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samedi 18 avril 2020

Des usines aux bureaux d'embauche dans la chanson "L'usine" de Marka (1997)

De son vrai nom Serge Van Laeken, Marka est un artiste belge qui est connu pour ses titres qu'il interprète seul, avec des groupes de rencontre ou en duo avec l'humoriste Laurence Bibot avec qui il a eu deux enfants très connus dans le monde de la chanson, le rappeur Roméo Elvis et de la chanteuse Angèle. Très connu en Belgique, il a fait Chevalier de l'Ordre de Léopold II, et plus récemment, son titre "It’s only football" a été utilisé comme hymne de l'équipe nationale "Les Diables Rouges" pour la Coupe du Monde de football de 2018 en Russie.

En 1997, il nous livrait cette chanson,  "L'usine" qui parle d'un "Don Juan" des usines, dont on ne sait si lui même travaille dans l'industrie, et qui, en raison de la désindustrialisation, doit se replier sur les bureaux d'embauche où pointent les ouvrières qui ont perdu leur emploi. Les références au monde du travail en général et au contexte industriel en particulier sont à la hauteur de cet opus sans prétention mais entraînant. Elles se limitent à quelques mots, " bleu de travail, ouvrières, 1er mai, défilaient, classe ouvrière ..." et ce que veut juste le dragueur des usines c'est rendre "toutes heureuses" ces ouvrières" devenues "jolies chômeuses" .

Les paroles de "L'usine"
Au temps des usines
A l'époque des machines
Il y avait des ouvrières
Des très jolies prolétaires
Au temps de l'industrie
Je me souviens bien des filles
En bleu de travail
Bien serré à la taille
Je suis le dragueur des usines
Le don Juan des ouvrières
Mais il n'y a plus d'usine
Y a plus d'ouvrières
À l époque industrielle
J'aimais bien les manuelles
Qui terminent en sueur
Leur journée de labeur
C'était le bon temps
Ou on engageait des gens
Et les filles que j'aime
Sortaient de l'usine à la chaîne
Je suis le dragueur des usines
Le don Juan des ouvrières
Mais il  n'y a plus d'usine
Y a plus d'ouvrières
Plus une seule sur terre
Tous les jours elle travaillaient
Mis à part le 1er mai
Où elles défilaient très fières
Avec leur classes ouvrière
Les temps changent
La vie est étrange
Aujourd'hui je débauche
Au bureau d'embauche
Depuis qu'il n'y a plus d'usines
Je débauche les jolies chômeuses
Ces filles sont mon but ultime
Je veux toutes les rendre heureuses
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Le dragueur des usines
Le don Juan des ouvrières
Mais il n'y a plus d usine
Y a plus d'ouvrières
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Toutes
Toutes
Toutes
Toutes
Toutes

vendredi 24 mai 2019

L'avenir d'un jeune britannique dans les aciéries dans une chanson de 1979 : "Making Plans for Nigel" de XTC


Interprétée par le groupe britannique XTC, ce hit de 1979 nous renvoie curieusement à la triste actualité économique. Ecrite par le bassiste du groupe, Colin Moulding, elle exprime le point de vue d'un couple de parents dont le fils, Nigel, travaille dans une aciérie. Pour leur fils chéri, "ils tirent des plans sur la comète", en estimant que, "il a juste besoin d'une main secourable" et que "s'il dit qu'il est heureux, il doit être heureux, heureux dans son travail". Et pourquoi donc ? Parce que "son avenir se dessine au sein d'une aciérie", et que "sa voie est toute tracée et son futur est aussi bon  que scellé.
Une prophétie peut-être teintée d'ironie au moment où la Grande Bretagne se préparait à affronter la pire crise industrielle de son histoire sur fond de "thatchérisme".
Si l'on reparle des aciéries britanniques en 2019, c'est parce que British Steel, sur le point de reprendre l'aciériste français Acoval en grande difficulté, serait elle même sur le point de déposer le bilan. Le secteur est loin d'être redressé en Europe alors qu'il est florissant en Chine grâce à des coûts de main d'oeuvre moindres . En attendant, "We're only making plans for Nigel ..."

La vidéo sur Youtube :


Le texte sur Google :

We're only making plans for Nigel
We only want what's best for him
We're only making plans for Nigel
Nigel just needs this helping hand
And if young Nigel says he's happy
He must be happy
He must be happy in his work
We're only making plans for Nigel
He has his future in a British steel
We're only making plans for Nigel
Nigel's whole future is as good as sealed
And if young Nigel says he's happy
He must be happy
He must be happy in his work
Nigel is not outspoken
But he likes to speak
And loves to be spoken to
Nigel is happy in his work
We're only making plans for Nigel

Texte : Colin Moulding
Making Plans for Nigel © Sony/ATV Music Publishing LLC, Warner/Chappell Music, Inc, BMG Rights Management US, LLC

dimanche 10 septembre 2017

Les accidents du travail dans le bâtiment au Brésil dans une chanson de Chico Buarque : "Construção" (1971)


C'est en écoutant l'émission "La Bande Originale" sur France Inter le 07 septembre dernier que nous avons découvert cette chanson de 1971, écrite et interprétée par Chico Buarque, dont on connait surtout l'incomparable "Essa Moça Tá Diferente". Rendons-lui cet honneur, c'est à Mathieu Almaric, que nous devons d'avons fait connaissance avec ce titre du célèbre chanteur brésilien. Il a en effet choisi d'intégrer ce titre dans la Play-List que chaque invité de Nagui et de son équipe propose d'écouter, soulignant principalement la construction de la chanson basée sur la répétition d'une même histoire, mais dont le récit varie seulement de quelques mots dans chacun des couplets. La page Wikipedia en langue anglaise de cette même chanson en donne une analyse différente, puisque selon cette source, il s'agirait en fait de trois 3 histoires différentes.
Chico Buarque

