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dimanche 11 mars 2018

Une soirée thématique sur le harcèlement illustrée par le téléfilm "Harcelée" sur France 2


Si l'idée de France Télévisions associée pour l'occasion à France Inter de consacrer, le 10 octobre dernier, une soirée au douloureux sujet du harcèlement au travail était légitime, le choix de ce téléfilm pour illustrer le thème est plus contestable.
En effet, si la qualité des acteurs concède de se laisser entraîner dans l'histoire, le phénomène de maltraitance qui nous est ici narré procède bien plus de l'attitude d'un dangereux psychopathe que de l'enchaînement pernicieux qui s'instaure malheureusement trop souvent en entreprise entre une victime et un tortionnaire d'une banale "normalité", que ses exactions soient à caractère sexuel ou non.

# 01 Un contexte professionnel étrange
Certes, nous y retrouvons certains des mécanismes insidieux qui accompagnent la lente descente aux enfers de la "proie", mais, sans mettre totalement en cause le réalisme du scénario, certains facteurs l'alourdissent sans rien apporter au réalisme des situations, bien au contraire. 
C'est par exemple le contexte puisque, si le fait que Karine (Armelle Deutsch) souhaite reprendre le travail après 3 ans de congé parental, est plausible, la suite des événements réside en un empilement de faits qui n'apporte rien à l'intrigue, bien au contraire.
Si les collègues de  Karine se montrent peu accueillants envers elle, on peut penser qu'ils se méfient de cette "protégée" de leur tyran de patron. Soit. Plus surprenant, ils se révèlent particulièrement cyniques entre eux. A l'occasion d'un départ en retraite, par exemple, où le récipiendaire qui déteste le fromage se voit offrir ... un service à fromage.
Le attitudes de Karine, ensuite, sont le pour moins curieuses ; elle adopte des positions pour le moins peu académiques et ne rechigne pas à se déchausser sous le regard de son nouveau boss, ce qui n'a certes rien de provocant et aurait constitué une facilité dans le cadre d'une affaire de harcèlement. 



# 02 Une intrigue pesante
C'est alors que le processus de maltraitance psychologique s'engage. A l'occasion du départ en retraite de ce collègue, Antoine (Thibaut de Montalembert), le despote, rejoint Karine dans les toilettes, et "s'attaque" à la jeune femme, qui curieusement, ne semble pas résister ; une faiblesse que l'on peut mettre sur le compte de l'alcool qu'a consommé Karine. Elle réussit à s'esquiver. Les jours suivants, et contre attente, son manager lui confie une importante mission sous la forme d'une étude à réaliser, ce qui pourrait l'incliner logiquement à baisser la garde, bien que, dans le même temps, à la demande d'Antoine, elle s'avilisse en lui apportant un café devant une partie de ses collègues.  Elle est ensuite conviée à un déjeuner d'affaires. Cependant, une fois arrivée au  restaurant, elle constate qu'aucun client n'est présent et que c'est un tête à tête avec son "prédateur" qui l'attend. Après quelques allusions, celui-ci joue l'apaisement et s'excuse pour son comportement de "l'autre soir". Elle lui exprime son pardon tout en lui touchant la main, ce qui le fait entrer dans une crise de rage : il devient agressif, la traite d'allumeuse. Il lui retira finalement le dossier qu'il lui avait délégué, elle deviendra stressée puis hystérique, puis elle se verra offrir un C.D.I. pour lequel elle hésitera car son mari est lui même sur le point d'être licencié.


#03 Des personnages marqués à l'excès
De tous les personnages de cette fiction télévisée, le plus crédible est  certainement Karine : naturelle à la limite de la naïveté, humaine, et motivée dans son nouveau job. Face au harcèlement dont elle est victime, elle adoptera une attitude caractéristique de ce genre de situation, mêlée d'incompréhension, de peur et même de culpabilité. Une conséquence plutôt classique de ce cas de figure et qui sera en l’occurrence un des rares points pragmatique de ce téléfilm. Ce sont plutôt les seconds rôles qui appesantissent "Harcelée" sans rien apporter à son réalisme. En effet, pourquoi avoir "inventé" à Karine une fille anorexique, dont le père refuse d'intégrer la maladie, et pourquoi instaurer, par l'intermédiaire de cette adolescente, une relation entre les deux familles ? Il semble difficile de concevoir que le harceleur fasse son oeuvre tout en ayant une proximité avec le mari et la fille de Karine. Il semble curieux que, par exemple, les deux principaux protagonistes se vouvoient alors qu'ils se fréquentent en en dehors du travail, avec leurs familles respectives. Et enfin, le manichéisme d'Antoine, qui instrumentalise la fille de Karine en lui offrant un bijou, procède davantage du jeu d'un dangereux psychopathe que du lent processus inconscient d'un individu normal tel qu'on en rencontre quotidiennement en entreprise.

Voir l'article de Télérama du 04/10/2017


dimanche 27 décembre 2015

Le recyclage d’appareils électroniques dans un ESAT dans le film "Superstar" de Xavier Giannoli (2012)

"Superstar" pourrait faire l'objet d'une étude sur les conditions de travail dans le monde impitoyable de la télévision et plus encore sur les relations interpersonnelles épouvantables et la manipulation dont sont victimes ou coupables les producteurs et les divas du  petit écran et leurs collaborateurs. Le sujet, improbable mais interpellant, est celui de Martin Kazinski, un anonyme qui, à cause des réseaux sociaux, est projeté sur le devant de la scène, sans que l'on sache pourquoi et comment cette célébrité involontaire ait commencé. La réflexion proposée par le réalisateur réside dans la puissance et la dangerosité des nouveaux médias, et leur capacité à fabriquer des stars totalement artificielles et éphémères.
C'est sous l'angle de l'entreprise industrielle que nous l'évoquerons, même si cette partie est la plus réduite dans ce film de Xavier Giannoli de 2012. Au tout début, avant de devenir « l'homme qui ne voulait pas être célèbre », Martin est ouvrier dans une entreprise dont l'activité est de «désosser» des appareils électroniques afin de les recycler. Avec une particularité puisque, sans que l'on sache s'il s'agit d'un E.S.A.T.  (Etablissement et Service d'Aide par le Travail), les salariés sont composés en partie de travailleurs  handicapés, déficients mentaux. Martin est très proche d'eux, plus encore d'un jeune trisomique qui ne traite que la touche «x» des claviers d'ordinateurs, cette proximité permet au réalisateur d'appuyer un peu plus sur la superficialité du monde de la télévision comparé à celui d'une entreprise industrielle, dont les ouvriers sont même improprement qualifiés de «débiles légers» au milieu du film.
Il est à noter que ces salariés portent des tenues très ressemblantes à ceux de Bretagne Ateliers, une entreprise adaptée dont nous avons parlé dans ce blog (Comment Bretagne Ateliers gère ses compétences), et qui semble poursuivre son activités après avoir subi les affres de la crise automobile de ces dernières années.

dimanche 15 novembre 2015

Les cuisines d'un grand restaurant dans la série française "Chefs" sur France 2.

