expérience au contact avec le personnel pendant une fusion enseigne que l’impact est double. Au plan physique, la machine humaine tend à sentir davantage de stress et de fatigue et à accentuer toutes les propensions naturelles à la somatisation, avec une augmentation sensible des allergies, troubles respiratoires, cystites, migraines, dermatites, et, chez les femmes, candidoses, aminorrhées (sic) et dysminorrhées (sic) ; tandis qu’an plan psychologique, les esprits sont envahis par l’incertitude, tout événement suscite des émotions anxiogènes telles que la peur, l’angoisse, le découragement et la frustration qui, à leur tour produisent de graves symptômes de dépression, d’autant plus graves que les personnes concernées sont instinctivement poussées à les refouler car elles appartiennent à une culture de pure performance, où l’existence de ce genre de troubles est tout simplement inconcevable. »

Après avoir fait remarquer à Enoch son erreur sur l’orthographe de « aménorrhées » et « dysménorrhées » que celui-ci s’empresse de corriger, Pietro reprend le fil de sa lecture :
« Cet impact est plus dévastateur pour la tranche d’âge entre quarante et cinquante ans, quand le potentiel d’adaptation est inférieur et que le risque de perdre au change est beaucoup plus élevé. On a l’impression de régresser, on perçoit un sentiment d’injustice. Le traumatisme à absorber est énorme : on était attaché à une culture d’entreprise, à une équipe, à des collègues avec qui on travaillait avec plaisir, dans un esprit de corps. Quand on se retrouve en face des autres, c’est dur. Même s’il est précisé d’entrée de jeu que ce sont eux les « victimes », il s’agit bien de l’ennemi qui se matérialise. Hier encore, on était en rude compétition avec eux, soudain, les voici qui pénètrent notre environnement. On se sent envahi, ne serait-ce que physiquement et on ressent le désir de les envoyer balader, de leur dire qu’on s’en sortait très bien sans eux. Et au contraire, il faut travailler ensemble, et le choc est grand ; on a vu des cadres provenant d’entreprises classiques, où les titres et la hiérarchie sont sacrés na pas réussir à supporter de participer à des groupes de travail avec du personnel provenant de l’autre entreprise, de rang hiérarchique nettement inférieur, au nom d’une compétence commune contingente. »

Arrivé à la fin de cette deuxième page, Pietro se demande si Enoch ne cherche pas finalement à le mettre mal à l’aise en lui soumettant ce texte, pour lui rappeler qu’il peut lui aussi devenir chômeur, lui, Pietro, déjà affaibli par le récent deuil. Il enchaîne avec la lecture  du dernier feuillet :
«  C’est une situation très déstabilisante, et seulement trois catégories de personnes réussissent à le supporter : les fidèles des fidèles, ceux qui tournent leur veste et les collabos. Tous les autres risquent de sombrer. Il faut développer une grande résistance, physique et psychologique, pour ne pas s’écrouler et rares sont ceux qui y parviennent sans une assistance appropriée. Mais une telle assistance n’existe pas. Alors, la conséquence la plus courante est que pendant les fusions, un grand nombre d’excellents éléments quittent volontairement leurs fonctions, avant même que la fusion soit achevée ; ce qui à courte vue, est reçu positivement car l’étape suivante de la compression de personnel est allégée d’autant, alors que cela représente au contraire une perte sèche. Car les hommes et les femmes qui partent emportent avec eux leur savoir et leurs capacités techniques et en comparaison de la valeur virtuelle créée sur les marchés, le résultat réel est un terrible appauvrissement. Voilà pourquoi on n’a encore jamais vu de grande fusion ne pas échouer nom de Dieu, au bout d’un an ou deux. »

Caos calmo (Edition originale - Bompiani) – Sandro Veronesi.

Chaos calme (Edition française - Bernard Grasset) – Sandro Veronesi - Traduction de Dominique Vittoz avec le concours du Centre National du Livre.




dimanche 25 mai 2014

Les "grands" philosophes dans une "boîte de com", Platon la gaffe, une BD de Jul et Pépin,