Peu importe, c'est bien évidemment le contenu qui nous intéresse, puisque l'histoire narre la fin tragique d'un ouvrier du bâtiment qui se rend sur le chantier puis grimpe "la construction comme s'il était une machine", dresse "à l'étage quatre murs solides, brique après brique". Après avoir déjeuné de haricots "avec du riz comme s'il était un prince", il boit, danse et rit et malheureusement, tombe de l'échaffaudage et s'écrase mortellement en contrebas, "perturbant le trafic".

Si "Construção" n'est peut-être pas, comme l'indique la page Wikipedia qui lui est consacrée "un témoignage douloureux des relations humiliantes entre le capital et le travail", elle nous donne de précieux indices sur la condition d'un ouvrier du bâtiment au début des années 70 dans ce Brésil alors sous le joug  d'une dictature militaire. C'est ce que résume parfaitement le dernier couplet qui nous révèle que le manque de sécurité ("Pour les échafaudages suspendus qui nous font tomber) et l'environnement malsain ("Pour la fumée et la misère qui nous font tousser") sont supportables grâce à une consommation excessive d'alcool, quasi obligatoire ("Pour la cachaça gratuite que l'on doit avaler") qui fera tituber le malheureux et le précipitera à sa fin.

Ce titre semble peu connu, il a pourtant été élu, toujours selon la page Wikipedia (en langue portugaise) "deuxième meilleure chanson brésilienne de tous les temps" à l'issue d'un vote organisé par le journal Folha de S. Paulo et rien de moins que « la plus grande chanson brésilienne de tous les temps » par le magazine Rolling Stone.

Pour aller plus loin :

dimanche 14 mai 2017

La descente aux enfers d'une petite couturière dans "L'entrecôte" une chanson des Frères Jacques (1946)

C’est un vilain parfum de misère qu’exhale cette Entrecôte, écrite par Les frères Jacques en 1946. Ce titre qui sera intégré dans un spectacle écrit entre autres par Yves Robert, sera pour le fameux quatuor l’occasion de revêtir pour la première fois leur costume avec collant qui sera l’une de leurs marques de fabrique. Parodie des mélodrames du début du siècle, cette chanson raconte les affres vécues par une jeune fille qui, à la suite du décès de son père fauché par la coqueluche, doit travailler pour nourrir sa fratrie, composée de 5 individus, sans que l’on sache si elle se compte parmi "ces dix petits pieds qui réclament des chaussures ».
Elle travaillera donc comme couturière, réalisant des robes « pour les gens de la haute », effectuant même des heures supplémentaires pour pouvoir régaler ses frères et sœurs d'une entrecôte. Mais une mauvaise rencontre la précipitera vers un travail nettement moins noble, et "de son corps elle en fit un outil".


La vidéo de la chanson des Frères Jacques :

Pour retrouver l'ensemble des articles sur les conditions de travail dans la chanson : sur ce blog

jeudi 29 décembre 2016

L'addiction aux jeux électroniques au travail dans "Fantaisie Héroïque" une chanson de Juliette .

L'allusion est fugace et ne sert finalement que l'intérêt de sa chanson en lui offrant un dénouement inattendu, et ne traite aucunement des comportements addictifs au travail, en l’occurrence le jeu sur ordinateur. Juliette, puisqu'il s'agit d'elle, auteure, compositeur et interprète, elle même fan de "gaming", dans Fantaisie Héroïque, un titre de son album "Mutatis Mutandis (2005) se lance dans une suite d'aventures où elle endosse les habits de "l'aventurière qui doit sauver le monde", et combat aux côtés d'Ad'arana la blonde, fille d'elfe et guerrière, et de "Gaëlan demi orque, au trois quart magicien". Pour finir par être réveillée par la D.R.H. qui lui promet un licenciement sur le champ si elle continue à se perdre dans ses jeux électroniques !

Source documentaire : Management - Arts et Métiers (David ABIKER) - Octobre 2016


dimanche 12 juin 2016

La fonction Ressources Humaines égratignée dans la chanson "D.R.H." d'Anaïs (2014).

Adepte de la parodie et de "la chanson incarnée" (wikipedia), la chanteuse Anaïs s'est essayée en 2014 à une critique en règle du Directeur des Ressources Humaines. Les paroles de ce titre avaient à l'époque, provoqué de nombreuses réactions à charge et à décharge. Sur bien des points, on ne peut que lui donner raison, au grand regret de ces spécialistes des Ressources Humaines qui ambitionnent de développer de la Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences, mais qui doivent effectivement plutôt répondre à des objectifs de mise en adéquation des effectifs avec les impératifs de production, en encaissant les effets de la mondialisation. En conséquence, donc, " ils appliquent à la lettre des ordres venus d'ailleurs" mais leur reprocher de "brasser de l'air" ou de jouer avec "la hache de guerre" est certainement bien plus discutable.
Chacun pourra se faire une opinion ou participer au débat en consultant par exemple, les sites suivants :
Pour consulter l'intégralité du texte de la chanson : DRH sur Paroles.net


















samedi 19 mars 2016

Le licenciement dans un tube du chanteur italien Luciano Ligabue : Non ho che te (2015)

