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samedi 18 avril 2020

Des usines aux bureaux d'embauche dans la chanson "L'usine" de Marka (1997)

De son vrai nom Serge Van Laeken, Marka est un artiste belge qui est connu pour ses titres qu'il interprète seul, avec des groupes de rencontre ou en duo avec l'humoriste Laurence Bibot avec qui il a eu deux enfants très connus dans le monde de la chanson, le rappeur Roméo Elvis et de la chanteuse Angèle. Très connu en Belgique, il a fait Chevalier de l'Ordre de Léopold II, et plus récemment, son titre "It’s only football" a été utilisé comme hymne de l'équipe nationale "Les Diables Rouges" pour la Coupe du Monde de football de 2018 en Russie.

En 1997, il nous livrait cette chanson,  "L'usine" qui parle d'un "Don Juan" des usines, dont on ne sait si lui même travaille dans l'industrie, et qui, en raison de la désindustrialisation, doit se replier sur les bureaux d'embauche où pointent les ouvrières qui ont perdu leur emploi. Les références au monde du travail en général et au contexte industriel en particulier sont à la hauteur de cet opus sans prétention mais entraînant. Elles se limitent à quelques mots, " bleu de travail, ouvrières, 1er mai, défilaient, classe ouvrière ..." et ce que veut juste le dragueur des usines c'est rendre "toutes heureuses" ces ouvrières" devenues "jolies chômeuses" .

Les paroles de "L'usine"
Au temps des usines
A l'époque des machines
Il y avait des ouvrières
Des très jolies prolétaires
Au temps de l'industrie
Je me souviens bien des filles
En bleu de travail
Bien serré à la taille
Je suis le dragueur des usines
Le don Juan des ouvrières
Mais il n'y a plus d'usine
Y a plus d'ouvrières
À l époque industrielle
J'aimais bien les manuelles
Qui terminent en sueur
Leur journée de labeur
C'était le bon temps
Ou on engageait des gens
Et les filles que j'aime
Sortaient de l'usine à la chaîne
Je suis le dragueur des usines
Le don Juan des ouvrières
Mais il  n'y a plus d'usine
Y a plus d'ouvrières
Plus une seule sur terre
Tous les jours elle travaillaient
Mis à part le 1er mai
Où elles défilaient très fières
Avec leur classes ouvrière
Les temps changent
La vie est étrange
Aujourd'hui je débauche
Au bureau d'embauche
Depuis qu'il n'y a plus d'usines
Je débauche les jolies chômeuses
Ces filles sont mon but ultime
Je veux toutes les rendre heureuses
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Le dragueur des usines
Le don Juan des ouvrières
Mais il n'y a plus d usine
Y a plus d'ouvrières
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Toutes
Toutes
Toutes
Toutes
Toutes

vendredi 24 mai 2019

L'avenir d'un jeune britannique dans les aciéries dans une chanson de 1979 : "Making Plans for Nigel" de XTC


Interprétée par le groupe britannique XTC, ce hit de 1979 nous renvoie curieusement à la triste actualité économique. Ecrite par le bassiste du groupe, Colin Moulding, elle exprime le point de vue d'un couple de parents dont le fils, Nigel, travaille dans une aciérie. Pour leur fils chéri, "ils tirent des plans sur la comète", en estimant que, "il a juste besoin d'une main secourable" et que "s'il dit qu'il est heureux, il doit être heureux, heureux dans son travail". Et pourquoi donc ? Parce que "son avenir se dessine au sein d'une aciérie", et que "sa voie est toute tracée et son futur est aussi bon  que scellé.
Une prophétie peut-être teintée d'ironie au moment où la Grande Bretagne se préparait à affronter la pire crise industrielle de son histoire sur fond de "thatchérisme".
Si l'on reparle des aciéries britanniques en 2019, c'est parce que British Steel, sur le point de reprendre l'aciériste français Acoval en grande difficulté, serait elle même sur le point de déposer le bilan. Le secteur est loin d'être redressé en Europe alors qu'il est florissant en Chine grâce à des coûts de main d'oeuvre moindres . En attendant, "We're only making plans for Nigel ..."

La vidéo sur Youtube :


Le texte sur Google :

We're only making plans for Nigel
We only want what's best for him
We're only making plans for Nigel
Nigel just needs this helping hand
And if young Nigel says he's happy
He must be happy
He must be happy in his work
We're only making plans for Nigel
He has his future in a British steel
We're only making plans for Nigel
Nigel's whole future is as good as sealed
And if young Nigel says he's happy
He must be happy
He must be happy in his work
Nigel is not outspoken
But he likes to speak
And loves to be spoken to
Nigel is happy in his work
We're only making plans for Nigel

Texte : Colin Moulding
Making Plans for Nigel © Sony/ATV Music Publishing LLC, Warner/Chappell Music, Inc, BMG Rights Management US, LLC

samedi 23 janvier 2016

Monsieur Hulot dans l’industrie plasturgique : « Mon oncle », un film de Jacques Tati (1958)