Elle a bien raison, Elodie Leroy, elle qui sur son blog égratigne cette série diffusée en février dernier sur France 2 : «  La cuisine, c’est la vie. Mais dans "Chef(s)", elle est plutôt synonyme d’ennui. ». Elle s’en explique ensuite judicieusement : « … on comprend la volonté du réalisateur Arnaud Malherbe et de sa co-scénariste, Marion Festraëts, créateurs de la série, de s’éloigner du fantasme cultivé par les télé-réalités culinaires à la "Top Chef" …». Concrètement, si cette série n’est pas passée inaperçue, elle le doit d’abord à la qualité de sa distribution puisqu'au générique figuraient entre autres Clovis Cornillac et Robin Renucci, ou encore Hugo Becker. Elle a également bénéficié d’excellentes critiques, telle celle de Pierre Langlais sur Télérama, grâce à un scénario qui met en appétit, avec une pointe d’humour, même si l’on peut déplorer la violence de certaines scènes, une violence malheureusement  inhérente à la plupart des séries actuelles.
Mais on peut surtout regretter l’absence de valorisation des métiers de la restauration. A part un épluchage de langoustine ou l’entaillage de châtaignes, en croix, les scènes « professionnelles » se limitent à quelques dressages d’assiettes. Fort heureusement, la préparation d’un pâté à base de chair  humaine ne sera pas montrée, on ne verra que le résultat final sous forme de terrines stockées dans une armoire réfrigérée. Au niveau de la communication interpersonnelle, bien que les sautes d’humeur des grands chefs et l’organisation militaire des brigades en cuisine soient notoires, les échanges entre les collaborateurs ou la hiérérchie s’avèrent extrêmement violents, dans une ambiance quasi carcérale où l’on risque la sanction à tout moment ; là encore, une nécessité certainement due au scénario. Le harcèlement est aussi présent, il prend la forme d’une tentative de « droit de cuissage »  dont sera victime une jeune femme, cuisinier, qui ambitionne de passer « chef de partie ».

Plus d'informations sur la série "Chefs" : sur le site de France 2

dimanche 27 septembre 2015

Clap de fin pour "The apprentice - Qui veut décrocher le job", la dernière émission de téléréalité de M6 et Endemol

The Huffington Post - 21/09/2015
Faut-il se réjouir de l'arrêt brutal après seulement 4 épisodes, de la programmation sur M6 de "The apprentice - Qui veut décrocher le job" cette émission de téléréalité ? Ou faut-il s'indigner que Endemol ait eu l'audace de créer une telle émission dans laquelle des candidats rivalisent pour décrocher le précieux Graal : un poste de Directeur Commercial au sein de l'une des entreprises de Bruno Bonnell, le serial entrepreneur français ? Certes, cette parodie de recrutement dans laquelle le fondateur d'Infogrames assure son propre rôle ne dépasse pas la réalité, si l'on se rappelle les recrutements collectifs opérés par le Gan et décortiqués par les caméras de France 2 en 2012 dans le documentaire "La gueule de l'emploi". Mais si Endemol avait refusé d'adapter  "Someone's gotta go" en France, une téléréalité dans laquelle des salariés devaient désigner celui d'entre eux qui devait être licencié, elle n'a eu aucun scrupule à produire ce programme. Las, avec seulement 1 million de téléspectateurs soit 4,6 % de parts d'audience pour le 1er épisode et 900 000 (3,7 % de PDA) pour le 2ème, la "petite chaîne qui monte" a décidé d'arrêter les frais et de poursuivre uniquement "en ligne" la diffusion de cette procédure de  sélection de ce Directeur Commercial. et qui restera le recrutement le plus cher jamais envisagé pour un apprenti, si l'on traduit littéralement "apprentice" ; un statut peu en cohérence avec le poste visé. Quoiqu'il en soit, les producteurs se sont engagés à ce que l'heureux élu soit embauché chez AWAbot l'une des entreprises de Bruno Bonnell. Et pourquoi ne pas suivre l'intégration de ce nouveau collaborateur et sa période d'essai dans le cadre d'un nouveau projet de téléréalité  ... ?
Pour information, dans la version britannique, c'est Alan Sugar le créateur d'Amstrad qui jouait le rôle de patron, tandis qu'aux Etats-Unis c'est le très médiatique candidat aux primaires républicaines pour les présidentielles américaines, Donald Trump qui assurait cette charge.


mardi 24 février 2015

Des horaires de travail excessifs chez EDF ... dans la publicité (Campagne EDF : la saga ElectRIC, épisode 5 avec Eric JUDOR ) ?

La publicité peut tout se permettre. Sans être mensongère, elle occulte parfois certains aspects du produit ou du service dont elle vante les bienfaits ou amplifie jusqu'à l'excès ses bénéfices. Et parfois, elle semble faire fi du respect des conditions de travail, comme dans ce 5ème épisode de cette saga plutôt réussie pour EDF, dans laquelle nous retrouvons Eric Judor, le "Eric" de "Eric et Ramzy".
Dans le cadre d'un jeu dans lequel les participants doivent se faire deviner mutuellement des mots par association d'idées, Eric se permet d'appeler au téléphone son conseiller EDFà une heure tardive de la journée, afin de vérifier que la compagnie nationale ne distribue pas de gaz, contrairement à ce que prétendent ses amis. Afin de ne pas perdre le jeu et la face, Eric Judor mentira sur la réponse de son interlocuteur.
Au mécontentement visible de sa compagne qui est en train de se démaquiller avant d'aller se coucher, le salarié du distributeur d'énergie est déjà au lit, prêt à s'endormir, quand il répond au téléphone, ce qui constitue certes une garantie de service pour son client. Et c'est peut-être le message subliminal de ce spot : oui, EDF fournit du gaz, et votre conseiller est disponible à toute heure du jour et de la nuit. On peut dès lors s'étonner que les salariés de l'enseigne ou les syndicats n'aient pas réagi, pour s'indigner que le personnel soit ainsi "taillable et corvéable" à merci. Mais tout est dans la nuance ... car si l'on écoute avec attention le conseiller répondre à son client au téléphone, il s'étonne  que celui-ci ait son numéro et finit la communication en lui demandant : "Et comment ..." . Sans pouvoir terminer sa phrase puisque son client a déjà raccroché.
Ce n'est donc pas lui qui lui a communiqué son numéro, mais Eric qui l'aurait obtenu par une voie détournée. Il n'a donc aucune obligation d'être disponible pour ses clients à toute heure de la journée, et EDF ne peut en être tenue pour responsable. Tout ce que l'on pourrait lui reprocher et qui se confirme dans chacun des 5 premiers épisodes de la saga,c'est que ses clients sont des filous, d'une très mauvaise éducation ... 
Espérons que le  vieil adage qui dit que, "on a les clients que l'on mérite ..." ne se vérifie pas !


samedi 28 juin 2014

"Des vivants et des morts" : une fresque sociale de Gérard Mordillat autour d’une fabrique de fibre plastique.