Notre Schmoll national avait décrit avec une grande justesse le désarroi vécu par un cadre victime de la perte de son emploi, (voir notre article : Les effets de la crise économique dans les années 1970 : "Il ne rentre pas ce soir", une chanson d'Eddy Mitchell). Le ton en est si juste que, récemment, au cours d’une émission diffusée sur France 3 consacrée à son compère (Eddy Mitchell Itinéraires), Jacques Dutronc déclarait qu’Eddy Mitchell n’avait pas besoin de pousser sa voix pour interpréter cette chanson. Un titre qui exprime aussi le sentiment d’inutilité frappant un homme dans une société misogyne où le « mâle » a depuis toujours pourvu aux besoins du foyer. Dans un pays tout aussi teinté de machisme que le nôtre, l’Italie, c’est le chanteur très populaire LucianoLigabue qui communique avec autant de force et d’acuité la détresse subie par un homme dans la force de l’âge à qui l’on annonce du jour au lendemain, qu’il a perdu son travail : hanno detto avete perso il posto (di lavoro). Si ce salarié qualifiait son job d’infect (infame), il le respectait néanmoins, l’ayant toujours appelé « son travail » (l’ho chiamato sempre il mio lavoro), et s’il fait un parallèle avec l’enfer, c’est bien au moment de son licenciement qu’il plonge dans l’abîme.
Il ne manque pas d’évoquer quelques éléments pragmatiques, liés à son âge ou à des considérations financières : l’âge de départ à la retraite qui augmente (ci han spostato sempre un po più avanti la pensione) et la banque, où « ils sont gentils mais ne veulent rien donner … la même gentillesse que le serpent » (in banca son gentili ma non mi danno niente la stessa gentilezza del serpente). Et les jours passent, interminables (i giorni sono lunghi, non vogliono finire), pendant que le syndicat appelle à une nouvelle mobilisation pour ceux qui restent (il sindacato chiede un’altra mobilitazione per quelli che ci sono ancora dentro). Et puis, sans que ce soit  une consolation, le patron ne semble pas être au mieux : les yeux gonflés, la chemise froissée, quand il rencontre son ancien salarié, il détourne le regard, les yeux vides, la barbe négligée (ho visto il titolare aveva gli occhi gonfi, la giacca da stirare mi ha visto, si è girato, stava male aveva gli occhi vuoti, la barba da rifare).
Comme dans la chanson d’Eddy Mitchell, le plus pénible, c’est  l’impression d’inutilité, le sentiment de culpabilité exprimé par un refrain scandé à l’adresse de la compagne de ce « disoccupato » : je te demande pardon si je t’offre aussi peu (ti chiedo scusa se ti offro così poco), je te demande pardon si je ne te donnerai pas assez, je te demande pardon si je te demanderai de la patience (ti chiedo scusa se non ti darò abbastanza ti chiedo scusa se ti chiederò pazienza). Un refrain qui finit par une imprécation afin de ne pas être abandonné, qui donne son titre à la chanson du rocker transalpin : je n’ai que toi, je n’ai que toi (non ho che te).
Tout autant que « Il ne rentre pas ce soir », la musqiue de « non ho che te » n’a rien d’un blues mais bénéficie d’un rythme enlevé qui renforce le réalisme d’un texte dont la mise en image du clip est particulièrement bien adaptée.

Pour aller plus loin : le texte intégral de la chanson


samedi 30 janvier 2016

Le mal de vivre d'un cadre du marketing dans une chanson des années 70 : "Ce lundi-là" de Michel Delpech (1976)


C’est malheureusement sa disparition qui a fait ressortir ce titre de 1976 de Michel Delpech, davantage connu pour ses bluettes et ses succès populaires, comme « Chez Laurette », « Pour un flirt » ou encore « Le Loir et Cher ». Il avait certes donné un aperçu de ses capacités d’interprète réaliste, avec par exemple « Les divorcés », mais qui se souvenait de cette chanson dans laquelle il exprime le mal de vivre d’un cadre d’une entreprise qui décide, un matin, de tout plaquer ?
Dans « Ce lundi-là », il raconte le blues de Jean-Pierre, certainement un cadre, qui décide de tout laisser et de ne pas se rendre au bureau, ni de rentrer chez lui. Frappé par ce qui toucherait aujourd’hui plutôt les quadragénaires ou les quinquagénaires en quête de sens, il travaille « au marketing », ce qui est certainement encore peu courant dans les années 70. Mais il n’a plus goût à cette vie où la  seule motivation est «  d'avoir un jour un compte en Suisse ». Il a l’impression de « vivre déjà comme un vieux », avec la perspective insupportable que ses enfants «  lui ressembleraient de plus en plus ».
Comme dans "Il ne rentre pas ce soir",  la chanson d’Eddy Mitchell, qui évoque le cas d’un licenciement, on ne sait pas ce qu’il adviendra du personnage que ses collègues attendront en vain pour le déjeuner. Le contexte reste cependant le même, celui de la crise économique, mais dans la chanson de Michel Delpech nous voyons un salarié victime de stress qui tient grâce à une prise de tranquillisants, des « saloperies pour arriver à s'endormir », qui a perdu toute motivation dans son travail. Sa vie personnelle ne lui apporte plus non plus le bonheur du début, quand Michelle, son épouse,  « lui téléphonait trois fois par jour à son travail », partageant ainsi une « vraie complicité ». A l’époque, « la vie n'était jamais sérieuse » c’était « une de ses périodes heureuses qui ne se retrouvent pas ».

