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samedi 1 mars 2025

L'esclavagisme moderne dans le film italien "Una promessa" (Lo spaccapietre) des frères De Serio (2020)

De ce long métrage des frères jumeaux Gianluca e Massimiliano De Serio, nous ne retiendrons pas spécialement l’intrigue tant elle manque de clarté. Ou peut-être des éléments dans le récit font-ils défaut ? Une fois encore c’est le contexte qui nous intéresse puisque la plus grande partie du film se déroule au sein d’une exploitation agricole ou maraîchère dans laquelle on cultive des légumes et de la vigne de manière intensive.

Cette entreprise s’appuie principalement sur le travail illégal, la main d’œuvre est constituée d’africains, essentiellement des hommes mais également de quelques italiens. Ils sont payés en liquide, à la bonne grâce de l’employeur ou plutôt de son garde chiourme, son homme à tout faire avec qui il terrorise ces nouveaux esclaves. En rôdant par exemple la nuit au milieu des baraquements de fortune où vivent ces pauvre hères, armé d’un fusil et tirant sur ces habitations sommaires faites de toile en plastique. Le boss impose également ses caprices à une femme, à qui il demande par exemple d’éventrer un porc fraichement abattu, ou de mimer une scène bestiale en duo avec Giuseppe, le personnage principal du film.

Celui-ci a perdu son travail dans une carrière, sans que l’on sache s’il était déclaré, suite à un accident qui lui a coûté un œil. C’est son épouse qui subvient aux besoins du couple et de leur fils, en travaillant justement dans cette exploitation agricole où elle perdra la vie en raison, peut-on supposer, des dures conditions et peut-être des mauvais traitements des tortionnaires. N’ayant d’autre alternative, Giuseppe (Salvatore Esposito) rejoindra cet enfer en compagnie de son jeune fils et subira lui aussi de mauvais traitements.

Sur un plan purement professionnel, il nous est donné de voir le travail dans les champs, dans des scènes à peine réalistes. En effet, quand Giuseppe recouvre de terre les bords des films plastiques déroulés dans les champs, l’utilité de la tâche ne semble pas flagrante. Quand, par contre, toujours aidé de son fils, il troue ces mêmes bâches pour y planter des végétaux, ou qu’il répand des produits phytosanitaires à l’aide d’un pulvérisateur ou d’une cuve attelée à  l’arrière d’un tracteur, on peut noter davantage de réalisme.

Si l'on veut prendre un peu plus de recul, il est légitime de s'interroger sur la pertinence des éléments de contexte. Certes, le travail illégal existe, notamment dans le secteur agricole et probablement dans l'Italie, et en l'occurrence l'Italie du Sud. Cependant, la présence de ressortissants italiens dans les rangs de ces esclaves modernes paraît surprenante. D'autant plus que dans certaines situations, aiguillés et assistés par les travailleurs étrangers, il semble même que ce soient eux les migrants. Enfin, au delà des relations nécessaires à la trame du film, aucune indication n'est donnée sur la vie sociale dans ce monde du travail illégal.

La bande annonce du film "Una promessa"




dimanche 11 mars 2018

Une soirée thématique sur le harcèlement illustrée par le téléfilm "Harcelée" sur France 2


Si l'idée de France Télévisions associée pour l'occasion à France Inter de consacrer, le 10 octobre dernier, une soirée au douloureux sujet du harcèlement au travail était légitime, le choix de ce téléfilm pour illustrer le thème est plus contestable.
En effet, si la qualité des acteurs concède de se laisser entraîner dans l'histoire, le phénomène de maltraitance qui nous est ici narré procède bien plus de l'attitude d'un dangereux psychopathe que de l'enchaînement pernicieux qui s'instaure malheureusement trop souvent en entreprise entre une victime et un tortionnaire d'une banale "normalité", que ses exactions soient à caractère sexuel ou non.

# 01 Un contexte professionnel étrange
Certes, nous y retrouvons certains des mécanismes insidieux qui accompagnent la lente descente aux enfers de la "proie", mais, sans mettre totalement en cause le réalisme du scénario, certains facteurs l'alourdissent sans rien apporter au réalisme des situations, bien au contraire. 
C'est par exemple le contexte puisque, si le fait que Karine (Armelle Deutsch) souhaite reprendre le travail après 3 ans de congé parental, est plausible, la suite des événements réside en un empilement de faits qui n'apporte rien à l'intrigue, bien au contraire.
Si les collègues de  Karine se montrent peu accueillants envers elle, on peut penser qu'ils se méfient de cette "protégée" de leur tyran de patron. Soit. Plus surprenant, ils se révèlent particulièrement cyniques entre eux. A l'occasion d'un départ en retraite, par exemple, où le récipiendaire qui déteste le fromage se voit offrir ... un service à fromage.
Le attitudes de Karine, ensuite, sont le pour moins curieuses ; elle adopte des positions pour le moins peu académiques et ne rechigne pas à se déchausser sous le regard de son nouveau boss, ce qui n'a certes rien de provocant et aurait constitué une facilité dans le cadre d'une affaire de harcèlement. 



