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mercredi 27 juillet 2016

Un représentant de commerce en produits pharmaceutiques dans les années 50 : « Le bigame » de Luciano Emmer (1956).

Dans cette comédie de 1956 de Luciano Emmer, Marcello Mastroianni interprète le rôle de Mario De Santis, un représentant de commerce pour une marque de dentifrices. Il sera accusé de bigamie et incarcéré, avec pour conséquence, le risque de perdre sa fiancée. Il se sortira de cette situation après moultes péripéties, avec le concours d’un avocat fantasque, « l'onorevole Principe » sous les traits d'un impayable Vittorio de Sica.
C’est essentiellement au début de ce film que l’on peut voir Mario dans sa fonction de représentant, assurant la tournée de ses clients, dans une attitude caricaturale, mais peut-être pas aussi lointaine de la réalité de l’époque. Séducteur, il use sans cesse de ses charmes pour convaincre les jeunes femmes travaillant dans les pharmacies de commander son Colodont anti caries, au désespoir des pharmaciens qui n’arrivent pas à écouler leurs stocks pléthoriques. Une démarche à la limite de l’arnaque, qui ne laissera pas une fois de plus une image glorieuse des métiers de la vente. Et ce n’est pas la surprenante  voiture en forme de tube de dentifrice de notre commercial qui donnera envie d’épouser … la profession de ce bigame !
Pour aller plus loin :

mercredi 21 octobre 2015

Manipulation psychologique en entreprise dans "Une étrange affaire", un film de Pierre Granier-Deferre (1981)

Bien que dans les 2 cas ce soit l’univers des grands magasins urbains qui serve de support à l’intrigue, ce film de Pierre Granier-Deferre, « Une étrange affaire » se situe aux antipodes de « Riens du tout » de Cédric Klapish, dont nous avons parlé sur ce même blog.
Si la réorganisation traitée dans la fiction du réalisateur alors tout jeune prenait des accents humains, c’est quasiment un drame qui se joue dans la fiction de son aîné. Celui-ci décrit avec une rare acuité, déjà en 1981, les mécanismes de la manipulation psychologique exercée par un patron sur ses salariés en général, et en particulier sur un jeune cadre, Louis Coline, figuré sous les traits de Gérard Lanvin.
Après le décès soudain du directeur de l’enseigne « Les Magasins », un commerce de centre-ville de type « Les Galeries Lafayette », un nouveau dirigeant, Malair (Michel Piccoli) est nommé. Son arrivée suscite un climat anxiogène : on ne donne pas son nom, ce qui laisse planer toutes les inquiétudes. On l’annonce à Bâle, puis à Madrid ou encore à Sarajevo, sa réputation s’accroit, la rumeur enfle, il est même question de « charrettes » … A notre époque et sous réserves de connaitre son identité, les salariés se seraient précipités sur Internet pour « Googliser » le nom du futur patron, mais en 1981 …
Alors qu’on ne l’attend plus, il apparaît. Son comportement est irrationnel, Louis le trouve dans son bureau en train de fouiller dans ses tiroirs ; il en extrait avec curiosité des tickets de  PMU ou de Loto. Le jeune homme se présente, et Malair lui demande de ne pas faire état de cette première rencontre. Mais à l’occasion du tour des services que le directeur ne manque pas d'opérer, il montre clairement qu’il connait déjà Louis. Ce qui ne manquera pas d’inquiéter le chef du service « Publicité » dans lequel travaille le jeune homme. La relation très ambiguë se poursuit, le nouveau dirigeant prend le jeune cadre enthousiaste sous sa coupe, indirectement d’abord, par l’intermédiaire de ses bras droits, Paul, le directeur financier (Jean-FrançoisBalmer) et François (Jean-Pierre Kalfon) qui assure la fonction de chauffeur, homme de confiance et garde du corps. Les 2 collaborateurs les plus proches de Malair, d’une très grande complicité avec lui, s’attribuent le bureau de Louis sur qui le travail de destruction psychologique se poursuit : le boss court-circuite son chef et confie le plan publicité stratégique des « Magasins » à Louis qui finit par se montrer flatté de cette confiance. Le mécanisme de manipulation s’accélère, le patron se montre plus direct, parfois trivial et demande à son jeune collaborateur une disponibilité totale qui confine au harcèlement.