En critique avisé de l’époque moderne voir moderniste au travers du regard ingénu et poétique de son personnage récurrent, M. Hulot, Jacques Tati ne pouvait faire l’économie d’une satire de l’entreprise industrielle du 20ème siècle. Dans « Mon oncle », son film de 1958, il s’attache à railler la société de consommation dont son héros à l’imperméable caractéristique est très éloigné, par la description d’une de ces familles résidant dans une de ces habitations futuristes que l’on nous prédisait à l’époque. Cette maison, située dans la banlieue parisienne est tenue par la sœur de Hulot, Mme Arpel, qui passe ses journées à jouer avec les tout nouveaux appareils électroniques qui lui jouent parfois des tours, ou qui effraient Georgette, la bonne. Elle refusera ainsi de passer devant des capteurs qui doivent libérer ses employeurs bloqués dans le garage après que la porte automatique se soit refermée à cause du passage du chien de la famille.
Le chef de famille, M. Arpel est directeur d’une entreprise de fabrication de tuyaux en plastique, la Plastac. Le site de fabrication qui se trouve visiblement dans l’une de ces nouvelles zones industrielles de la périphérie, produit 40 000 m de tube par mois, une production en continu, matérialisée par un long serpent que portent sur l’épaule les ouvriers qui déambulent dans les couloirs ou à l’extérieur des bâtiments.
Le couple vit dans l’illusion du bonheur ostentatoire, exhibant sa richesse et ses nouvelles acquisitions à son voisinage, ses relations professionnelles ou à sa famille et ne comprenant pas que M. Hulot se complaise dans une vie faite de bonheurs simples et authentiques qui ravissent son neveu, ce qui pourrait devenir subversif. Ils tentent donc de le faire embaucher au sein de la Plastac comme opérateur de fabrication. Ce sera un échec puisque le grand échalas ne réussira pas à s’adapter aux exigences de la chaîne de production, adoptant au passage des attitudes et un comportement proches de ceux de Charlie Chaplin dans « Les Temps modernes », un film que nous ne tarderons pas à traiter dans ce même blog.
L’intégration du nouveau salarié passe par le service du personnel, dont le chef, M. Walter, lui expose les horaires de travail : de 8 h à 12 h et de 13 h à 18 h, l’heure de pause étant réservée au déjeuner. Le jour de repos est le dimanche, ce qui nous rappelle qu’à cette période, on travaillait aussi le samedi.
La matière première est constituée de différents objets en plastique, destinés au rebut, ce qui peut paraître surprenant pour un temps où les préoccupations environnementales étaient totalement étrangères. Ces déchets sont curieusement livrés par une charrette attelée à un cheval, concession faite à cette modernité ; c’est d’ailleurs par ce moyen de locomotion que M. Hulot quittera la fabrique accompagné de son jeune neveu, l’équipage emportant également une partie des « produits non conformes » générés par la négligence de cet oncle décidément inapte à intégrer cette société de la fin du 20ème siècle. En effet, chargé de surveiller un processus de fabrication, il finira par somnoler, bercé, il est vrai par le jet continu de vapeur continu d’une tuyauterie. La machine se dérègle, elle est prise de hoquets, au lieu du long et lisse boudin de caoutchouc, elle vomit un tube ponctué de turgescences, régulières au début tel un chapelet de saucisses, puis totalement difformes ensuite, malgré ou à cause de l’intervention de notre sympathique ouvrier. Un de ses collègues, portant comme la plupart des lunettes noires, un masque et des gants, est pris d’un fou rire, tandis que Pichard, vêtu d’une blouse blanche et que l’on pourrait apparenter à un directeur de production, se désespère et s’efforce de cacher le désastre à un client à qui le directeur est en train de faire visiter l’usine.

L’expérience ne durera donc pas plus d’une journée. De cette entreprise moderne, nous pourrons noter qu’elle est organisée selon le
Taylorisme
, avec un management très structuré que l’on retrouve dans l’organisation. Le directeur bénéficie par exemple de a propre place de parking. La Plastac dispose aussi d’un pool de secrétaire-dactylographes devant lequel M. Hulot passe alors  qu’il va rejoindre son poste de travail. Incorrigible, il ne manquera pas de jouer avec le chien du directeur, son beau-frère. C’est qu’à l’époque, il n’était pas rare de voir les dirigeants venir au bureau accompagnés de leur animal de  compagnie.



dimanche 27 décembre 2015

Le recyclage d’appareils électroniques dans un ESAT dans le film "Superstar" de Xavier Giannoli (2012)

"Superstar" pourrait faire l'objet d'une étude sur les conditions de travail dans le monde impitoyable de la télévision et plus encore sur les relations interpersonnelles épouvantables et la manipulation dont sont victimes ou coupables les producteurs et les divas du  petit écran et leurs collaborateurs. Le sujet, improbable mais interpellant, est celui de Martin Kazinski, un anonyme qui, à cause des réseaux sociaux, est projeté sur le devant de la scène, sans que l'on sache pourquoi et comment cette célébrité involontaire ait commencé. La réflexion proposée par le réalisateur réside dans la puissance et la dangerosité des nouveaux médias, et leur capacité à fabriquer des stars totalement artificielles et éphémères.
C'est sous l'angle de l'entreprise industrielle que nous l'évoquerons, même si cette partie est la plus réduite dans ce film de Xavier Giannoli de 2012. Au tout début, avant de devenir « l'homme qui ne voulait pas être célèbre », Martin est ouvrier dans une entreprise dont l'activité est de «désosser» des appareils électroniques afin de les recycler. Avec une particularité puisque, sans que l'on sache s'il s'agit d'un E.S.A.T.  (Etablissement et Service d'Aide par le Travail), les salariés sont composés en partie de travailleurs  handicapés, déficients mentaux. Martin est très proche d'eux, plus encore d'un jeune trisomique qui ne traite que la touche «x» des claviers d'ordinateurs, cette proximité permet au réalisateur d'appuyer un peu plus sur la superficialité du monde de la télévision comparé à celui d'une entreprise industrielle, dont les ouvriers sont même improprement qualifiés de «débiles légers» au milieu du film.
Il est à noter que ces salariés portent des tenues très ressemblantes à ceux de Bretagne Ateliers, une entreprise adaptée dont nous avons parlé dans ce blog (Comment Bretagne Ateliers gère ses compétences), et qui semble poursuivre son activités après avoir subi les affres de la crise automobile de ces dernières années.