# 02 Une intrigue pesante
C'est alors que le processus de maltraitance psychologique s'engage. A l'occasion du départ en retraite de ce collègue, Antoine (Thibaut de Montalembert), le despote, rejoint Karine dans les toilettes, et "s'attaque" à la jeune femme, qui curieusement, ne semble pas résister ; une faiblesse que l'on peut mettre sur le compte de l'alcool qu'a consommé Karine. Elle réussit à s'esquiver. Les jours suivants, et contre attente, son manager lui confie une importante mission sous la forme d'une étude à réaliser, ce qui pourrait l'incliner logiquement à baisser la garde, bien que, dans le même temps, à la demande d'Antoine, elle s'avilisse en lui apportant un café devant une partie de ses collègues.  Elle est ensuite conviée à un déjeuner d'affaires. Cependant, une fois arrivée au  restaurant, elle constate qu'aucun client n'est présent et que c'est un tête à tête avec son "prédateur" qui l'attend. Après quelques allusions, celui-ci joue l'apaisement et s'excuse pour son comportement de "l'autre soir". Elle lui exprime son pardon tout en lui touchant la main, ce qui le fait entrer dans une crise de rage : il devient agressif, la traite d'allumeuse. Il lui retira finalement le dossier qu'il lui avait délégué, elle deviendra stressée puis hystérique, puis elle se verra offrir un C.D.I. pour lequel elle hésitera car son mari est lui même sur le point d'être licencié.


#03 Des personnages marqués à l'excès
De tous les personnages de cette fiction télévisée, le plus crédible est  certainement Karine : naturelle à la limite de la naïveté, humaine, et motivée dans son nouveau job. Face au harcèlement dont elle est victime, elle adoptera une attitude caractéristique de ce genre de situation, mêlée d'incompréhension, de peur et même de culpabilité. Une conséquence plutôt classique de ce cas de figure et qui sera en l’occurrence un des rares points pragmatique de ce téléfilm. Ce sont plutôt les seconds rôles qui appesantissent "Harcelée" sans rien apporter à son réalisme. En effet, pourquoi avoir "inventé" à Karine une fille anorexique, dont le père refuse d'intégrer la maladie, et pourquoi instaurer, par l'intermédiaire de cette adolescente, une relation entre les deux familles ? Il semble difficile de concevoir que le harceleur fasse son oeuvre tout en ayant une proximité avec le mari et la fille de Karine. Il semble curieux que, par exemple, les deux principaux protagonistes se vouvoient alors qu'ils se fréquentent en en dehors du travail, avec leurs familles respectives. Et enfin, le manichéisme d'Antoine, qui instrumentalise la fille de Karine en lui offrant un bijou, procède davantage du jeu d'un dangereux psychopathe que du lent processus inconscient d'un individu normal tel qu'on en rencontre quotidiennement en entreprise.

Voir l'article de Télérama du 04/10/2017


dimanche 15 novembre 2015

Les cuisines d'un grand restaurant dans la série française "Chefs" sur France 2.

Elle a bien raison, Elodie Leroy, elle qui sur son blog égratigne cette série diffusée en février dernier sur France 2 : «  La cuisine, c’est la vie. Mais dans "Chef(s)", elle est plutôt synonyme d’ennui. ». Elle s’en explique ensuite judicieusement : « … on comprend la volonté du réalisateur Arnaud Malherbe et de sa co-scénariste, Marion Festraëts, créateurs de la série, de s’éloigner du fantasme cultivé par les télé-réalités culinaires à la "Top Chef" …». Concrètement, si cette série n’est pas passée inaperçue, elle le doit d’abord à la qualité de sa distribution puisqu'au générique figuraient entre autres Clovis Cornillac et Robin Renucci, ou encore Hugo Becker. Elle a également bénéficié d’excellentes critiques, telle celle de Pierre Langlais sur Télérama, grâce à un scénario qui met en appétit, avec une pointe d’humour, même si l’on peut déplorer la violence de certaines scènes, une violence malheureusement  inhérente à la plupart des séries actuelles.
Mais on peut surtout regretter l’absence de valorisation des métiers de la restauration. A part un épluchage de langoustine ou l’entaillage de châtaignes, en croix, les scènes « professionnelles » se limitent à quelques dressages d’assiettes. Fort heureusement, la préparation d’un pâté à base de chair  humaine ne sera pas montrée, on ne verra que le résultat final sous forme de terrines stockées dans une armoire réfrigérée. Au niveau de la communication interpersonnelle, bien que les sautes d’humeur des grands chefs et l’organisation militaire des brigades en cuisine soient notoires, les échanges entre les collaborateurs ou la hiérérchie s’avèrent extrêmement violents, dans une ambiance quasi carcérale où l’on risque la sanction à tout moment ; là encore, une nécessité certainement due au scénario. Le harcèlement est aussi présent, il prend la forme d’une tentative de « droit de cuissage »  dont sera victime une jeune femme, cuisinier, qui ambitionne de passer « chef de partie ».

