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dimanche 27 décembre 2015

Le recyclage d’appareils électroniques dans un ESAT dans le film "Superstar" de Xavier Giannoli (2012)

"Superstar" pourrait faire l'objet d'une étude sur les conditions de travail dans le monde impitoyable de la télévision et plus encore sur les relations interpersonnelles épouvantables et la manipulation dont sont victimes ou coupables les producteurs et les divas du  petit écran et leurs collaborateurs. Le sujet, improbable mais interpellant, est celui de Martin Kazinski, un anonyme qui, à cause des réseaux sociaux, est projeté sur le devant de la scène, sans que l'on sache pourquoi et comment cette célébrité involontaire ait commencé. La réflexion proposée par le réalisateur réside dans la puissance et la dangerosité des nouveaux médias, et leur capacité à fabriquer des stars totalement artificielles et éphémères.
C'est sous l'angle de l'entreprise industrielle que nous l'évoquerons, même si cette partie est la plus réduite dans ce film de Xavier Giannoli de 2012. Au tout début, avant de devenir « l'homme qui ne voulait pas être célèbre », Martin est ouvrier dans une entreprise dont l'activité est de «désosser» des appareils électroniques afin de les recycler. Avec une particularité puisque, sans que l'on sache s'il s'agit d'un E.S.A.T.  (Etablissement et Service d'Aide par le Travail), les salariés sont composés en partie de travailleurs  handicapés, déficients mentaux. Martin est très proche d'eux, plus encore d'un jeune trisomique qui ne traite que la touche «x» des claviers d'ordinateurs, cette proximité permet au réalisateur d'appuyer un peu plus sur la superficialité du monde de la télévision comparé à celui d'une entreprise industrielle, dont les ouvriers sont même improprement qualifiés de «débiles légers» au milieu du film.
Il est à noter que ces salariés portent des tenues très ressemblantes à ceux de Bretagne Ateliers, une entreprise adaptée dont nous avons parlé dans ce blog (Comment Bretagne Ateliers gère ses compétences), et qui semble poursuivre son activités après avoir subi les affres de la crise automobile de ces dernières années.

samedi 2 avril 2011

Comment Bretagne Ateliers gère ses compétences : un documentaire de France 5 sur l'intégration des travailleurs handicapés

© Camera Lucida
Bretagne Ateliers est un sous-traitant exemplaire. Au titre de la qualité de ses productions, du respect des délais imposés par ses donneurs d’ordre, bien entendu, mais bien plus encore sur la gestion des emplois et des compétences qu’elle a mise en œuvre.
L’originalité de la démarche c’est qu’elle repose avant tout sur les compétences des salariés, et seulement ensuite sur les compétences nécessaires à chacun des postes de travail. L’homme est au centre de l’organisation, le poste de travail est adapté aux compétences de celui qui l’occupe. C’est aussi l’organisation du travail qui va pallier les carences ou les absences des opérateurs, fréquentes et récurrentes. Car la particularité des 650 salariés de Bretagne Ateliers, c’est que 80 % d’entre eux sont des travailleurs handicapés. Si l’entreprise, qui livre des sous-ensembles à Citroën et Alstom, est soumise aux contraintes de tout sous-traitant de l’automobile ou de l’industrie ferroviaire, elle dispose d’un encadrement spécifique composé d’éducateurs et de formateurs. Une structure lourde, financée par les clients, qui paient les prestations certainement plus cher que chez un autre sous-traitant, mais s’acquittent ainsi en partie de leur obligation d’employer l’équivalent de 6 % de travailleurs handicapés dans leurs effectifs.
Cette gestion des compétences est donc particulière, inhérente à la qualité de ses salariés, mais la leçon à retenir, c’est qu’elle privilégie la performance collective plutôt que la performance individuelle. Trop souvent les entreprises partent de la définition du poste et s’attachent à faire coïncider les savoir-faire des salariés à ce poste, alors qu’une vision générale des compétences utiles à l’entreprise permet d’appréhender l’organisation du travail globalement, et de tenir compte des limites de ces salariés.
En exergue du documentaire diffusé récemment sur France 5, Jean-Pierre LEGOFF, sociologue au CNRS rappelle d’ailleurs que chaque individu est différent, d’où, l’importance de la qualité humaine, mais que malheureusement, dans notre monde économique, l’échec et l’expérience de l’échec n’existent pas.
La démarche de Bretagne Ateliers constitue une vision idéale, difficile à appliquer avec les niveaux actuels de productivité exigés. La société devra quant à elle, surmonter un autre challenge : assurer du travail à ses effectifs dans une période économique difficile où la demande se fait plus rare.
Le documentaire sur Bretagne Ateliers « Direction des richesses humaines » a été diffusé sur France 5, en  février 2010.