Voilà pourquoi, ce lundi-là.........il s' en allait ...

Pour aller plus loin :

dimanche 25 octobre 2015

Les congés payés et la semaine de 40 heures dans une chanson de Jean Villard-Gilles (1936)

Si l'épreuve d'histoire-géographie et d'instruction civique du Brevet des Collèges millésime 2015 a fait couler beaucoup d'encre en raison du niveau déconcertant de facilité dont relevaient les questions, il a eu le mérite de sortir des archives historiques cette "chanson des loisirs" de 1936 écrite par Jean Villard-Gilles.
Si elle ne décrit en rien la vie de l'entreprise à l'époque du Front Populaire, elle reflète l'espoir apporté par les mesures sociales instituées par le gouvernement de gauche, avec entre autres la semaine de 40 heures et les congés payés qui apportent "un vent de liberté" et "une vie meilleure".

L'auteur compositeur helvétique, né à Montreux, aura ensuite une très belle carrière, navigant entre des thèmes sensibles comme l'argent, avec Dollar, ou écrivant des chansons de premier plan pour Edith Piaf, comme "Les Trois Cloches" et "l'Auberge de la Fille sans cœur",

Quant à nos collégiens, il leur suffisait de lire la date inscrite à côté du nom de l'auteur de cette chanson pour répondre à la première question de ce Brevet des Collèges.

Sur Jean Villard-Gille, voir ce site de la Radio Télévision Suisse

vendredi 16 octobre 2015

L'usage des stupéfiants à l'usine dans une chanson des Charlots "T'es à l'usine Eugène" (1981)


Dix ans après leur grand succès de 1971, "Merci patron" que nous avons évoqué sur ce blog, les  "Charlots" font à nouveau référence au monde de l'entreprise, plus précisément l'industrie, avec cet autre titre "T'es à l'usine Eugène". Dans la même veine que leur précédente chanson, mais sur un rythme reggae, le groupe populaire raconte les errements d'un collègue ouvrier, Eugène, qui semble moins préoccupé par "sa clé de douze" que par l'usage de produits stupéfiants "qui feraient flipper le Docteur Olivenstein". Ce psychiatre médiatique, spécialisé dans le traitement de la toxicomanie, que l'on voyait apparaître sur les écrans de télévision dès qu'il était question du sujet, de 1970 jusqu'à l'an 2000, était surnommé le "psy des toxicos".
Si, à l'époque, l'usage de drogue dans le monde professionnel n'était pas mentionné comme un phénomène répandu, beaucoup moins qu'actuellement, les symptôme ne laissent aucun doute . Eugène, affiche un "pupille incertaine", éclate de "rire comme une baleine"et "danse en bossant à la chaîne "ce qui altère la productivité : "Tu fais tomber la moyenne". Ce que le patron ne semble pas apprécier : "Le patron n'a pas l'air d'aimer tes confidences sur le reggae".
Comme leur précédent opus, et toujours sur un air léger, les "Charlots" nous plongent donc à nouveau dans le monde ouvrier sur un mode humoristique, à grand renfort de jeux de mots, sans aucune prétention.

Pour lire l'ensemble du texte de la chanson : "Tes à l'usine Eugène".

lundi 29 décembre 2014

Vidéo-surveillance dans la grande distribution : "La caissière du super", une chanson d'Arthur H (2014)

C'est le même sujet que dans le précédent article "Video-Surveillance dans la grande distribution", mais cette fois c'est Arthur H dans sa chanson sortie en septembre dernier, "La caissière du super" qui nous interpelle. Pratiquement rien sur les pratiques professionnelles de l'hôtesse de caisse comme il est bienséant de les nommer, mais quelques éléments sur sa motivation : si elle travaille c'est pour "les beaux yeux de son gosse", pour "son gosse", "pour la banque, pour les beaux yeux de la banque", ou "pour la bouffe, pour la bouffe de son gosse" . Quant aux conditions de travail, nous apprenons que "la caissière du super" est surveillée, que "les cameras ne se lassent pas
d'enregistrer les petits travers de la caissière du super", que les "petits chefs ne se lassent pas de critiquer les petits travers de la caissière du super".

Le texte intégral de la chanson peut être consulté sur ce site.

samedi 12 octobre 2013

"Precario È Il Mondo" : Une chanson italienne de Daniele Silvestri sur la futilité du travail en Italie (2010)

Dans cette chanson de 2010, au rythme entraînant, Daniele SILVESTRI exprime d'abord sa désillusion pour "la petite botte", c'est à dire l'Italie, qu'il ne veut plus habiter, mais surtout pour l'inutilité du travail dans sa patrie : " Mon travail est inutile, futile même, déplaçable, remplaçable, régulièrement rançonné ... mon travail est fait de plastique qui peu à peu me vole l'âme ...".
Le premier couplet se poursuit, le ton se durcit : " le travail rend noble, je ne sais pas, peut-être, mais il rend certainement libre de se suicider, et moi je me suis brisé, je me suis brisé, je n'ai plus envie d'habiter la botte, ça n'a plus de sens de rester" ; il continue en remerciant, toutefois, "merci pour tout" et avant d'enchaîner avec le refrain, il conclue ce premier couplet "j'attends encore la fin du mois et j'arrête".
Mais pourquoi attendre la fin du mois, est-on en droit de se demander, puisque l'issue semble malheureusement fatale ?
Le refrain aborde un champ plus politique ou philosophique, "Le monde est précaire, la terre que je foule est flexible", un vocable qui n'est pas sans rappeler la mondialisation et ses effets, "la nuit est atypique, la poussière qui se soulève volatile ... la glace qui fond n'est pas pérenne, l'air non plus, il s'épuise, la seule incertitude est Quand".