La mine de Louis change, on perçoit chez lui la montée du stress bien qu’il persiste à s’enflammer pour son nouveau statut. Fier de cette proximité avec le patron, un soir, en dehors des heures de service, il emmène Nina (Nathalie Baye), son épouse, visiter le bureau que s’est fait aménager le responsable. Alors que l’on annonce 2 licenciements dont celui d’une salariée victime d’alcoolisme, Malair s’incruste encore plus dans la vie privée de Louis. Il débarque un dimanche matin au bar où le jeune homme joue aux courses en compagnie de l’un de ses amis, et le « kidnappe » sous le prétexte fallacieux de travailler un dossier. La journée s’achèvera par un dîner au cours duquel Louis rencontrera la faune bigarrée que compose la cour de son gourou. Puis Malair débarque ensuite un soir pour dormir chez Louis et Nina au motif que des travaux sont en cours d’achèvement à son domicile, allant sans vergogne jusqu’à s’approprier la chambre du modeste appartement du jeune couple et à s’accaparer la cuisine pour s’y préparer un en-cas.
Cette attitude excessive parait totalement impossible dans la réalité, mais Granier-Deferre y a recours pour analyser avec finesse le processus de manipulation psychologique, en s’appuyant par exemple sur les perceptions et les réactions de Nina, l’épouse de Louis. Malair essaiera d’ailleurs de la séduire, l’invitant elle et son époux pour un dîner durant lequel il annoncera que le chef de Louis « les quitte », puis offrant à la jeune femme une montre. Elle finira par prendre ses distances, expliquant à Louis qu’elle « ne le quitte pas pour quelqu’un d’autre », mais « parce qu’il n’est plus personne ». Toujours méfiante, elle essaiera de l’alerter, qualifiant Malair «d’abstrait, comme  Dieu ».
Après le départ de Nina, Louis se réfugie encore un peu plus dans le travail, et finit par s’installer chez son patron, partageant son intimité avec François, obéissant aux caprices de Malair qui le convoque par exemple dans sa salle de bains alors qu’il est en train de se raser, totalement nu. Le mentor devient de plus en plus autoritaire, il prend son collaborateur pour son larbin, puis un jour, il disparaît sans laisser de traces, au grand désarroi de Louis Coline, totalement désemparé. Ainsi que l’analyse judicieusement Guillemette Odicino dans Télérama, aujourd’hui, « on verrait bien Louis Coline témoigner dans un documentaire sur le burn-out ou le harcèlement en entreprise. Car Louis Coline est comme mort. Frappé de stupeur parce que son patron, son gourou, celui pour lequel il a tout sacrifié l’a abandonné. Fidèle à son poste, il attend qu’il revienne … » Et la journaliste de poursuivre : «  Pourtant, cet employé désinvolte qui végétait au service publicité d’un grand magasin n’avait a priori rien pour se transformer en disciple robotisé. Sauf peut-être un vide à combler, une place à se faire ».
Il y a déjà plus de 30 ans Granier-Deferre anticipait les phénomènes de souffrance au travail avec des comportements symptomatiques de surinvestissement, caractéristiques des « workalcoolics » et le constat d’un manque de reconnaissance qui frappe les salariés, plus particulièrement en France. Peu importe l’entreprise, le réalisateur ne nous montre d’ailleurs pratiquement rien de ces « Magasins » dont on sait seulement que le principal concurrent se dénomme « Les galeries » et dont l’espace de vente sera montré qu’à une seule occasion.

Pour aller plus loin : l'article de Télérama


mardi 24 février 2015

Des horaires de travail excessifs chez EDF ... dans la publicité (Campagne EDF : la saga ElectRIC, épisode 5 avec Eric JUDOR ) ?

La publicité peut tout se permettre. Sans être mensongère, elle occulte parfois certains aspects du produit ou du service dont elle vante les bienfaits ou amplifie jusqu'à l'excès ses bénéfices. Et parfois, elle semble faire fi du respect des conditions de travail, comme dans ce 5ème épisode de cette saga plutôt réussie pour EDF, dans laquelle nous retrouvons Eric Judor, le "Eric" de "Eric et Ramzy".
Dans le cadre d'un jeu dans lequel les participants doivent se faire deviner mutuellement des mots par association d'idées, Eric se permet d'appeler au téléphone son conseiller EDFà une heure tardive de la journée, afin de vérifier que la compagnie nationale ne distribue pas de gaz, contrairement à ce que prétendent ses amis. Afin de ne pas perdre le jeu et la face, Eric Judor mentira sur la réponse de son interlocuteur.
Au mécontentement visible de sa compagne qui est en train de se démaquiller avant d'aller se coucher, le salarié du distributeur d'énergie est déjà au lit, prêt à s'endormir, quand il répond au téléphone, ce qui constitue certes une garantie de service pour son client. Et c'est peut-être le message subliminal de ce spot : oui, EDF fournit du gaz, et votre conseiller est disponible à toute heure du jour et de la nuit. On peut dès lors s'étonner que les salariés de l'enseigne ou les syndicats n'aient pas réagi, pour s'indigner que le personnel soit ainsi "taillable et corvéable" à merci. Mais tout est dans la nuance ... car si l'on écoute avec attention le conseiller répondre à son client au téléphone, il s'étonne  que celui-ci ait son numéro et finit la communication en lui demandant : "Et comment ..." . Sans pouvoir terminer sa phrase puisque son client a déjà raccroché.
Ce n'est donc pas lui qui lui a communiqué son numéro, mais Eric qui l'aurait obtenu par une voie détournée. Il n'a donc aucune obligation d'être disponible pour ses clients à toute heure de la journée, et EDF ne peut en être tenue pour responsable. Tout ce que l'on pourrait lui reprocher et qui se confirme dans chacun des 5 premiers épisodes de la saga,c'est que ses clients sont des filous, d'une très mauvaise éducation ... 
Espérons que le  vieil adage qui dit que, "on a les clients que l'on mérite ..." ne se vérifie pas !