La diffusion sur Arte de cette mini-série en 8 épisodes, "Des vivants et des morts", remonte à mai 2012. Faute d’avoir lu le livre, nous pouvons raisonnablement penser qu’elle respecte fidèlement l’œuvre dont elle est tirée puisque c’est Gérard Mordillat qui l’a adaptée lui-même à partir de son propre roman (Les vivants et les morts - Calmann Lévy 2005)
L’histoire est plausible, nous découvrons une entreprise industrielle assez classique, une fabrique de fibres plastiques la K.O.S. dans laquelle les salariés sont impliqués au plus haut point. Ils iront jusqu'à risquer leur vie pour sauver leur outil de travail suite à une inondation. Avec certes, un soupçon de romanesque, mais c’est le parti pris de l’auteur pour montrer ce degré d’investissement des ouvriers. Les différents protagonistes sont correctement installés dans leurs rôles, les acteurs sont convaincants, Robinson Stévenin en tête. Le réalisateur ne nous donne pas à voir des caricatures de personnage.
Les premières scènes permettent d’évaluer les stratégies des différentes classes sociales au travers de leurs représentants : actionnaires, dirigeants ou salariés. Car toute la trame s’articulera autour de  la réduction d’effectifs, avec d’inévitables licenciements à la clé, voire de la fermeture pure et simple de l’unité de production. Un événement qui touche Rudy (Robinson Stévenin) dont l’épouse Dallas doit effectuer des heures de ménages chez un médecin pour que le couple puisse s’en sortir. En effet, pour faire face aux dépenses et au remboursement du foyer, le  salaire de son mari ne suffit pas. Ce dernier refusera un poste de maîtrise dans la nouvelle organisation, ce que s’empressera d’accepter son meilleur ami à qui le poste est ensuite proposé. La trahison, donc, mais aussi la peur avec la situation difficile d’une autre salariée, une jeune femme dont le mari est en « longue maladie », et qui voit s’abattre sur elle la menace d’une perte de revenus.
Sans abandonner totalement le parcours des protagonistes, la suite de la série prendra un tour davantage politico-financier, avec le rachat de la K.O.S. par un groupe américain, une délocalisation et la mise en relief très réaliste de l’impuissance des élus ou des institutions, Maire, Préfecture, Direction du travail … face aux lobbies financiers.
Les salariés se replieront alors dans un état de résistance proche d’un état de guerre qui aboutira à une prise d’otages au sein du site de production.
Sur un plan sociologique, Gérard Mordillat décrit aussi les mécanismes qui, en période de crise, conduisent à la xénophobie et au racisme.
Une série réussie, on pourra seulement regretter quelques excès dans le scénario, à l’instar de ce Directeur Général qui, par amour pour une salariée, quitte sa femme et ses filles, dont l’une d’elles est tombée enceinte à la suite d’une relation avec un apprenti de l’entreprise.

Pour retrouver un bref résumé des 8 épisodes, voir le site d'Arte.

dimanche 9 mars 2014

Harcèlement en entreprise dans la série "Boulevard du Palais" (France 2)

Boulevard du Palais est une série policière française diffusée depuis 1999. Elle met en scène des personnages récurrents, aux personnalités bien trempées, qui gravitent autour de la "petite juge" Nadia Lintz interprétée depuis l'origine par Anne Richard.
 Jean François Balmer, dans le rôle du Commandant de police judiciaire Rovère, devenu alcoolique suite à des accidents de la vie, est l'autre personnage principal. Il  est assisté de l'inspecteur Di Meglio (Philippe Ambrosini ) et d'un médecin légiste poète et philosophe à ses heures, Hannibal Pluvinage, dont les habits sont endossés par l'excellent Olivier Saladin. C'est lui qui au détour d'un échange donnera l'explication de l'intitulé du titre de cet épisode, "trepalium" qui désignait un engin de torture et dont le mot "travail" tire son étymologie. Car c'est dans le monde de l'entreprise que se déroule l'action de ce nouvel opus, avec pour point de départ, le suicide d'un cadre de TSA, Patrick Bello, qui adopte une manière originale, puisqu'il précipite l'automobile dans laquelle il a pris place contre un obstacle dans un atelier de bancs de tests de sécurité situé au sous sol de l'entreprise.
L'intrigue prendra un tour inattendu, puisque l'on découvrira finalement après un second suicide requalifié en homicide, que la dirigeante était en train de vendre l'entreprise qui compte 124 salariés à des concurrents allemands. C'est pour cette raison que, avec la complicité de son DRH, Chauvel, elle a "spolié" Bello d'un logiciel qu'il avait développé qui aurait pu entraver la cession. Le cadre, ne comprenant pas ce qui lui arrive glissera dans une spirale dépressive, bien entretenue par Chauvel qui ira jusqu'à le harceler, lui reprochant son poids, son âge  et même son hygiène en allant jusqu'à lui offrir du déodorant. Cette facette du harcèlement en entreprise semble la moins réaliste car la pression conduisant à une extrémité fatale est généralement plus sournoise. Elle est cependant assez bien décrite dans la première partie de l'épisode, notamment au travers des témoignages des différents personnages.
Son épouse d'abord, effondrée à l'annonce de la terrible nouvelle, qui se rendait compte que "son boulot le vidait de l'intérieur, on lui en demandait trop ou on ne lui demandait rien" ou son fils qui ajoute "il ne parlait pas de son boulot". Le discours du DRH est bien entendu teinté de mensonge, mettant le geste fatal du cadre sur le compte "d'une passe difficile, d'une inaptitude provisoire", mais l'entreprise ne lui en tiendra pas rigueur alors que "d'autres ne se seraient pas gênés pour le virer". Les dirigeants de l'entreprise évoquent aussi  "des difficultés dans le couple" ainsi que "des rumeurs de relation avec une fille", une des anciennes salariées, elle aussi victime de pressions, et qui avait été licenciée "pour abandon de poste", mais après qu'un mél d'insultes ait été adressé à sa patronne depuis son poste informatique. C'était en fait le résultat d'une première manipulation du DRH.
La position du médecin du travail est plus ambiguë. Il est d'abord difficile de comprendre où elle se situe physiquement, tant elle semble impliquée dans l'entreprise. Les permanences régulières qu'elle assure au sein de  l'établissement et qui génèrent cette impression sont très éloignées de la réalité. Elle expliquera "les troubles du sommeil" de Patrick Bello par la pression infligée par "la nouvelle stratégie de l'entreprise", et déplorera le manque de communication qui se traduira entre autres par le "remplacement de la machine à café par des cafetières individuelles disséminées dans les bureaux". A l'issue du premier décès elle sera bien sûr partie prenante de la cellule psychologique constituée avec Chauvel, un DRH décidément machiavélique qui introduira un logiciel mouchard dans le poste informatique de la thérapeute et qui fera aussi chanter sa patronne.
Les héros de la série de France Télévision ont sur ce petit monde un regard distancié mais peu critique, restant dans leur rôle. La" petite juge" rappellera la difficulté de "prouver le harcèlement" dans ce genre d'affaires, alors que Pluvinage confirmera les troubles du sommeil de Bello, qui "carburait aux calmants et somnifères". Le commandant Rovère se limitera à observer que le DRH "n'est pas submergé par les rendez-vous" mais la fille adoptive du policier montrera toute l'incompréhension dont souffrent les victimes de harcèlement car elle ne comprend pas que l'on puisse "se foutre en l'air parce qu'on est pas capable de dire non à un chefaillon".
C'est l'inspecteur Di Meglio qui sera le plus mordant, fidèle à son habitude, se lâchant d'un commentaire peu amène à l'attention du médecin du travail : "votre paie vient des cotisations patronales". La réalité n'est pas aussi simple, même si la médecine du travail est plutôt au service des employeurs, ce que les salariés ont du mal à comprendre. Ceux-ci se lamentent souvent du peu de profondeur des diagnostics des médecins du travail, mais ils ne doivent pas oublier que la mission de ces derniers lors des visites médicales n'est pas de contrôler la santé du personnel, mais de vérifier son aptitude. Dans le cas contraire, c'est le licenciement qui guette ...
En résumé, cet épisode reste assez réaliste,  seules quelques concessions imposées par le scénario nous éloignent des conditions réelles de l'entreprise, à l'exemple du comportement du DRH. Il rappelle sous certains aspects un épisode le la série "La crim" traité dans cet article de notre  blog ou "Seule", cet excellent téléfilm qui fait l'objet de l'article le plus lu de ce blog.