mercredi 2 décembre 2015

L'Italie au travail dans un livre de photos de Gianni Berengo Gardin (Editions La Martinière)

La photographie n'est pas absente des arts qui immortalisent le monde du travail. Bien que l'image soit figée, elle nous renseigne assez précisément sur le contexte dans lequel s'exercent les métiers et les professions au fil du temps. L'oeuvre de l'italien Gianni Berengo Gardin en constitue un exemple probant. Dans le livre publié par Les Editions de La Martinière il y a quelques années (2005 ?), le monde du travail apparaît dans plusieurs des chapitres de ce très beau volume.


C'est le plus logiquement dans la partie "Travail" que l'on voit des scènes de travaux des champs, telles la récolte des olives en Italie ou les moissons, mais aussi des photos représentant des ouvriers sur des chantiers navals, apparemment en train d’exécuter des opérations de maintenance. Un autre cliché montre un groupe d'hommes se dirigeant en ordre dispersé vers les grues d'un port de commerce, peut-être à l'issue du déjeuner. D'autres images représentent des scènes se déroulant dans les gares ferroviaires. Sur deux photos différentes, c'est l'artisanat qui est mis à l'honneur puisque l'on voit des miches de pain disposées sur des planches, portées par des personnes, dans la rue ; certainement des livreurs. et peut-être en forme de clin d’œil, c'est aussi un photographe ambulant qu'il est loisible d'observer au premier plan d'une prise de vue, tenant dans les mains un appareil en piteux état, alors qu'à l’arrière plan, un écolier en blouse, peut-être son dernier modèle, semble s'échapper sur le trottoir.
Dans la partie "A Venise", on peut voir un facteur arrêté sur la route devant son vélomoteur ou encore des dockers manipulant de lourds câbles destinés à amarrer les bateaux aux bittes du quai, mais aussi des artistes de cirque à l'échauffement, une femme soignant un cheval, des boxeurs, ainsi que des opérateurs de fabrication à l'oeuvre sur des chaînes mécanisées. Le plus surprenant et le plus réaliste réside dans une photo qui montre un policier en civil en train d’arraisonner un malfrat allongé au sol sous l’œil d'agents en uniforme, en pleine rue.
Le chapitre "Femmes", tout logiquement, permet de contempler des ouvrières agricoles au travail ou des femmes dont on ignore le statut, salariées ou épouses d'agriculteurs, qui disposent des écheveaux de fibres sur des tréteaux pour les faire sécher au milieu de la rue d'un village.
Les relations au monde du travail dans le chapitre "Empathie" se limitent à deux scènes de manifestations de rues, menées par ceux qui semblent des ouvriers, dont certains affichent une banderole sur laquelle est inscrite le slogan "No alla cultura dei padroni", c'est à dire "Non à la culture des patrons". Quant à la partie "Paysage", une vue laisse imaginer deux sauniers (ou saulniers) marchant au bord d'un marais salant, portant sur l'épaule leur outil servant à récolter le sel.
C'est très naturellement, du moins chronologiquement, dans la dernière partie du livre, "Vie de province" que Gianni Berengo Gardin nous dépeint la fin de la carrière. Ce sera sous la forme d'un groupe d'hommes âgés, tous revêtus d'un couvre-chef, chapeau ou casquette, assis face au photographe, tournant le dos à l'entrée d'un local au fronton duquel est inscrit "Societa operaia" (société ouvrière). Ce qui laisse penser que ce sont les membres d'un cercle de retraités d'une Société de secours mutuel, comme il en existait beaucoup en Italie. qui se retrouvent quotidiennement pour bavarder, jouer aux cartes, ou passer le temps.

vendredi 16 octobre 2015

L'usage des stupéfiants à l'usine dans une chanson des Charlots "T'es à l'usine Eugène" (1981)


