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dimanche 15 novembre 2015

Les cuisines d'un grand restaurant dans la série française "Chefs" sur France 2.

Elle a bien raison, Elodie Leroy, elle qui sur son blog égratigne cette série diffusée en février dernier sur France 2 : «  La cuisine, c’est la vie. Mais dans "Chef(s)", elle est plutôt synonyme d’ennui. ». Elle s’en explique ensuite judicieusement : « … on comprend la volonté du réalisateur Arnaud Malherbe et de sa co-scénariste, Marion Festraëts, créateurs de la série, de s’éloigner du fantasme cultivé par les télé-réalités culinaires à la "Top Chef" …». Concrètement, si cette série n’est pas passée inaperçue, elle le doit d’abord à la qualité de sa distribution puisqu'au générique figuraient entre autres Clovis Cornillac et Robin Renucci, ou encore Hugo Becker. Elle a également bénéficié d’excellentes critiques, telle celle de Pierre Langlais sur Télérama, grâce à un scénario qui met en appétit, avec une pointe d’humour, même si l’on peut déplorer la violence de certaines scènes, une violence malheureusement  inhérente à la plupart des séries actuelles.
Mais on peut surtout regretter l’absence de valorisation des métiers de la restauration. A part un épluchage de langoustine ou l’entaillage de châtaignes, en croix, les scènes « professionnelles » se limitent à quelques dressages d’assiettes. Fort heureusement, la préparation d’un pâté à base de chair  humaine ne sera pas montrée, on ne verra que le résultat final sous forme de terrines stockées dans une armoire réfrigérée. Au niveau de la communication interpersonnelle, bien que les sautes d’humeur des grands chefs et l’organisation militaire des brigades en cuisine soient notoires, les échanges entre les collaborateurs ou la hiérérchie s’avèrent extrêmement violents, dans une ambiance quasi carcérale où l’on risque la sanction à tout moment ; là encore, une nécessité certainement due au scénario. Le harcèlement est aussi présent, il prend la forme d’une tentative de « droit de cuissage »  dont sera victime une jeune femme, cuisinier, qui ambitionne de passer « chef de partie ».

Plus d'informations sur la série "Chefs" : sur le site de France 2

dimanche 27 septembre 2015

Clap de fin pour "The apprentice - Qui veut décrocher le job", la dernière émission de téléréalité de M6 et Endemol

The Huffington Post - 21/09/2015
Faut-il se réjouir de l'arrêt brutal après seulement 4 épisodes, de la programmation sur M6 de "The apprentice - Qui veut décrocher le job" cette émission de téléréalité ? Ou faut-il s'indigner que Endemol ait eu l'audace de créer une telle émission dans laquelle des candidats rivalisent pour décrocher le précieux Graal : un poste de Directeur Commercial au sein de l'une des entreprises de Bruno Bonnell, le serial entrepreneur français ? Certes, cette parodie de recrutement dans laquelle le fondateur d'Infogrames assure son propre rôle ne dépasse pas la réalité, si l'on se rappelle les recrutements collectifs opérés par le Gan et décortiqués par les caméras de France 2 en 2012 dans le documentaire "La gueule de l'emploi". Mais si Endemol avait refusé d'adapter  "Someone's gotta go" en France, une téléréalité dans laquelle des salariés devaient désigner celui d'entre eux qui devait être licencié, elle n'a eu aucun scrupule à produire ce programme. Las, avec seulement 1 million de téléspectateurs soit 4,6 % de parts d'audience pour le 1er épisode et 900 000 (3,7 % de PDA) pour le 2ème, la "petite chaîne qui monte" a décidé d'arrêter les frais et de poursuivre uniquement "en ligne" la diffusion de cette procédure de  sélection de ce Directeur Commercial. et qui restera le recrutement le plus cher jamais envisagé pour un apprenti, si l'on traduit littéralement "apprentice" ; un statut peu en cohérence avec le poste visé. Quoiqu'il en soit, les producteurs se sont engagés à ce que l'heureux élu soit embauché chez AWAbot l'une des entreprises de Bruno Bonnell. Et pourquoi ne pas suivre l'intégration de ce nouveau collaborateur et sa période d'essai dans le cadre d'un nouveau projet de téléréalité  ... ?
Pour information, dans la version britannique, c'est Alan Sugar le créateur d'Amstrad qui jouait le rôle de patron, tandis qu'aux Etats-Unis c'est le très médiatique candidat aux primaires républicaines pour les présidentielles américaines, Donald Trump qui assurait cette charge.


dimanche 28 avril 2013

"La gueule de l'emploi" : un entretien collectif pour le GAN dans un documentaire de France 2 (2012)