vendredi 25 octobre 2013

"Surveillance" : un téléfilm de France 2 au coeur de la sécurité dans un hypermarché

C'est d'un roman de Régis Serange que Sébastien Grall a adapté ce téléfilm, "Surveillance" qui se déroule en grande partie dans les parties cachées d'un hypermarché. L'histoire est captivante, bien que comme l'écrit  Hélène MARZOLF dans Télérama "le scénario s'emberlificote en accélération et prises de conscience peu crédibles, jusqu'à un dénouement expéditif et héroïque" qui transforme "cette critique de la société du flicage en épilogue de polar banal".
La trame prend corps avec l'embauche de PierreThomas Jouannet) en qualité d'agent de sécurité au sein de l'hypermarché ENO Center. Il sympathise avec Léa (Léonie Simaga) qui deviendra sa maîtresse, bien que toute relations entre employés soit interdite. Puis avec son zèle empreint d'intégrité, il gravira tous les échelons de la hiérarchie du service pour prendre le poste de responsable adjoint de la sécurité, en bénéficiant de la bienveillance de son supérieur judicieusement interprété par François Berléand. Notre jeune recrue, à qui l'entreprise tarde à délivrer son contrat de travail et qui lui verse des primes en espèces sonnantes et trébuchantes, des pratiques qui n'ont normalement plus cours dans la grande distribution, mettra à jour un trafic d'échange d'appareils d'électroménager, auquel participent des salariés et dans lequel trempe le Directeur Général Adjoint (Alexandre Steiger). Mais son chef lui demandera de ne pas révéler l'affaire, puisque lui est aussi est complice de ce remplacement d'articles de de contrefaçon, les appareils neufs étant écoulés par une entreprise dirigée par l'épouse de Sauveterre, le Directeur Général Adjoint.
Pierre devra également assurer une surveillance rapprochée sur la personne du Directeur Marketing (Francis Perrin), syndicaliste, qui, acculé, mettra fin à ses jours dans une chambre d'hôtel lors d'une tournée auprès des fournisseurs.
Réaliste ou non, cette référence aux conditions de travail n'est pas laseule dans ce téléfilm. La surface de vente n'est pratiquement pas montrée, sauf au travers du prisme de l'objectif des caméras de surveillance. ce sont donc les parties obscures du magasin qu'il est nous est permis de  voir : salle de contrôle, lingerie, bureaux de la direction et réserves. Evidemment, ce sont les la sécurité et le contrôle qui sont mis en avant, les relations entre hiérarchie et subalternes apparaissent rudes, froides, c'est un management très directif qui est adopté. Le responsable sécurité est du type "old school", espérons-le, décomptant par exemple les pauses pipis du temps de travail. Il ne recule devant rien pour faire baisser le taux de démarque, c'est à dire le pourcentage de Chiffres d'Affaires parti en perte ou en vol : surveillance poussée au harcèlement, pression, implantation de caméras dans les toilettes du personnel féminin ... Il passe son temps dans son bureau à contrôler et à vider sa bouteille de whisky.
Le Directeur Général Adjoint, quant à lui, va jusqu'à cacher de l'argent dans les affaires d'une hôtesse de caisse pour exercer un chantage et lui imposer une relation sexuelle. Le travail de ces "caissières" est survolé, seul le fameux SBAM, la formule mnémotechnique "Sourire-Bonjour-Au revoir Merci" revient à plusieurs reprises. il est par ailleurs surprenant de trouver la fonction de Directeur Marketing dans un magasin, même de taille imposante, d'autant plus qu'il démontre de la sympathie, voire de la complicité avec les fournisseurs, ce qui n'est pas la règle dans la Grande Distribution. Et le référencement et les négociations sont plutôt l'apanage des managers de rayons. Des concessions faites à la réalité au service du scénario de cet excellent téléfilm qui fait penser à Marie-Line, un film traité dans ce blog qui abordait entre autres des relations dans une équipe de nettoyage affectée à un supermarché.