Dix ans après leur grand succès de 1971, "Merci patron" que nous avons évoqué sur ce blog, les  "Charlots" font à nouveau référence au monde de l'entreprise, plus précisément l'industrie, avec cet autre titre "T'es à l'usine Eugène". Dans la même veine que leur précédente chanson, mais sur un rythme reggae, le groupe populaire raconte les errements d'un collègue ouvrier, Eugène, qui semble moins préoccupé par "sa clé de douze" que par l'usage de produits stupéfiants "qui feraient flipper le Docteur Olivenstein". Ce psychiatre médiatique, spécialisé dans le traitement de la toxicomanie, que l'on voyait apparaître sur les écrans de télévision dès qu'il était question du sujet, de 1970 jusqu'à l'an 2000, était surnommé le "psy des toxicos".
Si, à l'époque, l'usage de drogue dans le monde professionnel n'était pas mentionné comme un phénomène répandu, beaucoup moins qu'actuellement, les symptôme ne laissent aucun doute . Eugène, affiche un "pupille incertaine", éclate de "rire comme une baleine"et "danse en bossant à la chaîne "ce qui altère la productivité : "Tu fais tomber la moyenne". Ce que le patron ne semble pas apprécier : "Le patron n'a pas l'air d'aimer tes confidences sur le reggae".
Comme leur précédent opus, et toujours sur un air léger, les "Charlots" nous plongent donc à nouveau dans le monde ouvrier sur un mode humoristique, à grand renfort de jeux de mots, sans aucune prétention.

Pour lire l'ensemble du texte de la chanson : "Tes à l'usine Eugène".

lundi 25 mai 2015

Une unité de sablage dans "Le jour se lève", le chef d'oeuvre de de Marcel Carné (1939)

"Le jour se lève", le film de Marcel Carné,  est avant tout un drame. C'est aussi une réflexion sur le sort des ouvriers, avec peut-être un parallèle avec la vie d'artiste ou de bohème personnifiée par Valentin (Jules Berry) le dresseur de chiens que tout oppose à François le sableur (Jean Gabin).
François est ouvrier dans un , il est affecté à une unité de sablage, endossant chaque jour sa combinaison qui ressemble à un scaphandre et manipulant une lance projetant du sable et de l'abrasif dans le but de décaper de grosses pièces usinées.

L'atmosphère est hostile, au point de flétrir en quelques minutes le bouquet que tient Françoise, la fleuriste (Jacqueline Laurent) en visite dans les ateliers. Ce sera leur première rencontre et l'unique plan tourné au sein de l’usine. Pour atténuer les effets de la poussière produite par la projection de sable, François boit régulièrement du lait dont il propose un verre à la jeune femme, tandis qu’un de ses collègues préfère le vin, sans pour autant que Carné ne fasse allusion aux problèmes d’alcoolisme du monde ouvrier.
L'entreprise représenterait même ici la vertu, car à la blancheur du lait il faut ajouter la propreté du prolétaire qui se lève chaque matin et, qui déclare avec certes une pointe d'ironie "le travail c'est la santé et la liberté". "Y'a une bonne petite place à prendre" lancera-t-il avec un peu plus de sarcasme aux badauds , alors qu'il est sur le point d'être arrêté par les policiers. 
A l'opposé, Valentin représente le vice, le mensonge et la manipulation, pour lui le travail de François est "malsain", et pas seulement au sens propre du terme. L'ouvrier de son côté considère que les bonimenteurs de son espèce sont comme "le sable en dedans" qui peu à peu dévore les poumons du sableur, au point que ses collègues doutent que les gaz lacrymogènes utilisés par les forces de l'ordre pour le déloger de sa chambre où il s'est retranché puissent avoir de l'effet.
Et c'est la sonnerie du réveil-matin de l'ouvrier qui ponctue le chef d'oeuvre de Carné juste après que François  se soit donné la mort.
Si l'entreprise ne fait l'objet que d'un seul plan, il est à noter le niveau de modernité des équipements et des postures de ce poste de sablage pour un film qui remonte à 1939.


mardi 17 février 2015

Adriano Celentano à la tête d’un mouvement social dans « Rosso bianco e …» un film d’Alberto Lattuada (1972)


Dans ce film d’Alberto Lattuada de 1972, sorti en France sous un titre peu évocateur, voire trompeur (Une bonne planque), Adriano Celentano endosse les habits d’un drôle de patient atteint d’une infirmité de la jambe, Annibale Pezzi, qui occupe depuis 2 ans un des lits de l’hôpital de la ville, avec la complicité du Maire, grâce à son appartenance au Parti Communiste. Il y fait régner sa loi, s’introduit partout, jusque dans la salle d’opération, et ne quittera l’établissement  que sous la contrainte de Germana, la nouvelle mère supérieure magnifiquement interprétée par Sophia Loren. Chassé de son refuge, Annibale deviendra infirmier de campagne, grâce aux connaissances acquises pendant ses années « d’études » au sein des différents services de l’hôpital, puis prendra la tête d’un mouvement social organisé par les ouvriers de la Polovo, une unité de conditionnement d’œufs.
Cet engagement lui sera fatal, il sera renversé par une automobile occupée par quatre brigands qui viennent de dévaliser la banque locale et qui tentent de forcer le barrage mis en place par les manifestants, non sans avoir roulé sur les boîtes d’œufs disposés par les ouvriers, dans une scène allégorique.
Outre la conduite de ce mouvement prolétaire qui survient à la fin du film, Annibale aura eu précédemment l’occasion de s’exprimer sur les conditions de travail. Lors de l’arrivée à l’hôpital d’un ouvrier qui a eu le bras sectionné par un massicot, scandalisé, il déclarera « qu’il ne faut pas utiliser les équipements de sécurité, qu’il n’y a pas d’enfants dans les usines », reprenant ainsi une litanie populaire qui, comme par défiance à l’autorité, laisse entendre que ce sont justement ces dispositifs de sécurité qui provoquent les accidents.