Le second couplet continue dans un registre politique, puisque "Le monde est précaire, même si c'était normal, cette botte me semble encore plus précaire, elle s'effondre dans un tas de saletés, et ceux qui l'ont compris s'en vont". Puis, pour descendre sur les conditions de travail de manière plus précise, il prend à partie un individu, lui-même peut-être "toi au contraire, tu ne l'as pas compris et tu serres les dents derrière un bureau sans même avoir le temps de regarder dehors pour voir que toutes les couleurs changent et tout autour de toi, les gens s'agitent, bougent toujours". C'est alors l'impuissance qui est exprimée "Quelqu'un crie, mais personne n'entend cette protestation, il n'y a pas de futur à défendre, il y a seulement le présent, et encore à sauver il n'y a rien ou presque, mon amour, je ne résiste pas, je voudrais te convaincre de me rejoindre mais je n'y parviens pas, et je n'insiste pas". La fin de ce deuxième couplet verse dans le tragique, "toi, tu réussis encore à ne pas voir que le mauvais côté,  moi au contraire, j'y ai renoncé, je dois m'en aller, merci pour tout".
Enfin, entre la répétition des 2 derniers refrains, s'intercale un couplet restreint, en forme de jugement dernier, porteur d'espoir ou de désespoir éternel : "Et alors le temps s'arrêtera, à l'improviste, et qui s'aimait pourra s'aimer pour toujours, Et alors le temps s'arrêtera, à l'improviste et qui se détestait se détestera pour toujours".

Le texte original en italien :

Mi sono rotto, io mi sono rotto,
non ho più voglia di abitare lo Stivaletto
non ha più senso rimanere grazie di tutto
aspetto ancora fine mese poi mi dimetto
Tanto il mio lavoro è inutile, diciamo futile
essenzialmente rimovibile, sostituibile, regolarmente ricattabile
il mio lavoro è bello come un calcio all'inguine dato da un toro
il mio lavoro è roba piccola fatta di plastica
che piano piano mi modifica, mi ruba l'anima
dice “il lavoro rende nobili” non so può darsi,
sicuramente rende liberi di suicidarsi
e io mi sono rotto, io mi sono rotto,
non ho più voglia di abitare lo Stivaletto
non ha più senso rimanere grazie di tutto
aspetto ancora fine mese poi mi dimetto

Precario il mondo precario il mondo
flessibile la terra che sto pestando
atipica la notte che sta arrivando volatile la polvere che si sta alzando
Precario il mondo precario il mondo
non è perenne il ghiaccio che si sta sciogliendo, non è perenne l'aria e si sta esaurendo
e d'indeterminato c'è solo il Quando

Precario il mondo si finchè è normale
ma sembra ancora più precario questo stivale
che sta affondando dentro un cumulo di porcheria
e quelli che l'hanno capito vedi vanno via
e invece tu non l'hai capito, non l'hai capito
e stringi i denti dietro un tavolo dentro a un uffficio
senza nemmeno avere il tempo di guardare fuori
così non vedi che già cambiano tutti i colori
e intorno a te la gente si agita si muove sempre
qualcuno grida è una protesta che nessuno sente
non c'è un futuro da difendere solo il presente
e anche di quello di salvabile c'è poco o niente
amore mio non ci resisto, io non ci resisto
vorrei convincerti a raggiungermi ma non insisto
tu riesci ancora a non vedere solo il lato brutto
io invece ho smesso devo andare, grazie di tutto.

Precario il mondo precario il mondo
flessibile la terra che sto pestando
atipica la notte che sta arrivando volatile la polvere che si sta alzando
Precario il mondo precario il mondo
non è perenne il ghiaccio e si sta sciogliendo, non è perenne l'aria e si sta esaurendo
e d'indeterminato c'è solo il Quando

E allora il tempo si fermerà, improvvisamente e chi si stava amando potrà
amarsi per sempre
E allora il tempo si fermerà, improvvisamente e chi si stava odiando dovrà
odiarsi per sempre

Precario il mondo precario il mondo
flessibile la terra che sto pestando
atipica la notte che sta arrivando volatile la polvere che si sta alzando
Precario il mondo precario il mondo
non è perenne il ghiaccio e si sta sciogliendo, e non è perenne l'aria e si sta esaurendo
e d'indeterminato c'è solo il Quando

lundi 4 février 2013

"La Charrette", une chanson de Florent Marchet

La relation au monde de l'entreprise n'est pas toujours évidente, dans cette chanson de Florent Marchet, un artiste d'origine berruyère. Si, dans le refrain, il est bien question de "charrette", un terme actuellement moins usité, mais employé à l'origine pour désigner la liste des salariés d'une entreprise touchés par un plan de licenciement colectif, seul le mot "usine" trouvé dans le dernier couplet se rapporte à l'entreprise. Les références à la famille et aux enfants peuvent laisser poindre une situation dramatique, mais ce sentiment est contrebalancé par un départ en vacances et des promesses de ballade en forêt, plus proches d'un départ en préretraite qu'un licenciement pur et dur.
Pour retrouver les paroles, fautes d'orthographe incluses, consulter le site www.www.parolemania.com.
Dans les années 70 et 80, "faire partie de la charrette" prenait souvent un ton dramatique, la société n'était pas encore rompue aux nombreuses suppressions de postes, et l'expression elle même n'était pas sans rappeler l'image des condamnés conduits à l'échafaud dans ce véhicule hippomobile.
Aujourd'hui, dans le monde de l'entreprise, le terme "charrette" s'emploie pour qualifier la difficulté à faire face à une échéance, pour, par exemple, terminer un projet dans les temps. D'après  wikitionnary.org l'éthymologie en est d'ailleurs très précise.