L'idée est intéressante et propice à la "rigolade", imaginer les philosophes les plus réputés à différentes postes d'une agence de communication, la Cogitop. C'est le pari audacieux de Jul (dessin) et Charles Pépin  (scénario) qui ont créé cette BD, "Platon la gaffe, Survivre au travail" dans laquelle Kévin Platon, un élève de 3ème en stage de découverte, côtoie Montaigne, en période "d'Essais", Karl Marx, délégué syndical, bien évidemment, Foucault le responsable de la vidéosurveillance, Thérèse d'Avila la secrétaire de direction ou encore Nietzsche un Directeur des Ressources Humaines ... un peu trop humaines.
Le collégien pourra aura l'occasion de "s'interroger sur les limites de l'open Space" ou sur "l'identité d'un PDG, Jean-Philippe ... Dieu, que personne ne voit", émaillant ce parcours initiatique, qui en fait, comme l'écrit le magazine Management (N° 215 - Janvier 2014), un "mélange de blagues potaches et de culture classique à prendre au 1er comme au 8ème degré", propre à "s'initier à la philo" ou "pour rire du quotidien au bureau".

Platon la gaffe, Survivre au travail avec les philosophesJul et Charles Pépin - Dargaud - 19,99 €.



dimanche 9 mars 2014

Harcèlement en entreprise dans la série "Boulevard du Palais" (France 2)

Boulevard du Palais est une série policière française diffusée depuis 1999. Elle met en scène des personnages récurrents, aux personnalités bien trempées, qui gravitent autour de la "petite juge" Nadia Lintz interprétée depuis l'origine par Anne Richard.
 Jean François Balmer, dans le rôle du Commandant de police judiciaire Rovère, devenu alcoolique suite à des accidents de la vie, est l'autre personnage principal. Il  est assisté de l'inspecteur Di Meglio (Philippe Ambrosini ) et d'un médecin légiste poète et philosophe à ses heures, Hannibal Pluvinage, dont les habits sont endossés par l'excellent Olivier Saladin. C'est lui qui au détour d'un échange donnera l'explication de l'intitulé du titre de cet épisode, "trepalium" qui désignait un engin de torture et dont le mot "travail" tire son étymologie. Car c'est dans le monde de l'entreprise que se déroule l'action de ce nouvel opus, avec pour point de départ, le suicide d'un cadre de TSA, Patrick Bello, qui adopte une manière originale, puisqu'il précipite l'automobile dans laquelle il a pris place contre un obstacle dans un atelier de bancs de tests de sécurité situé au sous sol de l'entreprise.
L'intrigue prendra un tour inattendu, puisque l'on découvrira finalement après un second suicide requalifié en homicide, que la dirigeante était en train de vendre l'entreprise qui compte 124 salariés à des concurrents allemands. C'est pour cette raison que, avec la complicité de son DRH, Chauvel, elle a "spolié" Bello d'un logiciel qu'il avait développé qui aurait pu entraver la cession. Le cadre, ne comprenant pas ce qui lui arrive glissera dans une spirale dépressive, bien entretenue par Chauvel qui ira jusqu'à le harceler, lui reprochant son poids, son âge  et même son hygiène en allant jusqu'à lui offrir du déodorant. Cette facette du harcèlement en entreprise semble la moins réaliste car la pression conduisant à une extrémité fatale est généralement plus sournoise. Elle est cependant assez bien décrite dans la première partie de l'épisode, notamment au travers des témoignages des différents personnages.
Son épouse d'abord, effondrée à l'annonce de la terrible nouvelle, qui se rendait compte que "son boulot le vidait de l'intérieur, on lui en demandait trop ou on ne lui demandait rien" ou son fils qui ajoute "il ne parlait pas de son boulot". Le discours du DRH est bien entendu teinté de mensonge, mettant le geste fatal du cadre sur le compte "d'une passe difficile, d'une inaptitude provisoire", mais l'entreprise ne lui en tiendra pas rigueur alors que "d'autres ne se seraient pas gênés pour le virer". Les dirigeants de l'entreprise évoquent aussi  "des difficultés dans le couple" ainsi que "des rumeurs de relation avec une fille", une des anciennes salariées, elle aussi victime de pressions, et qui avait été licenciée "pour abandon de poste", mais après qu'un mél d'insultes ait été adressé à sa patronne depuis son poste informatique. C'était en fait le résultat d'une première manipulation du DRH.
La position du médecin du travail est plus ambiguë. Il est d'abord difficile de comprendre où elle se situe physiquement, tant elle semble impliquée dans l'entreprise. Les permanences régulières qu'elle assure au sein de  l'établissement et qui génèrent cette impression sont très éloignées de la réalité. Elle expliquera "les troubles du sommeil" de Patrick Bello par la pression infligée par "la nouvelle stratégie de l'entreprise", et déplorera le manque de communication qui se traduira entre autres par le "remplacement de la machine à café par des cafetières individuelles disséminées dans les bureaux". A l'issue du premier décès elle sera bien sûr partie prenante de la cellule psychologique constituée avec Chauvel, un DRH décidément machiavélique qui introduira un logiciel mouchard dans le poste informatique de la thérapeute et qui fera aussi chanter sa patronne.
Les héros de la série de France Télévision ont sur ce petit monde un regard distancié mais peu critique, restant dans leur rôle. La" petite juge" rappellera la difficulté de "prouver le harcèlement" dans ce genre d'affaires, alors que Pluvinage confirmera les troubles du sommeil de Bello, qui "carburait aux calmants et somnifères". Le commandant Rovère se limitera à observer que le DRH "n'est pas submergé par les rendez-vous" mais la fille adoptive du policier montrera toute l'incompréhension dont souffrent les victimes de harcèlement car elle ne comprend pas que l'on puisse "se foutre en l'air parce qu'on est pas capable de dire non à un chefaillon".
C'est l'inspecteur Di Meglio qui sera le plus mordant, fidèle à son habitude, se lâchant d'un commentaire peu amène à l'attention du médecin du travail : "votre paie vient des cotisations patronales". La réalité n'est pas aussi simple, même si la médecine du travail est plutôt au service des employeurs, ce que les salariés ont du mal à comprendre. Ceux-ci se lamentent souvent du peu de profondeur des diagnostics des médecins du travail, mais ils ne doivent pas oublier que la mission de ces derniers lors des visites médicales n'est pas de contrôler la santé du personnel, mais de vérifier son aptitude. Dans le cas contraire, c'est le licenciement qui guette ...
En résumé, cet épisode reste assez réaliste,  seules quelques concessions imposées par le scénario nous éloignent des conditions réelles de l'entreprise, à l'exemple du comportement du DRH. Il rappelle sous certains aspects un épisode le la série "La crim" traité dans cet article de notre  blog ou "Seule", cet excellent téléfilm qui fait l'objet de l'article le plus lu de ce blog.