Un point de vue aux antipodes du combat du médiatique chanteur et acteur italien pour l’amélioration des conditions de travail et la lutte contre les accidents du travail, le « morti bianche », un sujet notamment traité dans son film « Yuppi Du » traité dans ce blog.



samedi 28 juin 2014

"Des vivants et des morts" : une fresque sociale de Gérard Mordillat autour d’une fabrique de fibre plastique.

La diffusion sur Arte de cette mini-série en 8 épisodes, "Des vivants et des morts", remonte à mai 2012. Faute d’avoir lu le livre, nous pouvons raisonnablement penser qu’elle respecte fidèlement l’œuvre dont elle est tirée puisque c’est Gérard Mordillat qui l’a adaptée lui-même à partir de son propre roman (Les vivants et les morts - Calmann Lévy 2005)
L’histoire est plausible, nous découvrons une entreprise industrielle assez classique, une fabrique de fibres plastiques la K.O.S. dans laquelle les salariés sont impliqués au plus haut point. Ils iront jusqu'à risquer leur vie pour sauver leur outil de travail suite à une inondation. Avec certes, un soupçon de romanesque, mais c’est le parti pris de l’auteur pour montrer ce degré d’investissement des ouvriers. Les différents protagonistes sont correctement installés dans leurs rôles, les acteurs sont convaincants, Robinson Stévenin en tête. Le réalisateur ne nous donne pas à voir des caricatures de personnage.
Les premières scènes permettent d’évaluer les stratégies des différentes classes sociales au travers de leurs représentants : actionnaires, dirigeants ou salariés. Car toute la trame s’articulera autour de  la réduction d’effectifs, avec d’inévitables licenciements à la clé, voire de la fermeture pure et simple de l’unité de production. Un événement qui touche Rudy (Robinson Stévenin) dont l’épouse Dallas doit effectuer des heures de ménages chez un médecin pour que le couple puisse s’en sortir. En effet, pour faire face aux dépenses et au remboursement du foyer, le  salaire de son mari ne suffit pas. Ce dernier refusera un poste de maîtrise dans la nouvelle organisation, ce que s’empressera d’accepter son meilleur ami à qui le poste est ensuite proposé. La trahison, donc, mais aussi la peur avec la situation difficile d’une autre salariée, une jeune femme dont le mari est en « longue maladie », et qui voit s’abattre sur elle la menace d’une perte de revenus.
Sans abandonner totalement le parcours des protagonistes, la suite de la série prendra un tour davantage politico-financier, avec le rachat de la K.O.S. par un groupe américain, une délocalisation et la mise en relief très réaliste de l’impuissance des élus ou des institutions, Maire, Préfecture, Direction du travail … face aux lobbies financiers.
Les salariés se replieront alors dans un état de résistance proche d’un état de guerre qui aboutira à une prise d’otages au sein du site de production.
Sur un plan sociologique, Gérard Mordillat décrit aussi les mécanismes qui, en période de crise, conduisent à la xénophobie et au racisme.
Une série réussie, on pourra seulement regretter quelques excès dans le scénario, à l’instar de ce Directeur Général qui, par amour pour une salariée, quitte sa femme et ses filles, dont l’une d’elles est tombée enceinte à la suite d’une relation avec un apprenti de l’entreprise.

Pour retrouver un bref résumé des 8 épisodes, voir le site d'Arte.

dimanche 9 mars 2014

Harcèlement en entreprise dans la série "Boulevard du Palais" (France 2)