Nous vous conseillons cette video de "La charette" un titre aux sonorités entraînantes :

mardi 17 juillet 2012

Le travail dans la chanson française, quelques morceaux choisis


Dans la chanson d’expression française, le travail est plus une source de lamentation que de satisfaction. Dans une chanson popularisée par Julien Clerc ou reprise entre autres par Alpha Blondy, le chanteur cajun ZacharyRichard préfère adopter une vie de bohème car « Travailler c’est trop dur et voler c’est pas beau ».  Plus récemment, le groupe Pink Martini nous avouait «  je ne veux pas travailler … », un titre écrit à partir du texte « Hôtel » de Guillaume Apollinaire, ce qui peut expliquer le côté « rétro » de l’interprétation. Dans un registre plus populaire, Henri Salvador nous enseigne ironiquement en 1965, que « le travail c’est la santé » mais que « ne rien faire, la conserver ». Si la chanson n’est pas d’une grande portée philosophique, elle aborde cependant la question de l’intérêt de sacrifier une vie entière au labeur pour finalement ne pas en profiter, et fustige aussi le stress des hommes d’affaires. Dans une approche similaire, Gérard Rinaldi, récemment disparu, compose en 1971 avec Luis Rego le fameux « Merci patron » interprété par leur célèbre groupe Les Charlots. Cette fois, les ouvriers remercient leur employeur de leur permettre de souffrir, ils s’avouent honteux de lui prendre de l’argent en contrepartie, et vont même jusqu’à lui proposer d’inverser leurs rôles.
Enfin, et si la relation au travail est moins flagrante, on pourra noter le « Poil dans la main, payé à rien foutre » de Jacques Higelin qui dans ce texte encourage au farniente plus qu’à s’élever contre le travail en lui-même.
Quelques extraits :
Travailler c’est trop dur (interprétée par Zachary Richard)


Zachary Richard - Travailler c'est trop dur par RollingPat

Merci patron (Les charlots)

Les Charlots - Merci patron par Salut-les-copains



Le travail dans la chanson avec La Cité des Sciences et le Hall de la Chanson


L'origine ou la raison ne sont pas clairement identifiés, mais la Cité des Sciences et Le Hall de la chanson se sont associés pour proposer une page contenant, selon leurs termes "un florilège d'oeuvres musicales évoquant les liens entre chansons et travail". Une sélection intéressante à retrouver à cette adresse.

mardi 3 avril 2012

Les effets de la crise économique dans les années 1970 : "Il ne rentre pas ce soir", une chanson d'Eddy Mitchell

Déjà en 1978, "Schmoll", alias Eddy Mitchell relatait le désarroi des cadres suite à la perte de leur emploi. La crise économique des années 70 est passée par là, et si les ouvriers sont les premiers touchés, comme le chantait Bernard Lavilliers dans Mains d'or, les cols blancs ne sont pas épargnés. Prémices de la mondialisation, comme l'explique "Le grand chef du personnel", "Une multinationale s'est offert notre société". Autant que le manque de ressources financières et le spectre du chômage à un âge délicat, "Etre chômeur à son âge - C'est pire qu'un mari trompé", c'est la perte du statut que doit subir ce cadre : " Fini le golf et le bridge - Les vacances à St Tropez - L'éducation des enfants - Dans la grande école privée". Il faut dire qu'à l'époque, la perte de son emploi constituait une véritable opprobre, la même que celle qui touchait les couples qui se séparaient ou divorçaient. Ce qui explique peut-être le parallèle avec "le mari trompé". Les conséquences de ce drame social ne sont pas connues, tout peut être imaginé, puisque "il ne rentre pas ce soir".

jeudi 5 janvier 2012

Le lipdub, une video d'entreprise réalisée par les salariés

Nous ne sommes plus dans le champ de la fiction, mais plutôt dans la communication interne. Créé à l'initiative d'un ou de plusieurs salariés, ou par la direction de l'entreprise dans le cadre de sa politique de communication interne, le lipdup est une video réalisée généralement en plan séquence dans laquelle les collaborateurs exécutent avec plus ou moins de brio une chorégraphie. Le secret de la réussite réside dans le choix de la musique qui servira de support ; le titre doit être entraînant. Au niveau managérial, le lipdup a un effet fédérateur, c'est un bon outil de "team building" pour peu qu'il ne laisse aucun salarié en marge du projet. En externe, c'est un formidable outil de communication. Si le lipdup de l'UMP, très décrié en son temps ou celui du medef restent anecdotiques, l'un des plus exemplaire et des plus visionnés reste celui du Groupe Beaumanoir, plus connu dans le monde du prêt à porter avec ses marques "Patrice Breal", "Bonobo", "Cache cache", "Scottage", "Morgan" ou "La City".