mardi 15 octobre 2013

15 jours ailleurs : un téléfilm avec Didier BOURDON sur France 2

C'était mercredi dernier, le 09 octobre 2013, France 2 proposait une soirée sur le thème "Burn Out : quand le travail nous fait craquer". Pour illustrer le sujet, et lancer le débat animé par Benoît DUQUESNE, il nous était proposé de voir un téléfilm de Didier BIVEL, "12 jours ailleurs", avec pour les 2 rôles principaux, Didier BOURDON et Judith CHEMLA. Le premier y interprète un acheteur omnipotent et manipulateur d'un hypermarché, qui, subitement, est lui-même victime d'un jeu de chaises musicales qui lui fera perdre son pouvoir, donc sa raison d'exister, et le fera tomber dans une grosse dépression que l'on qualifiera de "burn-out". Le phénomène n'est pas ici seulement lié à un surinvestissement dans le travail, mais autant à une perte de pouvoir. Et très certainement à un manque de reconnaissance, que Vincent, le personnage joué par l'ex "Inconnu", trouvera finalement en apportant son aide à une malade mentale, Hélène, qu'il rencontrera lors de cette période de 2 semaines de convalescence qu'il effectue en clinique psychiatrique.
Cette fiction nous délivre peu d'éléments sur les situations professionnelles et les conditions de travail. Si quelques scènes se déroulent en entreprise, ou sur les sites de fournisseurs que cet acheteur s'acharne à étrangler, au mépris de tout respect humain, l'essentiel de la trame se déroule au sein de l'établissement médical ou dans le foyer de ce cadre mis au ban du monde du travail. L'épouse, incarnée par Agathe DRONNE, assurera un rôle clé dans la reconstruction de Vincent, comme souvent dans la réalité, pour peu que la victime parvienne à s'épancher et à dépasser l'opprobre qui s'abat sur lui.
Les deux principaux interprètes de ce téléfilm ont obtenu une récompense au festival de Luchon pour leur interprétation.

dimanche 28 avril 2013

"La gueule de l'emploi" : un entretien collectif pour le GAN dans un documentaire de France 2 (2012)


Ce programme diffusé en seconde partie de soirée en 2012 sur France 2, n’a pas eu le retentissement qu’il méritait. Bien malheureusement. Ce documentaire mettait en relief une méthode employée par le GAN, en s’appuyant sur un cabinet de recrutement aux méthodes peu scrupuleuses. Une sélection impitoyable qui n’a rien à envier aux pires formats de téléréalité, où l’on retrouve toutes les formes de bassesse humaine : mise en compétition, pression, avilissement, manipulation, lâcheté …
La première impression, à regarder ce documentaire, c’est que « ce n’est pas possible », il s’agit nécessairement d’une fiction, tant les acteurs, qui n’en sont donc pas paraissent caricaturaux. Des recruteurs aux questions déstabilisantes, telles qu’on ne devrait plus en voir et des candidats prêts à se déchirer pour obtenir le précieux Graal, un poste de commercial dans le groupe d’assurance français. Pour ces derniers, le téléspectateur pouvait au moins compatir, car certains d’entre eux se trouvaient en situation précaire, et cette opportunité pouvait représenter une chance à saisir.

Plus on avance dans la diffusion, plus on est pris d’écœurement : on se dit que les protagonistes vont réagir. Que les consultants de ce cabinet de recrutement vont se rendre compte qu’ils vont trop loin. Que les candidats vont se rebeller, qu’ils vont s’entendre pour au mieux, abandonner cette pantomime de recrutement, ou même rentrer dans le lard de ces tortionnaires. Ou au moins que les représentants du Gan vont ouvrir les yeux et mettre fin à cette torture. Non, rien de cela, le processus sera mené jusqu’à son terme pour un piètre résultat. Mais le plus surprenant, c’est que finalement, l’image de l’entreprise n’en sera qu’à peine écornée.  

dimanche 24 février 2013

Les conditions de travail dans un programme de téléréalité sur M6 : "Patron incognito"

Pour l’entreprise, l’objectif de départ de ce programme n’est pas des plus évidents, si ce n’est de vérifier la qualité des prestations fournies aux clients. C’est ainsi que Guillaume Richard, le sémillant Pdg de O2, société spécialisée dans le secteur des services à la personne, annonce religieusement aux membres de son conseil d’administration, à peine surpris, qu’il va s’immerger au plus profond de sa structure. Grimé, il va se faire passer pour un nouveau collaborateur dans différentes agences de son groupe. « Pendant une semaine !» annonce-t-il cérémonieusement.
L’idée de ce « Patron incognito » pourrait être intéressante, n’était-ce le côté « voyeur » imposé par ce format de Téléréalité diffusé sur M6, produit par Endemol et qui est l’adaptation du Undercover Boss de la chaîne britannique Channel 4 . Au premier abord, l’expérience semble concluante. Le patron découvre les conditions de travail de ses employés, et s’extasie devant leur courage, leur professionnalisme, et le soin particulier qu’ils mettent à« tutorer » ce nouveau collègue, il est vrai bien empoté. La prévention des risques est scrupuleusement respectée, les gestes et postures soigneusement inculqués et appliqués. Il n’y a qu’à une occasion où il est permis de s’interroger, c’est lorsque l’on voit Guillaume porter un bambin sur ses épaules, en pleine rue, ce que ne semble pas remarquer sa tutrice, elle qui est habituellement si vigilante sur la sécurité et sur la proximité qu’il est interdit de cultiver avec les enfants. 


D’un point de vue des constats, que ce soit pour le jardinage ou le nettoyage, le manque de moyens est mis en lumière, ainsi que le non-respect des procédures, mais jamais au détriment des clients, bien entendu. Car les salariés de O2 sont investis d’un fort sentiment d’appartenance, et ils aiment leur métier, malgré les insuffisances de leur employeur, qui ne leur permet pas d’accéder à leur souhaits :  augmentation du nombre d’heures pour l’une, création d’une activité complémentaire pour un autre, ou migration vers des fonctions managériales ou tutorales pour une autre. Ne pouvant  évidemment pas dévoiler son identité, Guillaume Richard prenant les téléspectateurs à témoin, s’engage à considérer les requêtes de ses collègues d’un jour, et à améliorer leur sort.
L’émotion, incontournable dans le genre téléréalité, nous est fournie par cette galerie de portraits d’individus authentiques, prêts à partager un repas avec un inconnu, mais ne le ménageant pas, à grands coups de mise en scène. Patricia se plaint devant la caméra, mais en aparté : « je n’ai pas que ça à faire », pendant que son Pdg se débat avec un fer à repasser ; elle se retiendrait presque pour ne pas le massacrer. C’est d’ailleurs le second effet « spectaculaire » : voir le dirigeant se dépatouiller avec le nettoyage des toilettes, se démener avec une cisaille pour tailler une haie, ou appréhender le changement de la couche culotte d’un bébé.