dimanche 3 mars 2013

Séance de lecture à la bibliothèque Oscar Wilde : Le monde du travail dans le théâtre contemporain


Libération s'est fait l'écho de cette séance de lecture de morceaux choisis ayant en commun de traiter des conditions de travail dans le théâtre, qui s'est tenue dans le XX ème arrondissement de Paris à la bibliothèque Oscar Wilde  C'est d'abord une lecture du texte "Au boulot" qui fait référence à l'entretien d’embauche ou d’un patron qui se jette par la fenêtre, de licenciements, du cloisonnement des services ... Puis c'est au tour de du suisse Urs Widmer d'être à l'honneur avec sa pièce "Top Dogs" qui évoque également les licenciements "de gens bien", puis Oriza Hirata, auteur japonais dont on lit des extraits de "La hauteur à laquelle volent les oiseaux" qui traite entre autres de qualité dans une usine.
Enfin c'est "Made in china" de Thierry Debroux qui parachève ce florilège de lectures, et qui met en scène un recruteur, Lisa, confrontée à des candidats.

Plus d'informations sont disponibles dans l'article de Libération ou sur le site de la bibliothèque Oscar Wilde.


samedi 10 novembre 2012

Table-ronde/débat "DRH & Cinéma : une profession au banc des accusés ?" à l'IGS le 14 novembre 2012

Le Groupe IGS est une école en management,  gestion des ressources humaines, commerce, marketing ...basée sur le concept d’Université Professionnelle Internationale. Elle dispose d'un CFA qui propose des cursus en apprentissage. Un groupe de 22 apprentis du CFA IGS en Cycle Master Pro 2 « Ressources Humaines » a participé à une étude menée depuis un an sur la vision du rôle du DRH, le Directeur des Ressources Humaines, qu'offre le cinéma.

Les résultats de ces travaux seront présentés le 14 novembre prochain au cinéma "L'Archipel", 17 Boulevard de Strasbourg - Paris 10 ème, sous forme d'un court-métrage, suivi d'un débat auquel participeront entre autres le romancier et réalisateur Gérard Mordillat dont nous parlerons prochainement dans ce blog au sujet du téléfilm "Les vivants et les morts" et le journaliste David ABIKER. Ce dernier a d'ailleurs vanté sur son blog la qualité de nos publications à partir desquelles il se soit semble-t-il documenté pour préparer son intervention. Un honneur qui nous est fait tant nous apprécions la passion, l'esprit et la  truculence de ce chroniqueur.

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