Affichage des articles dont le libellé est Allemagne. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Allemagne. Afficher tous les articles

samedi 23 mars 2024

"Toni Erdmann" : le monde du conseil et de l'audit international dans un film allemand de 2016 avec Sandra HULLER


Bien avant d'être remarquée pour sa magnifique interprétation dans le multi-primé "Anatomie d'une chute", l'actrice allemande Sandra HULLER interprétait le rôle principal dans le film "Toni Erdmann" en 2016.

C'est l'histoire, plutôt originale, d'un père qui se rend compte que sa fille, consultante pour une grand cabinet international, occupe un poste important empreint de responsabilités, mais que sa vie est insipide.  A l'occasion de l'anniversaire de sa grand-mère maternelle, son père la surprend en train de feindre une conversation téléphonique à caractère professionnel. Elle mène une existence totalement fausse, soumise au monde sans pitié du capitalisme. Quand ce n'est pas elle-même qui instaure une pression, certes sans violence, à sa collaboratrice. Elle lui demandera par exemple de lui prêter son chemisier pour assurer une présentation devant un important client puisqu'elle a tâché le sien de sang. 

Ines Conradi est donc une consultante de haut vol, expatriée à Bucarest, qui cherche à convaincre une grosse compagnie pétrolière américaine de se restructurer, ici en Roumanie, avec à la clé des suppressions de postes, ce qui ne lui pose aucun cas de conscience. 

L'aspect professionnel tel qu'il est décrit demeure plausible, les journées d'Ines sont ponctuées de réunions animées à l'aide de présentation vidéoprojetées, de visites de sites industriels, de réception en ambassades, et de négociations. Inès est très investie dans sa mission, elle cherche à évoluer et doit normalement prendre un poste plus important en Chine. Elle en paie le prix fort puisqu'elle ne relâche jamais la pression et ne laisse jamais rien au hasard, elle cherche régulièrement à s'évaluer et bénéficie même de l'apport d'un coach extérieur. Les luttes de pouvoir entre les différents collaborateurs est perceptible, cependant, il semble que tous soient très vigilants au respect de l'égalité et de la diversité. Le sexe et la drogue font bien sûr partie de cet univers, comme tout le reste, ils semblent programmés, organisés comme toute la vie de ces businessmen.

Son père interviendra tel un chien dans un jeu de quilles dans ce contexte de mondialisation, et aidera sa fille à ouvrir les yeux sur le peu de moralité de sa fonction, en comprenant que tout n'est pas si manichéen. Ce sera l'occasion de scènes plutôt drôles bien que peu réalistes. Inès finira par organiser une réunion dans sa suite où elle demandera à ses collègues, sa collaboratrice et son responsable de venir nus. Ce que la plupart exécuteront, pris par l'aveuglement inhérent à ce monde sans foi ni loi.

Le film a bénéficié d'un excellent accueil au Festival de Cannes (2016) au cours duquel il a obtenu le Prix de la critique internationale.


dimanche 10 février 2013

Un téléfilm allemand sur le harcèlement au travail sur Arte


Nonobstant les différences culturelles existant entre nos deux pays, à l’instar de la France, l’Allemagne est également touchée par le problème du harcèlement au travail. Le mal être que subissent les salariés en entreprise ne devrait donc rien à notre tempérament latin, c’est le premier enseignement de ce téléfilm d’outre Rhin sobrement intitulé « Harcèlement » (Mobbing), diffusé récemment sur Arte dans le cadre d'une soirée Thema.
L’histoire narre la lente déchéance professionnelle d’un cadre d’un service culturel d’une municipalité allemande, marié et père de deux enfants. Le scénario est plutôt bien ficelé, la pression monte progressivement, bien que dans la réalité l’évolution de ce genre de phénomène soit plus sournoise. Ici, les événements sont prévisibles, de l’annonce de l’arrivée d’une nouvelle responsable de service, au simulacre de réintégration du principal protagoniste après son licenciement pour faute lourde, en passant par le départ d’un collègue que Jo  prendra comme une véritable trahison.
Les symptômes décrits  sont assez caractéristiques de cette situation : perte d’estime de soi et  dépression qui entraîneront alcoolisme, violence conjugale, verbale et même physique exacerbée par l’incompréhension d’Anja, l’épouse de Jo. Elle fait pourtant preuve d’une extrême lucidité. En parlant par exemple de la responsable tyrannique que l’on ne verra jamais, en ces termes : « Elle ne vous voit pas comme une menace ? ». Ce qui rappelle immanquablement le syndrome du « petit chef ».
Comme l’écrit Isabelle Poitte dans Télérama, « l’agresseur n’a pas de visage » ce qui accentue l’impression d’impuissance de la victime. La parti pris de montrer la déchéance depuis la cellule familiale et essentiellement au travers du regard de l’épouse peut rappeler dans un autre contexte la position de Brigitte (Barbara Schulz) dans un autre téléfilm, français cette fois, « Seule » dont nous avons parlé dans cet article, l’un des plus consultés de notre blog.

"Harcèlement" de Nicole Weegman (Mobbing, Allemagne - 2012) avec Susanne Wolff et Tobias Moretti.