Ce programme diffusé en seconde partie de soirée en 2012 sur France 2, n’a pas eu le retentissement qu’il méritait. Bien malheureusement. Ce documentaire mettait en relief une méthode employée par le GAN, en s’appuyant sur un cabinet de recrutement aux méthodes peu scrupuleuses. Une sélection impitoyable qui n’a rien à envier aux pires formats de téléréalité, où l’on retrouve toutes les formes de bassesse humaine : mise en compétition, pression, avilissement, manipulation, lâcheté …
La première impression, à regarder ce documentaire, c’est que « ce n’est pas possible », il s’agit nécessairement d’une fiction, tant les acteurs, qui n’en sont donc pas paraissent caricaturaux. Des recruteurs aux questions déstabilisantes, telles qu’on ne devrait plus en voir et des candidats prêts à se déchirer pour obtenir le précieux Graal, un poste de commercial dans le groupe d’assurance français. Pour ces derniers, le téléspectateur pouvait au moins compatir, car certains d’entre eux se trouvaient en situation précaire, et cette opportunité pouvait représenter une chance à saisir.

Plus on avance dans la diffusion, plus on est pris d’écœurement : on se dit que les protagonistes vont réagir. Que les consultants de ce cabinet de recrutement vont se rendre compte qu’ils vont trop loin. Que les candidats vont se rebeller, qu’ils vont s’entendre pour au mieux, abandonner cette pantomime de recrutement, ou même rentrer dans le lard de ces tortionnaires. Ou au moins que les représentants du Gan vont ouvrir les yeux et mettre fin à cette torture. Non, rien de cela, le processus sera mené jusqu’à son terme pour un piètre résultat. Mais le plus surprenant, c’est que finalement, l’image de l’entreprise n’en sera qu’à peine écornée.  

dimanche 24 février 2013

Les conditions de travail dans un programme de téléréalité sur M6 : "Patron incognito"

Pour l’entreprise, l’objectif de départ de ce programme n’est pas des plus évidents, si ce n’est de vérifier la qualité des prestations fournies aux clients. C’est ainsi que Guillaume Richard, le sémillant Pdg de O2, société spécialisée dans le secteur des services à la personne, annonce religieusement aux membres de son conseil d’administration, à peine surpris, qu’il va s’immerger au plus profond de sa structure. Grimé, il va se faire passer pour un nouveau collaborateur dans différentes agences de son groupe. « Pendant une semaine !» annonce-t-il cérémonieusement.
L’idée de ce « Patron incognito » pourrait être intéressante, n’était-ce le côté « voyeur » imposé par ce format de Téléréalité diffusé sur M6, produit par Endemol et qui est l’adaptation du Undercover Boss de la chaîne britannique Channel 4 . Au premier abord, l’expérience semble concluante. Le patron découvre les conditions de travail de ses employés, et s’extasie devant leur courage, leur professionnalisme, et le soin particulier qu’ils mettent à« tutorer » ce nouveau collègue, il est vrai bien empoté. La prévention des risques est scrupuleusement respectée, les gestes et postures soigneusement inculqués et appliqués. Il n’y a qu’à une occasion où il est permis de s’interroger, c’est lorsque l’on voit Guillaume porter un bambin sur ses épaules, en pleine rue, ce que ne semble pas remarquer sa tutrice, elle qui est habituellement si vigilante sur la sécurité et sur la proximité qu’il est interdit de cultiver avec les enfants. 


D’un point de vue des constats, que ce soit pour le jardinage ou le nettoyage, le manque de moyens est mis en lumière, ainsi que le non-respect des procédures, mais jamais au détriment des clients, bien entendu. Car les salariés de O2 sont investis d’un fort sentiment d’appartenance, et ils aiment leur métier, malgré les insuffisances de leur employeur, qui ne leur permet pas d’accéder à leur souhaits :  augmentation du nombre d’heures pour l’une, création d’une activité complémentaire pour un autre, ou migration vers des fonctions managériales ou tutorales pour une autre. Ne pouvant  évidemment pas dévoiler son identité, Guillaume Richard prenant les téléspectateurs à témoin, s’engage à considérer les requêtes de ses collègues d’un jour, et à améliorer leur sort.
L’émotion, incontournable dans le genre téléréalité, nous est fournie par cette galerie de portraits d’individus authentiques, prêts à partager un repas avec un inconnu, mais ne le ménageant pas, à grands coups de mise en scène. Patricia se plaint devant la caméra, mais en aparté : « je n’ai pas que ça à faire », pendant que son Pdg se débat avec un fer à repasser ; elle se retiendrait presque pour ne pas le massacrer. C’est d’ailleurs le second effet « spectaculaire » : voir le dirigeant se dépatouiller avec le nettoyage des toilettes, se démener avec une cisaille pour tailler une haie, ou appréhender le changement de la couche culotte d’un bébé.