Enfin, arrive le grand moment où chacun des collègues est convoqué au siège pour voir leur patron baisser le masque et révéler son identité. Il est légitime de se demander ce que l’on a bien pu dire à ces salariés pour les faire venir. Et comment justifier la présence de la caméra pour cette scène finale ? Aucune explication n’est avancée, alors que pour le reste de l’émission, c’est le prétexte d’un reportage sur un « chômeur en reconversion » qui justifie la présence d’une équipe de télévision. Mais ce n’est pas la moindre des incohérences. Car si cette émission est une excellente publicité pour les services à la personne, on y entend même parler des avantages qu’ils peuvent générer, et aussi un outil de promotion idéal pour la société O2, il est légitime de se poser quelques questions essentielles. Pourquoi, par exemple, faut-il attendre cette expérience pour que l’entreprise se rende compte de tels dysfonctionnements, dont l’un des plus criants est sans doute le manque d’hygiène dans l’une des agences, un comble pour des experts du nettoyage ! Mais le plus croustillant c’est de noter le manque de respect de différentes procédures internes dont la responsable nationale n’est autre que l’épouse de Guillaume Richard. Mais ça, M6 ne le relève pas. Pas plus qu’elle ne peut expliquer comment fera Patricia pour assurer sa tâche avec un quart d’heure de travail effectif en moins puisque c’est le temps qu’elle doit normalement prendre pour ses déplacements.  A moins que ne ce soit au détriment des clients ?
Mais le plus gros reproche que l’on peut faire à notre entrepreneur à la tête de la 1ère entreprise de services de France et ses 140 agences, forte de ses 27 000 clients, c’est que ses salariés doivent attendre cette émission pour accéder à leurs souhaits d’évolution. Heureusement, il suffit d’appuyer sur le bouton M6 de l’ascenseur social pour voir leurs souhaits exaucés. Le spectateur ne manquera pas d’être impliqué, car si chacun d’entre nous faisait appel à O2, cette entreprise pourrait peut-être enfin proposer des temps pleins à ses puéricultrices. Ou embaucher sans aucune qualification, comme elle fait avec ce demandeur d’emploi, de parfaits inconnus pour leur confier les maisons, les jardins ou pire, les enfants de ses clients ? Et déléguer à de jeunes diplômés, sans aucune formation interne particulière le recrutement de ces nouveaux collaborateurs, comme on le voit dans l’une des agences ? Enfin, nous ne saurions que trop conseiller à notre super Pdg de débarrasser la table après le déjeuner avant de retourner travailler, ou du moins de le proposer au collègue qui l’a généreusement invité,  et surtout de ne pas se vautrer sur le lit dans sa chambre d’hôtel, les chaussures au pied. Un patron se doit d’être exemplaire, le respect du travail des autres est la première des qualités ...
Guillaume Richard au Salon des services à la personne en 2011 :
Sur cette émission, voir également l'article de Management de Mars 2012.

dimanche 10 février 2013

Un téléfilm allemand sur le harcèlement au travail sur Arte


Nonobstant les différences culturelles existant entre nos deux pays, à l’instar de la France, l’Allemagne est également touchée par le problème du harcèlement au travail. Le mal être que subissent les salariés en entreprise ne devrait donc rien à notre tempérament latin, c’est le premier enseignement de ce téléfilm d’outre Rhin sobrement intitulé « Harcèlement » (Mobbing), diffusé récemment sur Arte dans le cadre d'une soirée Thema.
L’histoire narre la lente déchéance professionnelle d’un cadre d’un service culturel d’une municipalité allemande, marié et père de deux enfants. Le scénario est plutôt bien ficelé, la pression monte progressivement, bien que dans la réalité l’évolution de ce genre de phénomène soit plus sournoise. Ici, les événements sont prévisibles, de l’annonce de l’arrivée d’une nouvelle responsable de service, au simulacre de réintégration du principal protagoniste après son licenciement pour faute lourde, en passant par le départ d’un collègue que Jo  prendra comme une véritable trahison.
Les symptômes décrits  sont assez caractéristiques de cette situation : perte d’estime de soi et  dépression qui entraîneront alcoolisme, violence conjugale, verbale et même physique exacerbée par l’incompréhension d’Anja, l’épouse de Jo. Elle fait pourtant preuve d’une extrême lucidité. En parlant par exemple de la responsable tyrannique que l’on ne verra jamais, en ces termes : « Elle ne vous voit pas comme une menace ? ». Ce qui rappelle immanquablement le syndrome du « petit chef ».
Comme l’écrit Isabelle Poitte dans Télérama, « l’agresseur n’a pas de visage » ce qui accentue l’impression d’impuissance de la victime. La parti pris de montrer la déchéance depuis la cellule familiale et essentiellement au travers du regard de l’épouse peut rappeler dans un autre contexte la position de Brigitte (Barbara Schulz) dans un autre téléfilm, français cette fois, « Seule » dont nous avons parlé dans cet article, l’un des plus consultés de notre blog.

"Harcèlement" de Nicole Weegman (Mobbing, Allemagne - 2012) avec Susanne Wolff et Tobias Moretti.

mercredi 30 janvier 2013

Conséquence du harcèlement en entreprise dans une série policière française (La Crim' - 2006)



La Crim’ est une série policière française qui a été diffusée sur France 2 entre 1999 et 2006. De conception assez moderne, mais faisant la part belle à l'histoire des protagonistes et à leurs relations entre eux, les intrigues suivaient souvent la même trame avec un ou des premiers suspects qui finalement étaient innocentés au détriment des vrais coupables, avec plus ou moins de rebondissements.
Parmi les principaux interprètes figuraient Clotilde de Bayser puis Isabel Otero, dans le rôle du commandant en chef,  et, toujours du côté des policiers Jean-François Garreaud, commandant "vieille france", Dominique Guillo en séducteur, Didier Cauchy, policier instable, Teco Celio flic au comportement tutoyant le proxénétisme ou encore Agathe de La Boulaye ou Vanessa Lhoste.
Les crimes commis concernaient le milieu du banditisme, ou étaient conditionnés par des motifs financiers, des affaires de coeur ou de famille. Un épisode a pris cependant pour cadre le monde de l'entreprise, le 3ème de la 6ème et ultime saison en 2006, intitulé très simplement "Esprit d'entreprise". L'histoire débutait par le suicide d'une cadre d'une entreprise parisienne, qui se défenestre. Les soupçons se portent sur son ex-mari, puis sur son supérieur hiérarchique aux méthodes managériales tyranniques. L'équipe de La Crim' prouvera qu'il s'agit bien de la conséquence d'un harcèlement, mais devra d'abord surmonter la loi du silence qui règne dans ce genre de situation. Nous conservons le souvenir d'un scénario et d'une interprétation réaliste sur un sujet qui n'est pas sans rappeler l'excellent téléfim "Seule" que nous avons déjà traité dans ce blog.
Enfin, pour cet épisode réalisé par Eric Woreth , figuraient au générique les acteurs suivants : Christian Charmetant, Thierry Godard et Nathalie Grandhomme.