Plus d'informations sur la série "Chefs" : sur le site de France 2

mercredi 21 octobre 2015

Manipulation psychologique en entreprise dans "Une étrange affaire", un film de Pierre Granier-Deferre (1981)

Bien que dans les 2 cas ce soit l’univers des grands magasins urbains qui serve de support à l’intrigue, ce film de Pierre Granier-Deferre, « Une étrange affaire » se situe aux antipodes de « Riens du tout » de Cédric Klapish, dont nous avons parlé sur ce même blog.
Si la réorganisation traitée dans la fiction du réalisateur alors tout jeune prenait des accents humains, c’est quasiment un drame qui se joue dans la fiction de son aîné. Celui-ci décrit avec une rare acuité, déjà en 1981, les mécanismes de la manipulation psychologique exercée par un patron sur ses salariés en général, et en particulier sur un jeune cadre, Louis Coline, figuré sous les traits de Gérard Lanvin.
Après le décès soudain du directeur de l’enseigne « Les Magasins », un commerce de centre-ville de type « Les Galeries Lafayette », un nouveau dirigeant, Malair (Michel Piccoli) est nommé. Son arrivée suscite un climat anxiogène : on ne donne pas son nom, ce qui laisse planer toutes les inquiétudes. On l’annonce à Bâle, puis à Madrid ou encore à Sarajevo, sa réputation s’accroit, la rumeur enfle, il est même question de « charrettes » … A notre époque et sous réserves de connaitre son identité, les salariés se seraient précipités sur Internet pour « Googliser » le nom du futur patron, mais en 1981 …
Alors qu’on ne l’attend plus, il apparaît. Son comportement est irrationnel, Louis le trouve dans son bureau en train de fouiller dans ses tiroirs ; il en extrait avec curiosité des tickets de  PMU ou de Loto. Le jeune homme se présente, et Malair lui demande de ne pas faire état de cette première rencontre. Mais à l’occasion du tour des services que le directeur ne manque pas d'opérer, il montre clairement qu’il connait déjà Louis. Ce qui ne manquera pas d’inquiéter le chef du service « Publicité » dans lequel travaille le jeune homme. La relation très ambiguë se poursuit, le nouveau dirigeant prend le jeune cadre enthousiaste sous sa coupe, indirectement d’abord, par l’intermédiaire de ses bras droits, Paul, le directeur financier (Jean-FrançoisBalmer) et François (Jean-Pierre Kalfon) qui assure la fonction de chauffeur, homme de confiance et garde du corps. Les 2 collaborateurs les plus proches de Malair, d’une très grande complicité avec lui, s’attribuent le bureau de Louis sur qui le travail de destruction psychologique se poursuit : le boss court-circuite son chef et confie le plan publicité stratégique des « Magasins » à Louis qui finit par se montrer flatté de cette confiance. Le mécanisme de manipulation s’accélère, le patron se montre plus direct, parfois trivial et demande à son jeune collaborateur une disponibilité totale qui confine au harcèlement.

La mine de Louis change, on perçoit chez lui la montée du stress bien qu’il persiste à s’enflammer pour son nouveau statut. Fier de cette proximité avec le patron, un soir, en dehors des heures de service, il emmène Nina (Nathalie Baye), son épouse, visiter le bureau que s’est fait aménager le responsable. Alors que l’on annonce 2 licenciements dont celui d’une salariée victime d’alcoolisme, Malair s’incruste encore plus dans la vie privée de Louis. Il débarque un dimanche matin au bar où le jeune homme joue aux courses en compagnie de l’un de ses amis, et le « kidnappe » sous le prétexte fallacieux de travailler un dossier. La journée s’achèvera par un dîner au cours duquel Louis rencontrera la faune bigarrée que compose la cour de son gourou. Puis Malair débarque ensuite un soir pour dormir chez Louis et Nina au motif que des travaux sont en cours d’achèvement à son domicile, allant sans vergogne jusqu’à s’approprier la chambre du modeste appartement du jeune couple et à s’accaparer la cuisine pour s’y préparer un en-cas.
Cette attitude excessive parait totalement impossible dans la réalité, mais Granier-Deferre y a recours pour analyser avec finesse le processus de manipulation psychologique, en s’appuyant par exemple sur les perceptions et les réactions de Nina, l’épouse de Louis. Malair essaiera d’ailleurs de la séduire, l’invitant elle et son époux pour un dîner durant lequel il annoncera que le chef de Louis « les quitte », puis offrant à la jeune femme une montre. Elle finira par prendre ses distances, expliquant à Louis qu’elle « ne le quitte pas pour quelqu’un d’autre », mais « parce qu’il n’est plus personne ». Toujours méfiante, elle essaiera de l’alerter, qualifiant Malair «d’abstrait, comme  Dieu ».
Après le départ de Nina, Louis se réfugie encore un peu plus dans le travail, et finit par s’installer chez son patron, partageant son intimité avec François, obéissant aux caprices de Malair qui le convoque par exemple dans sa salle de bains alors qu’il est en train de se raser, totalement nu. Le mentor devient de plus en plus autoritaire, il prend son collaborateur pour son larbin, puis un jour, il disparaît sans laisser de traces, au grand désarroi de Louis Coline, totalement désemparé. Ainsi que l’analyse judicieusement Guillemette Odicino dans Télérama, aujourd’hui, « on verrait bien Louis Coline témoigner dans un documentaire sur le burn-out ou le harcèlement en entreprise. Car Louis Coline est comme mort. Frappé de stupeur parce que son patron, son gourou, celui pour lequel il a tout sacrifié l’a abandonné. Fidèle à son poste, il attend qu’il revienne … » Et la journaliste de poursuivre : «  Pourtant, cet employé désinvolte qui végétait au service publicité d’un grand magasin n’avait a priori rien pour se transformer en disciple robotisé. Sauf peut-être un vide à combler, une place à se faire ».
Il y a déjà plus de 30 ans Granier-Deferre anticipait les phénomènes de souffrance au travail avec des comportements symptomatiques de surinvestissement, caractéristiques des « workalcoolics » et le constat d’un manque de reconnaissance qui frappe les salariés, plus particulièrement en France. Peu importe l’entreprise, le réalisateur ne nous montre d’ailleurs pratiquement rien de ces « Magasins » dont on sait seulement que le principal concurrent se dénomme « Les galeries » et dont l’espace de vente sera montré qu’à une seule occasion.