Boulevard du Palais est une série policière française diffusée depuis 1999. Elle met en scène des personnages récurrents, aux personnalités bien trempées, qui gravitent autour de la "petite juge" Nadia Lintz interprétée depuis l'origine par Anne Richard.
 Jean François Balmer, dans le rôle du Commandant de police judiciaire Rovère, devenu alcoolique suite à des accidents de la vie, est l'autre personnage principal. Il  est assisté de l'inspecteur Di Meglio (Philippe Ambrosini ) et d'un médecin légiste poète et philosophe à ses heures, Hannibal Pluvinage, dont les habits sont endossés par l'excellent Olivier Saladin. C'est lui qui au détour d'un échange donnera l'explication de l'intitulé du titre de cet épisode, "trepalium" qui désignait un engin de torture et dont le mot "travail" tire son étymologie. Car c'est dans le monde de l'entreprise que se déroule l'action de ce nouvel opus, avec pour point de départ, le suicide d'un cadre de TSA, Patrick Bello, qui adopte une manière originale, puisqu'il précipite l'automobile dans laquelle il a pris place contre un obstacle dans un atelier de bancs de tests de sécurité situé au sous sol de l'entreprise.
L'intrigue prendra un tour inattendu, puisque l'on découvrira finalement après un second suicide requalifié en homicide, que la dirigeante était en train de vendre l'entreprise qui compte 124 salariés à des concurrents allemands. C'est pour cette raison que, avec la complicité de son DRH, Chauvel, elle a "spolié" Bello d'un logiciel qu'il avait développé qui aurait pu entraver la cession. Le cadre, ne comprenant pas ce qui lui arrive glissera dans une spirale dépressive, bien entretenue par Chauvel qui ira jusqu'à le harceler, lui reprochant son poids, son âge  et même son hygiène en allant jusqu'à lui offrir du déodorant. Cette facette du harcèlement en entreprise semble la moins réaliste car la pression conduisant à une extrémité fatale est généralement plus sournoise. Elle est cependant assez bien décrite dans la première partie de l'épisode, notamment au travers des témoignages des différents personnages.
Son épouse d'abord, effondrée à l'annonce de la terrible nouvelle, qui se rendait compte que "son boulot le vidait de l'intérieur, on lui en demandait trop ou on ne lui demandait rien" ou son fils qui ajoute "il ne parlait pas de son boulot". Le discours du DRH est bien entendu teinté de mensonge, mettant le geste fatal du cadre sur le compte "d'une passe difficile, d'une inaptitude provisoire", mais l'entreprise ne lui en tiendra pas rigueur alors que "d'autres ne se seraient pas gênés pour le virer". Les dirigeants de l'entreprise évoquent aussi  "des difficultés dans le couple" ainsi que "des rumeurs de relation avec une fille", une des anciennes salariées, elle aussi victime de pressions, et qui avait été licenciée "pour abandon de poste", mais après qu'un mél d'insultes ait été adressé à sa patronne depuis son poste informatique. C'était en fait le résultat d'une première manipulation du DRH.
La position du médecin du travail est plus ambiguë. Il est d'abord difficile de comprendre où elle se situe physiquement, tant elle semble impliquée dans l'entreprise. Les permanences régulières qu'elle assure au sein de  l'établissement et qui génèrent cette impression sont très éloignées de la réalité. Elle expliquera "les troubles du sommeil" de Patrick Bello par la pression infligée par "la nouvelle stratégie de l'entreprise", et déplorera le manque de communication qui se traduira entre autres par le "remplacement de la machine à café par des cafetières individuelles disséminées dans les bureaux". A l'issue du premier décès elle sera bien sûr partie prenante de la cellule psychologique constituée avec Chauvel, un DRH décidément machiavélique qui introduira un logiciel mouchard dans le poste informatique de la thérapeute et qui fera aussi chanter sa patronne.
Les héros de la série de France Télévision ont sur ce petit monde un regard distancié mais peu critique, restant dans leur rôle. La" petite juge" rappellera la difficulté de "prouver le harcèlement" dans ce genre d'affaires, alors que Pluvinage confirmera les troubles du sommeil de Bello, qui "carburait aux calmants et somnifères". Le commandant Rovère se limitera à observer que le DRH "n'est pas submergé par les rendez-vous" mais la fille adoptive du policier montrera toute l'incompréhension dont souffrent les victimes de harcèlement car elle ne comprend pas que l'on puisse "se foutre en l'air parce qu'on est pas capable de dire non à un chefaillon".
C'est l'inspecteur Di Meglio qui sera le plus mordant, fidèle à son habitude, se lâchant d'un commentaire peu amène à l'attention du médecin du travail : "votre paie vient des cotisations patronales". La réalité n'est pas aussi simple, même si la médecine du travail est plutôt au service des employeurs, ce que les salariés ont du mal à comprendre. Ceux-ci se lamentent souvent du peu de profondeur des diagnostics des médecins du travail, mais ils ne doivent pas oublier que la mission de ces derniers lors des visites médicales n'est pas de contrôler la santé du personnel, mais de vérifier son aptitude. Dans le cas contraire, c'est le licenciement qui guette ...
En résumé, cet épisode reste assez réaliste,  seules quelques concessions imposées par le scénario nous éloignent des conditions réelles de l'entreprise, à l'exemple du comportement du DRH. Il rappelle sous certains aspects un épisode le la série "La crim" traité dans cet article de notre  blog ou "Seule", cet excellent téléfilm qui fait l'objet de l'article le plus lu de ce blog.


lundi 21 octobre 2013

"La Fabbrica" : une pièce de théâtre d'Ascanio Celestini

La "Fabbrica" est une pièce appartenant à un genre à part, le  théâtre-récit.  Dans la lignée de Dario Fo, l'auteur, Ascanio Celestini, décrit "le vécu physique de l'usine", au travers d'histoires ou de luttes syndicales, mais aussi l'apprentissage par l'observation et la répétition des gestes. L'ouvrier n'est pas capable d'expliquer son métier à l'aide de paroles,c'est son corps qui le vit et le mémorise. C'est donc par des gestes et des attitudes qu'il peut l'exprimer.
Ascanio Celestini, lui-même fils d'ouvrier, dresse aussi  un panorama de la réalité industrielle et politique de l'Italie du 20ème siècle, au travers de l'histoire des travailleurs que sont le chef manœuvre amputé d'une jambe, son père et son grand-père, tous trois prénommés Fausto, ou du patron de l'usine. Autour d'un haut fourneau et de ses températures insupportables, la légende de l'industrie se construit : "Celle de l'origine où les ouvriers étaient forts comme le bronze et hauts comme les géants; celle des ouvriers aristocratiques rendus indispensables à la production jusqu'à être exemptés du service militaire durant la Grande Guerre et tolérés par le régime fasciste malgré leurs idées communistes ou anarchistes; et enfin la période contemporaine avec une usine qui réduit le nombre de ses travailleurs." (Source : www.théatre-contemporain .net).