mardi 1 mai 2012

Un feuilleton médiatico-social des années 70 dans une fiction télévisée : l’affaire LIP


L’affaire LIP telle qu’on l’évoquait dans les journaux télévisés ou à la radio à l’époque, a fait grand bruit . Les  évènements ont débuté le 12 juin 1973, à l’annonce d’un plan de licenciement touchant les ouvriers de LIP, un fabricant de montres de Besançon. Tous les éléments d’une dramatique sociale sont réunis : l’entreprise est au plus mal, au cours du Comité d’Entreprise, plutôt houleux, des ouvriers trouvent dans une serviette  arrachée à l’un des administrateurs, un papier qui fait état d’une prévision de 480 licenciements. C’est un autre administrateur qui sera séquestré au cours d’une nuit pendant laquelle les salariés découvriront le projet de suppression de l’échelle mobile des salaires et leur blocage. Les syndicats, encore sur la lancée de mai 68, s’impliqueront dans la lutte, le gouvernement également, avec différents projets de relance ou de reprise, les ouvriers eux-mêmes essaieront de s’accaparer l’outil de production pour un redémarrage en autogestion. Le mouvement prendra une dimension régionale, avec des mouvements de grèves touchant d’autres entreprises du Jura, une manifestation de plus de 100 000 personnes dans les rues de Besançon, et même des arrestations suite à la tentative d’occupation de l’usine. C’est la première fois qu'une affaire fut autant médiatisée, elle annonçait malheureusement le début d’une série qui se poursuit encore aujourd'hui au travers des fermetures récentes de sites de fabrication.
C’est cette affaire que retrace Dominique LADOGE dans le documentaire (ou docu-fiction ?) « L’été des LIP » qui sera diffusé samedi 5 mai 2012 sur France 3 à 20 h 35. Ce film a obtenu le prix du meilleur réalisateur et le Pyrénées d’or de la meilleure fiction au 13ème Festival de créations télévisuelles de  Luchon en 2011.

jeudi 12 avril 2012

A la télévision : quand la success série "Bref" s'attaque à l'entreprise

Chaque année l'équipe du Grand Journal de Canal + révèle au moins un nouveau talent, Miss météo, humoriste, chroniqueur ... ou un nouveau format de chronique. Bref, cette année c'est justement cette chronique décalée  mais pleine de bon sens qui s'assure un buzz incomparable. Signe tangible de ce phénomène, la chronique est largement parodiée sur le net. Un des épisodes fait évoluer le principal personnage dans le monde de l'entreprise, plus précisément dans un environnement de bureaux. La critique est astucieuse, tout en étant drôle, et concentre quelques comportements typiques observable dans le monde du travail. Bref ... "j'ai eu un job ..."

dimanche 22 mai 2011

Les conditions de travail à la télévision : Une nouvelle mouture … pour Caméra Café, et une Sitcom avec de vrais salariés

# 01 Une Sitcom avec de vrais salariés

Le succès de Caméra Café (voir ci-dessous ) ou de Brother & Brother aidant, la société belge Ebuco exploite le filon des séries dont le bureau est non seulement le cadre, mais aussi l'objet des scènes et des situations. Les particularités de cette création qui s'appelle TMFB pour The Marvellous Flying Box, c'est son nom, sont que la sitcom est diffusée pour l'instant sur Internet, et que le producteur propose à des sociétés commerciales de sponsoriser la série, et même de prendre pour acteurs les salariés de ce mécène, qui peut également participer au scénario.
Les arguments sont séduisants, puisque l'humour de TMFB attire le public, et qu'au final le coût de cette opération est inférieur de 20 à 80 % à une campagne de publicité classique, pour des ventes qui peuvent augmenter de 30 à 35%.
Le ton semble aussi caustique que Caméra Café, tout aussi critique que la série française, et comparable dans ca capacité à analyser nos comportements en milieu professionnel. La différence cependant, est que pour la série belge, la caméra est située dans l'ascenseur, ce qui explique le "Flying Box" figurant dans le titre. La série pourrait arriver sur le marché français, mais pour l'instant, preuve de son succès, 2 chaines du groupe RTL se sont portées acquéreuses du contenu.
Courrier Cadres - Eric NAHON – Avril 2009.

# 02 Caméra Café : la saison 2.
Jean-Claude CONVENANT et ses collègues ne pouvaient en rester là. Après la formidable audience rencontrée dans le monde entier par la série culte de M6, les producteurs, auteurs et acteurs dont Bruno SOLO se retrouveront derrière ou devant la "machine à café", pour une diffusion annoncée cette année.
Bien qu'en 5 ans les personnages aient évolué, les archétypes des protagonistes et les caricatures demeurent, exacerbées par le "travailler plus pour gagner plus" de circonstance.
Cette nouvelle mouture éclipsera peut-être le succès mitigé du film sorti en février dernier, et qui voyait nos personnages de la sitcom se retrouver "dans le Saint des Saints ", La Défense, pour un séminaire de motivation et de Team building.
Courrier Cadres - Eric NAHON - Octobre 2008.

lundi 11 avril 2011

"Seule" : un téléfilm sur le suicide au travail


« Seule » Fabrice CAZENEUVE – France 2 - Mercredi 05 novembre 2008.
C’est sous la forme d'une fiction que Fabrice CAZENEUVE traite du délicat sujet du suicide au travail, avec cependant quelques séquences qui pourraient être directement extraites d'un documentaire. C’est par exemple une série de témoignages de salariés de l'entreprise dans laquelle travaille la victime interprétée par Jean-Pierre LORIT, et son épouse, Brigitte, magistralement incarnée par Barbara SCHULZ. Au delà de l'aspect dramatique parfaitement traduit, la force de ce téléfilm se situe dans sa capacité à montrer que les salariés, managers essentiellement, passent alternativement de l'état de victime à celui de bourreau et inversement. L’autre approche, nouvelle, est de montrer que chacun est enfermé dans son rôle, pour preuve, le comportement des différents personnages :
- les collègues de Brigitte qui allèguent que son mari était sous-pression, surmené, qu'il travaillait beaucoup, et qui plus tard laissent entendre que c'est elle qui, peut être, est en partie responsable du mal être de son mari. C'est l'attitude du rival qui va jusqu’à déclarer que son malheureux collègue lui avait confié regretter un amour de jeunesse. Ce même collègue qui avouera que c'est la pression de l’entreprise qui induit son comportement
- les syndicalistes qui encouragent Brigitte à entamer une action, mais qui quand elle s’y résout, lui reprochent de ne pas respecter la démarche qu’ils préconisent
- le PDG de l'entreprise, assisté de son DRH, assez humain au début, puis qui peu à peu cherche à dégager sa responsabilité, d'autant plus que l'entreprise a déjà connu d’autres suicides de salariés
- le DRH qui tente de se justifier, qui soutient que "le stress est facteur de la performance", qui dans une situation concurrentielle génère de l’énergie ; et lui aussi tente de renvoyer la responsabilité vers l’épouse
- La veuve d'une autre victime du travail de l’entreprise, qui est la seule à comprendre Brigitte, mais lui laisse peu d'espoir sur l'issue d'une action en justice
- la famille de Brigitte, qui a du mal à la soutenir, ou maladroitement, comme l'essaie son père, ancien ouvrier, virulent envers l’entreprise.
Enfin, la séquence « documentaire » reprend les expressions habituellement entendues quand il s'agit de parler de stress au travail :
- Besoin de reconnaissance
- Nous sommes évalués en permanence
- Le monde du Travail à changé
- Le système de management est oppressant
- On travaille avec la haine au ventre
Finalement, Brigitte se lancera dans procédure juridique dont le résultat s'avère bien incertain.