Pour aller plus loin : l'article de Télérama


dimanche 13 septembre 2015

Hard discount et gaspillage alimentaire dans "Discount" un film de Louis-Jean Petit (2015)

S’il existait un César de la meilleure actrice de comédie sociale « à la française », CorinneMasiero devrait sans  conteste aucun, figurer parmi les nominées. Après ses prestations convaincantes dans « Louise Wimmer » et « De rouille et d'Os »,  évoquées dans ce blog. Dans Discount, un film de Louis-Julien Petit, elle occupe à nouveau un rôle central et colle encore une fois parfaitement au personnage. Le point de départ de l’histoire est assez simple : les employés d’un supermarché de type « hard-discount », sur le point d’être licenciés,  mettent en place une organisation afin de détourner les produits dont la DLC (date limite de consommation) est dépassée et  promis à la casse. Avant de les fouler du pied et d’y répandre de l’eau de javel, ils en prélèvent une partie qu’ils revendront à des prix extrêmement compétitifs, et pour cause, dans un magasin parallèle créé de toutes pièces dans la grange de la ferme où habite Christiane (CorinneMasiero). Le trafic débute timidement, mais devant l’intérêt affiché par les clients et les résultats financiers supérieurs à leurs attentes, et surtout la pression exercée par la directrice, interprétée par une excellente Zabou Breitman, la petite bande augmente les volumes.
Même si Louis-Julien Petit ne glisse à aucun instant avec facilité dans la fable, on ne demande qu’à adhérer à l’œuvre de ces Robins des bois modernes qui suscitent un bel engouement mais, la morale est sauve, ils finiront par se faire prendre sans que leur clientèle ne soit inquiétée.
Quant au réalisme des situations professionnelles, la plupart des scènes paraissent plausibles. Les employés remplissent les rayons et compactent les emballages, avant l’arrivée des clients, puis détruisent donc les produits en voie de péremption tandis que les hôtes ou hôtesses de caisse, selon le terme dévolu maintenant aux caissiers et caissières, assurent leur mission. Ils prélèvent parfois des bons de réductions à leur bénéfice, au risque, comme Christiane de se faire sanctionner, tout en  s’efforçant de respecter la cadence imposée par la direction.

Quelques aspects peuvent sembler moins crédibles, tel le comportement de la directrice. Salariée du groupe, elle ambitionne de devenir responsable de réseau. A cet effet, elle suit un cursus de formation au sein de l’enseigne. Elle y apprend par exemple que, quand elle conduit un entretien avec un collaborateur, elle doit toujours se faire assister par une personne qui notera par écrit les termes des échanges. Elle fait donc appel à sa « garde rapprochée », ses agents de sécurité, qui de manière tout aussi surprenante sont aussi chargés de chronométrer le personnel chargé de l’encaissement afin de maintenir la pression sur la productivité. Très curieusement, les vigiles semblent ne jamais se préoccuper des clients comme si la démarque inconnue ne pouvait être que le fait des salariés qu’ils ne manquent pas de fouiller en fin de journée, contre toute attente.

Sur le plan managérial, la manipulation n’est jamais bien loin. La directrice propose à Gilles, un de ses collaborateurs, une évolution professionnelle, alors que certains de ses collègues vont être victimes de suppressions de postes à l’occasion de la mise en place de caisses automatiques.
Le plus étonnant invraisemblable est peut-être cette ruée des clients le premier jour des soldes ; à l’issue du compte à rebours scandé par la directrice, ils se précipitent dans le commerce pour profiter des promotions que les employés du point de vente auront minutieusement préparées. Ils mettront encore plus de soin et de motivation lors de l’installation de leur propre magasin, dans cette ferme perdue dans la campagne : mise en place de la caisse et du merchandising, création des rayons, étiquetage, mise en place de la PLV et de l’ILV, allant jusqu'à proposer des services complémentaires telle la livraison à domicile.

En résumé, Louis-Julien Petit, donne à voir une description assez fidèle de la distribution et spécialement du hard discount, sans tomber dans la caricature, et sans s’appesantir sur l’idée de départ qui est le gâchis induit par la destruction de produits encore propres à la consommation dans le secteur de la grande distribution. Un sujet qui a refait récemment surface dans l’actualité, avec ce texte  de loi pour la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Et le César de la meilleure actrice de comédie sociale « à la française » est attribué à …

Pour aller plus loin :


Le festival du film francophone d'Angoulême où Discount a obtenu le Valois du public

La bande annonce :



jeudi 11 juin 2015

"Les heures souterraines" de Delphine de Vigan adapté au théâtre.