Enfin, arrive le grand moment où chacun des collègues est convoqué au siège pour voir leur patron baisser le masque et révéler son identité. Il est légitime de se demander ce que l’on a bien pu dire à ces salariés pour les faire venir. Et comment justifier la présence de la caméra pour cette scène finale ? Aucune explication n’est avancée, alors que pour le reste de l’émission, c’est le prétexte d’un reportage sur un « chômeur en reconversion » qui justifie la présence d’une équipe de télévision. Mais ce n’est pas la moindre des incohérences. Car si cette émission est une excellente publicité pour les services à la personne, on y entend même parler des avantages qu’ils peuvent générer, et aussi un outil de promotion idéal pour la société O2, il est légitime de se poser quelques questions essentielles. Pourquoi, par exemple, faut-il attendre cette expérience pour que l’entreprise se rende compte de tels dysfonctionnements, dont l’un des plus criants est sans doute le manque d’hygiène dans l’une des agences, un comble pour des experts du nettoyage ! Mais le plus croustillant c’est de noter le manque de respect de différentes procédures internes dont la responsable nationale n’est autre que l’épouse de Guillaume Richard. Mais ça, M6 ne le relève pas. Pas plus qu’elle ne peut expliquer comment fera Patricia pour assurer sa tâche avec un quart d’heure de travail effectif en moins puisque c’est le temps qu’elle doit normalement prendre pour ses déplacements.  A moins que ne ce soit au détriment des clients ?
Mais le plus gros reproche que l’on peut faire à notre entrepreneur à la tête de la 1ère entreprise de services de France et ses 140 agences, forte de ses 27 000 clients, c’est que ses salariés doivent attendre cette émission pour accéder à leurs souhaits d’évolution. Heureusement, il suffit d’appuyer sur le bouton M6 de l’ascenseur social pour voir leurs souhaits exaucés. Le spectateur ne manquera pas d’être impliqué, car si chacun d’entre nous faisait appel à O2, cette entreprise pourrait peut-être enfin proposer des temps pleins à ses puéricultrices. Ou embaucher sans aucune qualification, comme elle fait avec ce demandeur d’emploi, de parfaits inconnus pour leur confier les maisons, les jardins ou pire, les enfants de ses clients ? Et déléguer à de jeunes diplômés, sans aucune formation interne particulière le recrutement de ces nouveaux collaborateurs, comme on le voit dans l’une des agences ? Enfin, nous ne saurions que trop conseiller à notre super Pdg de débarrasser la table après le déjeuner avant de retourner travailler, ou du moins de le proposer au collègue qui l’a généreusement invité,  et surtout de ne pas se vautrer sur le lit dans sa chambre d’hôtel, les chaussures au pied. Un patron se doit d’être exemplaire, le respect du travail des autres est la première des qualités ...
Guillaume Richard au Salon des services à la personne en 2011 :
Sur cette émission, voir également l'article de Management de Mars 2012.

dimanche 13 mars 2011

"Someone's gotta go" : quand la réalité rejoint la Téléréalité dans le monde du travail


L’émission n’est encore qu’à l’état de projet, mais étant donné le peu de scrupules des diffuseurs, il ne serait pas étonnant de la voir un jour sur le petit écran. Dernière idée en date de la principale productrice de reality shows en Europe, la néerlandaise Endemol, « Someone’s gotta go » littéralement, « quelqu’un doit partir », va encore un peu plus loin dans l’abjection. Le concept consiste à enfermer des collègues de bureau, pendant un temps déterminé, dans un espace confiné. De vrais collègues d’entreprise ! L’objectif est de les éliminer tour à tour, en espérant les voir « s’entretuer » professionnellement, et en misant sur les rancœurs et frustrations qu’ils n’ont pas manqué d’accumuler entre eux au fil des ans.
Et gare à qui « aura passé des communications personnelles ou passé trop de temps à prendre un café pendant les heures de travail ». Mais, sous l’œil d’un business expert, vous pourrez à votre tour dénoncer les problèmes caractériels de vos voisins de bureau, leurs baisses de productivité, ou les inégalités de salaires. Une lutte sans merci dont le verdict est le licenciement, mais Endemol ne précise pas si celui-ci est réel. « Someone’s gotta go » qui n’est pour l’instant qu’un concept destiné aux marchés américain et anglais, a été présenté discrètement au MIP TV de Cannes au printemps dernier. Le teasing, cependant très racoleur, à l’image d’Endemol, était axé sur des messages tels que « jusqu’à présent au travail, il était préférable de ne pas dire la vérité » avec pour bande son « Under pressure » de David BOWIE ; ou encore « votre vie est en jeu », la vie professionnelle, bien entendu. D'un autre côté, une video montrait l’acteur Michael KEATON envoyer au diable un interlocuteur téléphonique, rappelant une scène vécue au bureau.
L’américain Fox Television s’est portée acquéreur du concept, mais n’étant pas sûre de pouvoir le lancer en ces temps de crise économique, elle a également acheté, à titre de lot de consolation, une autre émission : « More to love » (Encore plus à aimer). Celle-ci alloue à des cœurs solitaires en (fort) surpoids de se rencontrer. Dans l’ignominie, il n’y a pas de limites …
Source : La Repubblica – Jeudi 09 avril 2009.