Moins connu, celui du fabricant de cosmétique SHISEIDO ne manque pas d'intérêt.



Enfin, celui d'IKEA en Espagne associe la culture ibérique et un très bon titre musical avec la spécificité de la culture de l'enseigne d'équipement de la maison suédoise.

mercredi 17 août 2011

Conditions de travail dans la chanson : l'industrie métallurgique pour Yves Montand et Bernard Lavilliers

Les références à l'industrie lourde sont certainement nombreuses, mais puisqu'il faut bien commencer, nous commencerons par une simple allusion à la condition du "tourneur chez Citroën", évoquée par Yves Montand dans "Les grands boulevards (Paroles: Jacques Plante. Musique: Norbert Glanzberg   1952 © MCA Caravelle). "Pas riche à millions" et ne pouvant pas se "payer des distractions" du moins " pas
Tous les jours de la semaine", son plaisir "dès le travail fini" est d'aller se promener sur les grands boulevards pour y jouir du spectacle de la rue.


Yves Montand - Les grands boulevards par Salut-les-copains

Plus près de nous, Bernard Lavilliers, fils d'ouvrier qui a lui même travaillé à la Manufacture d'armes de Saint-Etienne, nous chante la complainte d'un sidérurgiste dont l'entreprise a fermé, mais qui voudrait, comme le dit le refrain "Travailler encore" l'acier rouge de ses "Mains d'or" qui donnent le titre à ce succès de 2001.
Malgré des conditions de travail pénibles, "J'ai passé ma vie là - dans ce laminoir, Mes poumons - mon sang et mes colères noires", la perte de l'emploi est dramatique. Perte du moyen de subsistance, peu rémunérateur, "J'me tuais à produire, Pour gagner des clous", perte de statut social , "J'peux plus exister là, J'peux plus habiter là" ou "Je sers plus à rien - moi Y'a plus rien à faire" , la logique financière est pourtant implacable, la fabrique doit fermer "Tombés sur le flan - giflés des marées
Vaincus par l'argent - les monstres d'acier" et les effets demeurent incompréhensibles pour les ouvriers : " Quand je fais plus rien - moi Je coûte moins cher - moi Que quand je travaillais - moi D'après les experts"


Bernard Lavilliers - Les Mains D'Or par Bernard-Lavilliers







samedi 26 mars 2011

Accident du travail en Italie : le célèbre chanteur Adriano CELENTANO s'engage contre les "morts blanches"

Accidents du travail : l’Italie frappée par « les morts blanches »

#01 A la radio
#02 Dans la presse écrite
#03 Les morts blanches, un sujet qui n’est pas nouveau


# 01 A la radio
Le phénomène a une importance telle que les italiens lui ont donné un nom : « les morts blanches ». Il est ainsi baptisé en raison du silence qui le caractérise, et concerne les trop nombreux décès intervenus suite à un accident de travail. L’Italie en déplore plus de 1 000 chaque année, et rien ne semble changer malgré une campagne de sécurité destinée à choquer. Elle met en scène un homme qui dit « au revoir » à son fils, une dernière fois avant de partir au travail.
Nos voisins attendent cependant beaucoup du procès qui s’est ouvert à Turin le 15 janvier dernier, suite à un incendie survenu dans une usine ThyssenKrupp de la région, et qui aura coûté la vie à 4 personnes. Cette affaire constitue un symbole des accidents du travail, phénomène de société, et elle met face à ses responsabilités l’administrateur délégué de Thyssen, jugé pour homicide volontaire, ainsi que 5 autres personnes, également inculpées pour homicide.
C’est une décision historique selon l’une des victimes du drame, actuellement en soins psychiatriques, qui explique que l’équipe avait fait ses 8 heures, mais, en raison d’une erreur de planning, ou pour une autre raison, l’équipe de relève ne s’est pas présentée à l’heure convenue. Selon le règlement en vigueur, les salariés en poste ont l’obligation de remplacer les collègues, bénéficiant alors ensuite d’une journée de récupération.
L’affaire Thyssen a suscité une grande émotion, elle impose de revoir les choses. Elle rappelle le drame du Moulin de Fassano toujours près de Turin, qui avait fait 5 morts ; et Thyssen n’a rien changé.

Dans l’analyse des causes, la responsabilité de l’entreprise est souvent écartée ; on évoque la fatalité. Antonio BOCCUZZI, victime de l’incendie de Turin, est suivi par un psychiatre. Le drame de l’aciérie l’a convaincu de se lancer dans la politique pour lutter contre ces « morts blanches », ainsi qu’elles sont appelées en Italie. Il recommande de ne pas parler de mort blanche, « car il n’y a rien de blanc dans la mort d'un travailleur ».
Paola AGNELLO, secrétaire confédérale de la CGIL, estime que chaque accident est prévisible et espère que la responsabilité de l'entreprise sera engagée. Sans pour autant tomber dans la persécution des employeurs.
Le journaliste de France Inter, Eric VALMIR, correspondant permanent à Rome, invoque aussi d’autres causes, comme le nombre d’heures travaillées, mais aussi l’économie souterraine. Paola AGNELLO considère qu’il ne faut pas sous-estimer les maladies professionnelles, les risques cancérigènes, l’amiante.
Pour lutter contre l'économie souterraine, les moyens manquent, il n’y a pas assez d’inspecteurs du travail. Certes, précise Eric VALMIR, tout existe, les lois, les structures …, mais, par exemple, les inspecteurs ne sont pas rattachés au Ministère du travail. Et il n’y a que 1 900 techniciens, c’est insuffisant ; un contrôle intervient en moyenne tous les 33 ans, alors que la durée de vie moyenne d’une entreprise est de 12 ans.
Il faut faire de grandes choses, la vague émotive est telle que le Président de la République, Giorgio NAPOLITANO a déclenché une alarme sociale, publique et privée.
Une nouvelle campagne de communication ne plait pas à la CGIL, l’un des principaux syndicats du pays, car elle demande aux travailleurs d’être plus attentifs, alors que le syndicat considère que c’est bien l’entreprise qui est responsable, il ne faut pas transférer cette responsabilité sur les ouvriers.
De leur côté, les entreprises se défendent, en arguant qu’elles sécurisent leurs entreprise, qu’elles font le maximum.