Le livre de Delphine de Vigan "Les heures souterraines"que nous avons cité dans ce même blog a été brillamment adapté au théâtre par Anne Loiret pour le Théâtre de Paris, dans une pièce où elle partage le 1er rôle avec Thierry Fremont dans une mise en scène de Anne Kessler,

Représentations :
  • Du mardi au samedi à 21 h 00
  • Samedi 17 h 00
  • Dimanche 15 h 30
Du 12 mai au 12 juillet 2015.





mercredi 28 janvier 2015

Sandrine KIBERLAIN en employée de restauration collective dans le film "L'oiseau" (2012)

Dans ce film de 2012 réalisé par Yves Caumon, l'oiseau c'est un peu elle, Sandrine Kiberlain, séparée de son mari, en détresse et quête de sens pour sa nouvelle vie. L'oiseau, c'est un peu aussi son fils, décédé quelques années plus tôt, un événement dont elle se remet avec difficulté; Et c'est surtout le volatile emmuré dans un ancien conduit de cheminée, qu'elle sauvera d'une mort certaine en perçant un trou dans le mur de son appartement. Mais en lui redonnant la liberté, elle le précipitera vers une triste fin sans que l'on puisse en déduire un parallèle avec la tragique disparition de son enfant.
Est-ce dans ce besoin de se reconstruire qu'elle occupe cet emploi dans les cuisines d'un hôpital pour lequel elle ne semble pas expérimentée ? Elle ne parait pas totalement intégrée, les relations entre collègues n'étant au début des plus chaleureuses. Du moins au début, car elles parviennent tout de même à se souhaiter un "bon weekend" un peu plus en avant du film.
Ces cuisines pourraient être celles de n'importe quelle collectivité, puisqu'il n'est jamais question des clients, si l'on n'y préparait du magret à l'orange. Les conditions de travail sont assez réalistes, avec des scènes pendant lesquelles les protagonistes commandent des marchandises ou les sortent des chambres froides où parfois la lumière s'éteint. Les règles de sécurité alimentaire (H.A.C.C.P.) semblent respectées, sauf peut-être pendant les phases de nettoyage.
Le comportement le plus insupportable est celui du responsable ou celui qui semble l'être, qui passe son temps à harceler ses collègues féminines pour obtenir leurs faveurs. Il arrive parfois à ses fins, Anne (Sandrine Kiberlain) l'apercevra de loin en train de consommer son "droit de cuissage" avec l'une des salariées assise sur un plan de travail.
Un comportement qui ne repoussera pas Anne qui, en conclusion de cette fiction, finira par le rejoindre  dans un restaurant qu'il aura repris entre-temps sur le littoral.

Plus d'information sur :
- le film : L'oiseau.
- Sandrine Kiberlain sur ce même blog dans "Mademoiselle Chambon"


lundi 31 mars 2014

"Mon oncle d'Amérique" : les thèses anthropologiques du Professeur Laborit dans un film d'Alain Resnais

En hommage à Alain Resnais, l'un des plus grands réalisateurs français, récemment disparu, Arte diffusait le 5 mars dernier l'un de ses films de référence, "Mon oncle d'Amérique". Caractéristique de l'esprit créatif du cinéaste, ce long métrage se situe à la frontière entre la fiction et le documentaire. Il débute par une présentation des personnages entrecoupée d'interventions du Professeur Henri Laborit portant sur les comportements des individus face à différentes situations, et comment ces attitudes sont dictées par les différents "cerveaux" de l'être humain. Le scientifique réapparaitra plusieurs fois au cours du film afin d'apporter son analyse sur les relations entre les différents protagonistes de la fiction, en illustrant ses propos par des expériences réalisées sur un rat enfermé dans une cage dont le plancher est soumis à des excitations électriques.
L'environnement professionnel et plus précisément le statut social des 3 principaux protagonistes serviront de support à Alain Resnais pour mettre en évidence les thèses anthropologiques du Professeur Laborit.
Roger Pierre interprète avec brio un haut fonctionnaire issu de la bourgeoisie et promis à une belle carrière, qui quittera femme et enfants pour une comédienne, Janine (Nicole Garcia), élevée dans le giron de sa modeste famille d'ouvriers, militants communistes. Il pensera trouver en elle la muse qui lui permettra d'écrire, mais retournera avec son épouse après que cette dernière ait manipulé la jeune actrice qui finira au sein du service Ressources Humaines d'un groupe textile. A cette occasion, elle croisera la route de René Ragueneau (Gérard Depardieu), catholique, originaire du milieu paysan que son frère et lui souhaitent ardemment quitter. Il deviendra directeur d'usine, mais peinera à supporter la pression, et sera sauvé du suicide grâce à l'intervention de Janine.
La chaine franco-allemande propose sur son site une excellente synthèse de ce film, dans laquelle figure cette citation du Professeur Laborit, qui pourrait résumer la réaction des salariés face à des situations professionnelles stressantes bien souvent induites par des comportement de domination : "Face à ce qui menace son existence, l'homme, lorsqu'il ne peut ni lutter ni fuir, répond par une attitude d'inhibition, explique Henri Laborit. Comme l'animal. Il développe un ulcère ou se suicide".