Ascanio Celestini à la foire du livre de Turin en 2008 (Wikipedia.fr)


mardi 3 septembre 2013

Un livre d'art sur les SCOP (Sociétés Coopératives et Participatives) : "Ceux qui aiment les lundis" (Editions du chêne)


Les Editions du chêne demeurent une référence dans l'édition de beaux livres, riches de photos de qualité. Celui-ci, sans faillir à la tradition, prétend aussi exprimer le bonheur de travailler que ressentent les membres du personnel de ces SCOP, les Sociétés Coopératives et Participatives, des entreprises gérées démocratiquement par des salariés-coopérateurs. Si à l'origine elles comptaient dans leurs rangs essentiellement des entreprises de fabrication artisanales ou industrielles, elles concernent de plus en plus le secteur du commerce ou des services, ce qui explique l'abandon de leur dénomination initiale : "Société Coopérative Ouvrière de Production".
Le titre de ce bel ouvrage, "Ceux qui aiment les lundis", parait ne laisser aucune ambiguïté sur le bonheur que procure le fait de travailler pour sa propre "boîte". A une époque où la perte de sens affecte le monde de l'entreprise, la SCOP serait une solution idéale pour redonner du sens au travail et améliorer les conditions de travail. Leur nombre croissant, elles sont actuellement 2 000 et fédèrent 40 000 salariés, tout autant que la joie affichée par les salariés mis en scène sur les différents clichés de ce livre semblent le confirmer.

Ceux qui aiment les lundis
Edition du Chêne - Collection : Photo-reportage
EAN : 9782812307386
Pages : 120
Prix : 29.90 €

lundi 4 février 2013

"La Charrette", une chanson de Florent Marchet

La relation au monde de l'entreprise n'est pas toujours évidente, dans cette chanson de Florent Marchet, un artiste d'origine berruyère. Si, dans le refrain, il est bien question de "charrette", un terme actuellement moins usité, mais employé à l'origine pour désigner la liste des salariés d'une entreprise touchés par un plan de licenciement colectif, seul le mot "usine" trouvé dans le dernier couplet se rapporte à l'entreprise. Les références à la famille et aux enfants peuvent laisser poindre une situation dramatique, mais ce sentiment est contrebalancé par un départ en vacances et des promesses de ballade en forêt, plus proches d'un départ en préretraite qu'un licenciement pur et dur.
Pour retrouver les paroles, fautes d'orthographe incluses, consulter le site www.www.parolemania.com.
Dans les années 70 et 80, "faire partie de la charrette" prenait souvent un ton dramatique, la société n'était pas encore rompue aux nombreuses suppressions de postes, et l'expression elle même n'était pas sans rappeler l'image des condamnés conduits à l'échafaud dans ce véhicule hippomobile.
Aujourd'hui, dans le monde de l'entreprise, le terme "charrette" s'emploie pour qualifier la difficulté à faire face à une échéance, pour, par exemple, terminer un projet dans les temps. D'après  wikitionnary.org l'éthymologie en est d'ailleurs très précise.

Nous vous conseillons cette video de "La charette" un titre aux sonorités entraînantes :

mardi 1 mai 2012

Un feuilleton médiatico-social des années 70 dans une fiction télévisée : l’affaire LIP


L’affaire LIP telle qu’on l’évoquait dans les journaux télévisés ou à la radio à l’époque, a fait grand bruit . Les  évènements ont débuté le 12 juin 1973, à l’annonce d’un plan de licenciement touchant les ouvriers de LIP, un fabricant de montres de Besançon. Tous les éléments d’une dramatique sociale sont réunis : l’entreprise est au plus mal, au cours du Comité d’Entreprise, plutôt houleux, des ouvriers trouvent dans une serviette  arrachée à l’un des administrateurs, un papier qui fait état d’une prévision de 480 licenciements. C’est un autre administrateur qui sera séquestré au cours d’une nuit pendant laquelle les salariés découvriront le projet de suppression de l’échelle mobile des salaires et leur blocage. Les syndicats, encore sur la lancée de mai 68, s’impliqueront dans la lutte, le gouvernement également, avec différents projets de relance ou de reprise, les ouvriers eux-mêmes essaieront de s’accaparer l’outil de production pour un redémarrage en autogestion. Le mouvement prendra une dimension régionale, avec des mouvements de grèves touchant d’autres entreprises du Jura, une manifestation de plus de 100 000 personnes dans les rues de Besançon, et même des arrestations suite à la tentative d’occupation de l’usine. C’est la première fois qu'une affaire fut autant médiatisée, elle annonçait malheureusement le début d’une série qui se poursuit encore aujourd'hui au travers des fermetures récentes de sites de fabrication.
C’est cette affaire que retrace Dominique LADOGE dans le documentaire (ou docu-fiction ?) « L’été des LIP » qui sera diffusé samedi 5 mai 2012 sur France 3 à 20 h 35. Ce film a obtenu le prix du meilleur réalisateur et le Pyrénées d’or de la meilleure fiction au 13ème Festival de créations télévisuelles de  Luchon en 2011.

dimanche 11 mars 2012

De mémoire d'ouvriers : le nouveau film de Gilles PERRET



Dans la veine, semble-t-il de son excellent Ma mondialisation, Gilles Perret propose un nouvel opus de son  histoire sociale française, sous le prisme de l'histoire industrielle de la Savoie, et, de nouveau des effets de la globalisation sur cette région.
Pour Telerama, le film présente "des témoignages forts, en particulier ceux des travailleurs âgés qui ont connu des conditions de travaildures, mais aussi la vigueur d'une solidarité aujourd'hui disparue", mais le magazine culturel national regrette " une facture un peu vieillotte, façon ORTF, qui en aténue la portée".