# 02 Dans la presse écrite
De son côté, Entreprises et Carrières, qui traite également de ce qui restera « l’affaire Thyssen », revient sur la campagne nationale de communication, lancée le 07 octobre dernier, 5 jours avant la journée nationale consacrée aux accidents du travail, instituée il y a 58 ans.
Le défaut de prévention remonterait au boom économique des années 60/70, qui a vu de très nombreuses embauches dans les secteurs de l’industrie et du bâtiment, sans aucune culture du travail et de la prévention en termes de sécurité. C’est du moins la théorie avancée par Pietro MERCANDELLI, Président de l’ANMIL, association nationale des mutilés et invalides du travail, pour expliquer les bilans médiocres de nos cousins transalpins en matière d’accidentologie.
Tout comme Eric VALMIR, de France Inter, Anne Le NIR, correspondante du magazine à Rome confirme que le cadre règlementaire « n’a rien à envier aux autres pays européens », comme la Grande Bretagne qui observe un taux de mortalité six fois moindre qu’en Italie.


Mais c’est dans leur applications que les lois font défaut, même si le nombre d’inspecteurs est de 3500 pour 6 millions d’entreprises, le risque pénal pour l’employeur est infime, en partie à cause de la complexité du système judiciaire.
C’est la même carence d’application qui touche les décisions prises par l’ex-gouvernement PRODI, qui instaurait de nouvelles obligations dans le cadre des appels d’offres, et esquissait une sensibilisation dès la formation initiale.
Entreprises et Carrières met aussi en exergue la négligence des salariés eux-mêmes, qui n’utilisent pas toujours les équipements de sécurité mis à leur disposition, et le manque de formation amplifie les risques.
Des risques que ne peuvent pas toujours refuser des ouvriers parfois en situation irrégulière, jusqu’à 60 pour cent sur certains chantiers, commente Rita CHIAVARELLI, qui dirige l’INAIL, institut national pour l’assurance contre les accidents de travail. Cette structure indemnise les victimes et leur famille, selon un système en vigueur depuis 1965 qui ne leur permet pas de vivre dans des conditions décentes. La revalorisation de cette assistance qui bénéficie à 130 000 veuves ou orphelins et 800 000 invalides, est l’un des chevaux de bataille de l’ANMIL, appuyé par les syndicats ; les autres revendications portent sur l’accroissement du nombre d’inspecteurs et l’intensification des contrôles.
Mais pendant ce temps, comme conclue Anne LE NIR, le macabre décompte continue : 6 personnes dans diverses entreprises d’agriculture, de menuiserie, du bâtiment, de transport et sur l’autoroute sont décédées au travail les 10 et 11 novembre dernier, puis le 14 un ouvrier de FIAT subissait le même sort à CASSINO, et un autre en Lombardie sur un chantier de construction.
Sources : France Inter« Et pourtant elle tourne » du 26/11/2008 – Entreprises et Carrières du 25/11/2008 .


#03 Les morts blanches, un sujet qui n’est pas nouveau


Le showbiz italien se mobilise contre « les morts blanches », à l’image d’Adriano CELENTANO. En août dernier, le célébrissime chanteur a rejoint l’association Articolo 21 qui lutte contre ces « morts blanches ». L’artiste, à l’occasion du dernier festival du film de Venise, a ressorti son film de 1975, « Yuppi Du », qui prenait déjà position contre des conditions de travail inacceptables. Celentano déplore que « 33 ans après, la situation n’a fait qu’empirer ». Venise était aussi le point de départ d’une caravane, affrétée par Articolo 21, qui a parcouru une partie de l’Italie, en s’arrêtant dans des villes symboles de la lutte contre les accidents du travail, souvent le théâtre de décès d’ouvriers. La Mostra a également programmé dans la section « Orizzonti » « La fabbrica dei tedeschi » (l’usine des allemands) de Mimmo Calopresti, réalisateur de premier plan, et « Thyssenkrupp Blues » de Pietro Balla et Monica Repetto, un autre documentaire. Ces deux films traitent de la tragédie survenue à Turin, alors que le « Yuppi Du» du chanteur transalpin explorait les conditions de travail de la grande zone d’activités portuaires, chimiques et pétrolières de Marghera, une commune limitrophe de Venise.
Les syndicats italiens, CGIL, CISL et UISL en tête, se sont réjouis de cette mobilisation qui vise à faire de leur pays une nation à l’avant-garde en matière de sécurité de travail.

Source : La Repubblica Fernando Cotugno – 11/08/2008