Et le neurobiologiste de conclure dans le film de Resnais : « Tant qu'on n'aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l'utilisent et tant que l'on n'aura pas dit que jusqu'ici cela a toujours été pour dominer l'autre, il y a peu de chance qu'il y ait quoi que ce soit qui change. »

dimanche 9 mars 2014

Harcèlement en entreprise dans la série "Boulevard du Palais" (France 2)

Boulevard du Palais est une série policière française diffusée depuis 1999. Elle met en scène des personnages récurrents, aux personnalités bien trempées, qui gravitent autour de la "petite juge" Nadia Lintz interprétée depuis l'origine par Anne Richard.
 Jean François Balmer, dans le rôle du Commandant de police judiciaire Rovère, devenu alcoolique suite à des accidents de la vie, est l'autre personnage principal. Il  est assisté de l'inspecteur Di Meglio (Philippe Ambrosini ) et d'un médecin légiste poète et philosophe à ses heures, Hannibal Pluvinage, dont les habits sont endossés par l'excellent Olivier Saladin. C'est lui qui au détour d'un échange donnera l'explication de l'intitulé du titre de cet épisode, "trepalium" qui désignait un engin de torture et dont le mot "travail" tire son étymologie. Car c'est dans le monde de l'entreprise que se déroule l'action de ce nouvel opus, avec pour point de départ, le suicide d'un cadre de TSA, Patrick Bello, qui adopte une manière originale, puisqu'il précipite l'automobile dans laquelle il a pris place contre un obstacle dans un atelier de bancs de tests de sécurité situé au sous sol de l'entreprise.
L'intrigue prendra un tour inattendu, puisque l'on découvrira finalement après un second suicide requalifié en homicide, que la dirigeante était en train de vendre l'entreprise qui compte 124 salariés à des concurrents allemands. C'est pour cette raison que, avec la complicité de son DRH, Chauvel, elle a "spolié" Bello d'un logiciel qu'il avait développé qui aurait pu entraver la cession. Le cadre, ne comprenant pas ce qui lui arrive glissera dans une spirale dépressive, bien entretenue par Chauvel qui ira jusqu'à le harceler, lui reprochant son poids, son âge  et même son hygiène en allant jusqu'à lui offrir du déodorant. Cette facette du harcèlement en entreprise semble la moins réaliste car la pression conduisant à une extrémité fatale est généralement plus sournoise. Elle est cependant assez bien décrite dans la première partie de l'épisode, notamment au travers des témoignages des différents personnages.
Son épouse d'abord, effondrée à l'annonce de la terrible nouvelle, qui se rendait compte que "son boulot le vidait de l'intérieur, on lui en demandait trop ou on ne lui demandait rien" ou son fils qui ajoute "il ne parlait pas de son boulot". Le discours du DRH est bien entendu teinté de mensonge, mettant le geste fatal du cadre sur le compte "d'une passe difficile, d'une inaptitude provisoire", mais l'entreprise ne lui en tiendra pas rigueur alors que "d'autres ne se seraient pas gênés pour le virer". Les dirigeants de l'entreprise évoquent aussi  "des difficultés dans le couple" ainsi que "des rumeurs de relation avec une fille", une des anciennes salariées, elle aussi victime de pressions, et qui avait été licenciée "pour abandon de poste", mais après qu'un mél d'insultes ait été adressé à sa patronne depuis son poste informatique. C'était en fait le résultat d'une première manipulation du DRH.
La position du médecin du travail est plus ambiguë. Il est d'abord difficile de comprendre où elle se situe physiquement, tant elle semble impliquée dans l'entreprise. Les permanences régulières qu'elle assure au sein de  l'établissement et qui génèrent cette impression sont très éloignées de la réalité. Elle expliquera "les troubles du sommeil" de Patrick Bello par la pression infligée par "la nouvelle stratégie de l'entreprise", et déplorera le manque de communication qui se traduira entre autres par le "remplacement de la machine à café par des cafetières individuelles disséminées dans les bureaux". A l'issue du premier décès elle sera bien sûr partie prenante de la cellule psychologique constituée avec Chauvel, un DRH décidément machiavélique qui introduira un logiciel mouchard dans le poste informatique de la thérapeute et qui fera aussi chanter sa patronne.
Les héros de la série de France Télévision ont sur ce petit monde un regard distancié mais peu critique, restant dans leur rôle. La" petite juge" rappellera la difficulté de "prouver le harcèlement" dans ce genre d'affaires, alors que Pluvinage confirmera les troubles du sommeil de Bello, qui "carburait aux calmants et somnifères". Le commandant Rovère se limitera à observer que le DRH "n'est pas submergé par les rendez-vous" mais la fille adoptive du policier montrera toute l'incompréhension dont souffrent les victimes de harcèlement car elle ne comprend pas que l'on puisse "se foutre en l'air parce qu'on est pas capable de dire non à un chefaillon".
C'est l'inspecteur Di Meglio qui sera le plus mordant, fidèle à son habitude, se lâchant d'un commentaire peu amène à l'attention du médecin du travail : "votre paie vient des cotisations patronales". La réalité n'est pas aussi simple, même si la médecine du travail est plutôt au service des employeurs, ce que les salariés ont du mal à comprendre. Ceux-ci se lamentent souvent du peu de profondeur des diagnostics des médecins du travail, mais ils ne doivent pas oublier que la mission de ces derniers lors des visites médicales n'est pas de contrôler la santé du personnel, mais de vérifier son aptitude. Dans le cas contraire, c'est le licenciement qui guette ...
En résumé, cet épisode reste assez réaliste,  seules quelques concessions imposées par le scénario nous éloignent des conditions réelles de l'entreprise, à l'exemple du comportement du DRH. Il rappelle sous certains aspects un épisode le la série "La crim" traité dans cet article de notre  blog ou "Seule", cet excellent téléfilm qui fait l'objet de l'article le plus lu de ce blog.