Samuel DOUHAIRE de Télérama rappelle que Fabrice CAZENEUVE était déjà l’auteur d’un téléfilm choc sur le harcèlement moral, « De gré ou de force », et que dans « Seule », il a su très bien décrire « les impacts du discours managérial qui transforme les employés de bourreaux en victime consentantes du capitalisme mondialisé » de manière « aussi pertinente que glaçante ».
Hasard du calendrier, Barbara SCHULZ et Jean-Pierre LORIT étaient fin octobre au CADO d’Orléans pour la pièce « En toute confiance » de Donald Marguliès, adaptée et mise en scène par Michael FAGADAU.

samedi 2 avril 2011

Comment Bretagne Ateliers gère ses compétences : un documentaire de France 5 sur l'intégration des travailleurs handicapés

© Camera Lucida
Bretagne Ateliers est un sous-traitant exemplaire. Au titre de la qualité de ses productions, du respect des délais imposés par ses donneurs d’ordre, bien entendu, mais bien plus encore sur la gestion des emplois et des compétences qu’elle a mise en œuvre.
L’originalité de la démarche c’est qu’elle repose avant tout sur les compétences des salariés, et seulement ensuite sur les compétences nécessaires à chacun des postes de travail. L’homme est au centre de l’organisation, le poste de travail est adapté aux compétences de celui qui l’occupe. C’est aussi l’organisation du travail qui va pallier les carences ou les absences des opérateurs, fréquentes et récurrentes. Car la particularité des 650 salariés de Bretagne Ateliers, c’est que 80 % d’entre eux sont des travailleurs handicapés. Si l’entreprise, qui livre des sous-ensembles à Citroën et Alstom, est soumise aux contraintes de tout sous-traitant de l’automobile ou de l’industrie ferroviaire, elle dispose d’un encadrement spécifique composé d’éducateurs et de formateurs. Une structure lourde, financée par les clients, qui paient les prestations certainement plus cher que chez un autre sous-traitant, mais s’acquittent ainsi en partie de leur obligation d’employer l’équivalent de 6 % de travailleurs handicapés dans leurs effectifs.
Cette gestion des compétences est donc particulière, inhérente à la qualité de ses salariés, mais la leçon à retenir, c’est qu’elle privilégie la performance collective plutôt que la performance individuelle. Trop souvent les entreprises partent de la définition du poste et s’attachent à faire coïncider les savoir-faire des salariés à ce poste, alors qu’une vision générale des compétences utiles à l’entreprise permet d’appréhender l’organisation du travail globalement, et de tenir compte des limites de ces salariés.
En exergue du documentaire diffusé récemment sur France 5, Jean-Pierre LEGOFF, sociologue au CNRS rappelle d’ailleurs que chaque individu est différent, d’où, l’importance de la qualité humaine, mais que malheureusement, dans notre monde économique, l’échec et l’expérience de l’échec n’existent pas.
La démarche de Bretagne Ateliers constitue une vision idéale, difficile à appliquer avec les niveaux actuels de productivité exigés. La société devra quant à elle, surmonter un autre challenge : assurer du travail à ses effectifs dans une période économique difficile où la demande se fait plus rare.
Le documentaire sur Bretagne Ateliers « Direction des richesses humaines » a été diffusé sur France 5, en  février 2010.

dimanche 13 mars 2011

"Someone's gotta go" : quand la réalité rejoint la Téléréalité dans le monde du travail


L’émission n’est encore qu’à l’état de projet, mais étant donné le peu de scrupules des diffuseurs, il ne serait pas étonnant de la voir un jour sur le petit écran. Dernière idée en date de la principale productrice de reality shows en Europe, la néerlandaise Endemol, « Someone’s gotta go » littéralement, « quelqu’un doit partir », va encore un peu plus loin dans l’abjection. Le concept consiste à enfermer des collègues de bureau, pendant un temps déterminé, dans un espace confiné. De vrais collègues d’entreprise ! L’objectif est de les éliminer tour à tour, en espérant les voir « s’entretuer » professionnellement, et en misant sur les rancœurs et frustrations qu’ils n’ont pas manqué d’accumuler entre eux au fil des ans.
Et gare à qui « aura passé des communications personnelles ou passé trop de temps à prendre un café pendant les heures de travail ». Mais, sous l’œil d’un business expert, vous pourrez à votre tour dénoncer les problèmes caractériels de vos voisins de bureau, leurs baisses de productivité, ou les inégalités de salaires. Une lutte sans merci dont le verdict est le licenciement, mais Endemol ne précise pas si celui-ci est réel. « Someone’s gotta go » qui n’est pour l’instant qu’un concept destiné aux marchés américain et anglais, a été présenté discrètement au MIP TV de Cannes au printemps dernier. Le teasing, cependant très racoleur, à l’image d’Endemol, était axé sur des messages tels que « jusqu’à présent au travail, il était préférable de ne pas dire la vérité » avec pour bande son « Under pressure » de David BOWIE ; ou encore « votre vie est en jeu », la vie professionnelle, bien entendu. D'un autre côté, une video montrait l’acteur Michael KEATON envoyer au diable un interlocuteur téléphonique, rappelant une scène vécue au bureau.
L’américain Fox Television s’est portée acquéreur du concept, mais n’étant pas sûre de pouvoir le lancer en ces temps de crise économique, elle a également acheté, à titre de lot de consolation, une autre émission : « More to love » (Encore plus à aimer). Celle-ci alloue à des cœurs solitaires en (fort) surpoids de se rencontrer. Dans l’ignominie, il n’y a pas de limites …
Source : La Repubblica – Jeudi 09 avril 2009.