Pour Le Monde, l'oeuvre de Perret "repose sur la repose sur la parole, d'autant plus forte qu'elle est ancrée dans l'histoire locale, d'historiens et d'ouvriers", et "raconte l'épopée d'une vie rude mais solidaire où le paternalisme patronal, les revendications sociales, la fierté du travail, le cosmopolitisme universaliste, la foi dans le progrès, la dignité d'une retraite durement gagnée façonnaient une culture spécifique". Des valeurs submergées par "la puissance dissolvante du libéralisme économique et du capitalisme mondialisé", au profit d'actionnaires "invisibles et omnipotents" dont les ravages sont visibles en Savoie : "usines démembrées, travail dévalorisé en faveur de la seule logique du profit, ouvriers précarisés et démotivés".

Le site officiel du film : De mémoire d'ouvriers


mercredi 17 août 2011

Conditions de travail dans la chanson : l'industrie métallurgique pour Yves Montand et Bernard Lavilliers

Les références à l'industrie lourde sont certainement nombreuses, mais puisqu'il faut bien commencer, nous commencerons par une simple allusion à la condition du "tourneur chez Citroën", évoquée par Yves Montand dans "Les grands boulevards (Paroles: Jacques Plante. Musique: Norbert Glanzberg   1952 © MCA Caravelle). "Pas riche à millions" et ne pouvant pas se "payer des distractions" du moins " pas
Tous les jours de la semaine", son plaisir "dès le travail fini" est d'aller se promener sur les grands boulevards pour y jouir du spectacle de la rue.


Yves Montand - Les grands boulevards par Salut-les-copains

Plus près de nous, Bernard Lavilliers, fils d'ouvrier qui a lui même travaillé à la Manufacture d'armes de Saint-Etienne, nous chante la complainte d'un sidérurgiste dont l'entreprise a fermé, mais qui voudrait, comme le dit le refrain "Travailler encore" l'acier rouge de ses "Mains d'or" qui donnent le titre à ce succès de 2001.
Malgré des conditions de travail pénibles, "J'ai passé ma vie là - dans ce laminoir, Mes poumons - mon sang et mes colères noires", la perte de l'emploi est dramatique. Perte du moyen de subsistance, peu rémunérateur, "J'me tuais à produire, Pour gagner des clous", perte de statut social , "J'peux plus exister là, J'peux plus habiter là" ou "Je sers plus à rien - moi Y'a plus rien à faire" , la logique financière est pourtant implacable, la fabrique doit fermer "Tombés sur le flan - giflés des marées
Vaincus par l'argent - les monstres d'acier" et les effets demeurent incompréhensibles pour les ouvriers : " Quand je fais plus rien - moi Je coûte moins cher - moi Que quand je travaillais - moi D'après les experts"


Bernard Lavilliers - Les Mains D'Or par Bernard-Lavilliers







mercredi 9 mars 2011

Cinéma : les délocalisations en Chine vues depuis l'Italie


Après le film de Gilles PERRET qui traitait des effets causés sur notre économie par les délocalisations,  c'est ensuite le réalisateur italien Gianni Amelio qui traite de la mondialisation dans sa dernière oeuvre. Mais si le film de PERRET nous le faisait vivre depuis la France, l'action de "L'étoile imaginaire", curieusement re-baptisé "L'étoile manquante" par Entreprise & Carrières", se situe dans l'un des principaux pays bénéficiaire des délocalisations.
Le film raconte en effet l'histoire d'un responsable de la maintenance d'un fabricant transalpin de machines-outil qui doit se rendre en Chine après s'être aperçu qu'une des machines qu'il y a expédiée présente un défaut majeur. Afin d'éviter une catastrophe, il part sur le champ, et entame un périple qui l'emménera jusqu'en Mongolie intérieure. Accompagné d'une interprète, Liu Hua, il découvre avec effarement le gigantisme et les mutations profondes qui affectent le pays.

L'étoile imaginaire (La stella che non c'è) de Gianni Amelio, avec Sergio Castellitto, Ling Tai, Angelo Costabile.

Sources : Entreprise & Carrières (2007) et Allociné

dimanche 6 mars 2011

325 000 Francs de Roger Vailland : l'industrie plasturgique dans les années 50

Ce livre de Roger Vailland, écrit pendant sa période "communisante" est non seulement passionnant dans son récit, mais également intéressant au titre du regard qu'il porte sur les conditions de travail dans une usine près d'Oyonnax. Le principal personnage, Bernard, 22 ans, s'efforce de conquérir celle qu'il aime grâce à ses talents de sportif, il dispute des courses cyclistes le week-end, et financièrement, en s'acharnant à son poste de travail où il fabrique des carosses corbillards par injection plastique.Sans dévoiler la fin de l'histoire, on peut noter que les conditions de travail joueront un rôle essentiel dans l'issue de 325 000 francs, dont le titre n'a pas été converti en Euros contrairement à 99 Francs de Beigbeder ...