vendredi 25 octobre 2013

"Surveillance" : un téléfilm de France 2 au coeur de la sécurité dans un hypermarché

C'est d'un roman de Régis Serange que Sébastien Grall a adapté ce téléfilm, "Surveillance" qui se déroule en grande partie dans les parties cachées d'un hypermarché. L'histoire est captivante, bien que comme l'écrit  Hélène MARZOLF dans Télérama "le scénario s'emberlificote en accélération et prises de conscience peu crédibles, jusqu'à un dénouement expéditif et héroïque" qui transforme "cette critique de la société du flicage en épilogue de polar banal".
La trame prend corps avec l'embauche de PierreThomas Jouannet) en qualité d'agent de sécurité au sein de l'hypermarché ENO Center. Il sympathise avec Léa (Léonie Simaga) qui deviendra sa maîtresse, bien que toute relations entre employés soit interdite. Puis avec son zèle empreint d'intégrité, il gravira tous les échelons de la hiérarchie du service pour prendre le poste de responsable adjoint de la sécurité, en bénéficiant de la bienveillance de son supérieur judicieusement interprété par François Berléand. Notre jeune recrue, à qui l'entreprise tarde à délivrer son contrat de travail et qui lui verse des primes en espèces sonnantes et trébuchantes, des pratiques qui n'ont normalement plus cours dans la grande distribution, mettra à jour un trafic d'échange d'appareils d'électroménager, auquel participent des salariés et dans lequel trempe le Directeur Général Adjoint (Alexandre Steiger). Mais son chef lui demandera de ne pas révéler l'affaire, puisque lui est aussi est complice de ce remplacement d'articles de de contrefaçon, les appareils neufs étant écoulés par une entreprise dirigée par l'épouse de Sauveterre, le Directeur Général Adjoint.
Pierre devra également assurer une surveillance rapprochée sur la personne du Directeur Marketing (Francis Perrin), syndicaliste, qui, acculé, mettra fin à ses jours dans une chambre d'hôtel lors d'une tournée auprès des fournisseurs.
Réaliste ou non, cette référence aux conditions de travail n'est pas laseule dans ce téléfilm. La surface de vente n'est pratiquement pas montrée, sauf au travers du prisme de l'objectif des caméras de surveillance. ce sont donc les parties obscures du magasin qu'il est nous est permis de  voir : salle de contrôle, lingerie, bureaux de la direction et réserves. Evidemment, ce sont les la sécurité et le contrôle qui sont mis en avant, les relations entre hiérarchie et subalternes apparaissent rudes, froides, c'est un management très directif qui est adopté. Le responsable sécurité est du type "old school", espérons-le, décomptant par exemple les pauses pipis du temps de travail. Il ne recule devant rien pour faire baisser le taux de démarque, c'est à dire le pourcentage de Chiffres d'Affaires parti en perte ou en vol : surveillance poussée au harcèlement, pression, implantation de caméras dans les toilettes du personnel féminin ... Il passe son temps dans son bureau à contrôler et à vider sa bouteille de whisky.
Le Directeur Général Adjoint, quant à lui, va jusqu'à cacher de l'argent dans les affaires d'une hôtesse de caisse pour exercer un chantage et lui imposer une relation sexuelle. Le travail de ces "caissières" est survolé, seul le fameux SBAM, la formule mnémotechnique "Sourire-Bonjour-Au revoir Merci" revient à plusieurs reprises. il est par ailleurs surprenant de trouver la fonction de Directeur Marketing dans un magasin, même de taille imposante, d'autant plus qu'il démontre de la sympathie, voire de la complicité avec les fournisseurs, ce qui n'est pas la règle dans la Grande Distribution. Et le référencement et les négociations sont plutôt l'apanage des managers de rayons. Des concessions faites à la réalité au service du scénario de cet excellent téléfilm qui fait penser à Marie-Line, un film traité dans ce blog qui abordait entre autres des relations dans une équipe de nettoyage affectée à un supermarché.

dimanche 28 avril 2013

"La gueule de l'emploi" : un entretien collectif pour le GAN dans un documentaire de France 2 (2012)


Ce programme diffusé en seconde partie de soirée en 2012 sur France 2, n’a pas eu le retentissement qu’il méritait. Bien malheureusement. Ce documentaire mettait en relief une méthode employée par le GAN, en s’appuyant sur un cabinet de recrutement aux méthodes peu scrupuleuses. Une sélection impitoyable qui n’a rien à envier aux pires formats de téléréalité, où l’on retrouve toutes les formes de bassesse humaine : mise en compétition, pression, avilissement, manipulation, lâcheté …
La première impression, à regarder ce documentaire, c’est que « ce n’est pas possible », il s’agit nécessairement d’une fiction, tant les acteurs, qui n’en sont donc pas paraissent caricaturaux. Des recruteurs aux questions déstabilisantes, telles qu’on ne devrait plus en voir et des candidats prêts à se déchirer pour obtenir le précieux Graal, un poste de commercial dans le groupe d’assurance français. Pour ces derniers, le téléspectateur pouvait au moins compatir, car certains d’entre eux se trouvaient en situation précaire, et cette opportunité pouvait représenter une chance à saisir.

Plus on avance dans la diffusion, plus on est pris d’écœurement : on se dit que les protagonistes vont réagir. Que les consultants de ce cabinet de recrutement vont se rendre compte qu’ils vont trop loin. Que les candidats vont se rebeller, qu’ils vont s’entendre pour au mieux, abandonner cette pantomime de recrutement, ou même rentrer dans le lard de ces tortionnaires. Ou au moins que les représentants du Gan vont ouvrir les yeux et mettre fin à cette torture. Non, rien de cela, le processus sera mené jusqu’à son terme pour un piètre résultat. Mais le plus surprenant, c’est que finalement, l’image de l’entreprise n’en sera qu’à peine écornée.  

dimanche 10 février 2013

Un téléfilm allemand sur le harcèlement au travail sur Arte


Nonobstant les différences culturelles existant entre nos deux pays, à l’instar de la France, l’Allemagne est également touchée par le problème du harcèlement au travail. Le mal être que subissent les salariés en entreprise ne devrait donc rien à notre tempérament latin, c’est le premier enseignement de ce téléfilm d’outre Rhin sobrement intitulé « Harcèlement » (Mobbing), diffusé récemment sur Arte dans le cadre d'une soirée Thema.
L’histoire narre la lente déchéance professionnelle d’un cadre d’un service culturel d’une municipalité allemande, marié et père de deux enfants. Le scénario est plutôt bien ficelé, la pression monte progressivement, bien que dans la réalité l’évolution de ce genre de phénomène soit plus sournoise. Ici, les événements sont prévisibles, de l’annonce de l’arrivée d’une nouvelle responsable de service, au simulacre de réintégration du principal protagoniste après son licenciement pour faute lourde, en passant par le départ d’un collègue que Jo  prendra comme une véritable trahison.
Les symptômes décrits  sont assez caractéristiques de cette situation : perte d’estime de soi et  dépression qui entraîneront alcoolisme, violence conjugale, verbale et même physique exacerbée par l’incompréhension d’Anja, l’épouse de Jo. Elle fait pourtant preuve d’une extrême lucidité. En parlant par exemple de la responsable tyrannique que l’on ne verra jamais, en ces termes : « Elle ne vous voit pas comme une menace ? ». Ce qui rappelle immanquablement le syndrome du « petit chef ».
Comme l’écrit Isabelle Poitte dans Télérama, « l’agresseur n’a pas de visage » ce qui accentue l’impression d’impuissance de la victime. La parti pris de montrer la déchéance depuis la cellule familiale et essentiellement au travers du regard de l’épouse peut rappeler dans un autre contexte la position de Brigitte (Barbara Schulz) dans un autre téléfilm, français cette fois, « Seule » dont nous avons parlé dans cet article, l’un des plus consultés de notre blog.

"Harcèlement" de Nicole Weegman (Mobbing, Allemagne - 2012) avec Susanne Wolff et Tobias Moretti.

mercredi 30 janvier 2013

Conséquence du harcèlement en entreprise dans une série policière française (La Crim' - 2006)



La Crim’ est une série policière française qui a été diffusée sur France 2 entre 1999 et 2006. De conception assez moderne, mais faisant la part belle à l'histoire des protagonistes et à leurs relations entre eux, les intrigues suivaient souvent la même trame avec un ou des premiers suspects qui finalement étaient innocentés au détriment des vrais coupables, avec plus ou moins de rebondissements.
Parmi les principaux interprètes figuraient Clotilde de Bayser puis Isabel Otero, dans le rôle du commandant en chef,  et, toujours du côté des policiers Jean-François Garreaud, commandant "vieille france", Dominique Guillo en séducteur, Didier Cauchy, policier instable, Teco Celio flic au comportement tutoyant le proxénétisme ou encore Agathe de La Boulaye ou Vanessa Lhoste.
Les crimes commis concernaient le milieu du banditisme, ou étaient conditionnés par des motifs financiers, des affaires de coeur ou de famille. Un épisode a pris cependant pour cadre le monde de l'entreprise, le 3ème de la 6ème et ultime saison en 2006, intitulé très simplement "Esprit d'entreprise". L'histoire débutait par le suicide d'une cadre d'une entreprise parisienne, qui se défenestre. Les soupçons se portent sur son ex-mari, puis sur son supérieur hiérarchique aux méthodes managériales tyranniques. L'équipe de La Crim' prouvera qu'il s'agit bien de la conséquence d'un harcèlement, mais devra d'abord surmonter la loi du silence qui règne dans ce genre de situation. Nous conservons le souvenir d'un scénario et d'une interprétation réaliste sur un sujet qui n'est pas sans rappeler l'excellent téléfim "Seule" que nous avons déjà traité dans ce blog.
Enfin, pour cet épisode réalisé par Eric Woreth , figuraient au générique les acteurs suivants : Christian Charmetant, Thierry Godard et Nathalie Grandhomme.