dimanche 2 mars 2025

L'emploi précaire dans l'après-guerre en Italie dans le film "Deux sous d'espérance" de Renato Castellani (1952)

"Due soldi di speranza" (Deux sous d'espoir) constitue le dernier volet d'une trilogie du réalisateur italien Renato Castellani. Distribué en 1952, il pourrait figurer un archétype du cinéma néo-réaliste transalpin puisqu'il montre largement la vie d'après guerre dans ce pays où la population a souffert du fascisme, puis de l'invasion nazie et enfin de la libération opérée par les alliés. Aucune référence à la guerre ou à la politique, excepté quelques rares scènes où le principal protagoniste, Antonio (Vincenzo Musolino), se rend la nuit à Naples pour aider les communistes locaux à coller des affiches afin de compléter sa maigre rémunération d'assistant bedeau dans le village de Cusano où il vit difficilement depuis sa démobilisation. Il perdra cette charge quand le prêtre aura vent de cette activité, ce sera toutefois la seule confrontation à distance entre l'église et le communisme.

Sous l'angle du monde du travail l'intérêt principal de ce film réside dans la vision qu'il offre de la façon dont la population masculine, essaie de s'en sortir, par le travail, ou par des expédients, sans tomber dans le trafic ou l'illégalité, même si, excepté peut-être celui du Parti Communiste, la plupart des emplois ne sont certainement pas déclarés. Mais nous n'aurons indication à ce sujet pour aucuns d'entre eux. 

Afin de constituer un trousseau pour sa sœur, déshonorée par un vieux célibataire, mais aussi pour demander la main de Carmela (Maria Fiore) à son père, avec peut-être l'espoir d'intégrer l'entreprise familiale florissante de fabrication de feux d'artifices, Antonio remplira d'abord des bouteilles de limonade pour le compte d'un débit de boisson du village, vendra des légumes sur le marché, puis gagnera quelques pièces en assistant les cochers dont les calèches peinent à grimper la montée qui ponctue le trajet entre la gare et le bourg. A ce moment, il aurait dû occuper le poste de chauffeur de bus de la compagnie créée par ces mêmes cochers sous forme de coopérative dans le but de contrer les plans du Maire qui envisageait de mettre en place un service régulier de transports en bus. L'entreprise prendra fin avant même d'avoir commencé en raison du manque d'entente des associés. 

Antonio sera donc successivement assistant du bedeau et colleur d'affiches puis coursier pour les propriétaires de 3 cinémas, parcourant les rues de Naples à bicyclette pour livrer les bobines de films, une scène qui fait immanquablement penser à "Nuovo Cinema Paradiso" film beaucoup plus récent de Giuseppe Tornatore. Il s'attirera les faveurs de la mère de famille puisque, en plus de son travail, il fait don de son sang pour favoriser la croissance de son garçonnet. Ce qui lui permettra d'accéder au titre de projectionniste, enfin un vrai métier, qu'il perdra aussitôt à cause de sa promise, aussi amoureuse qu'écervelée. 

Dans cette période d'après-guerre telle qu'elle est dépeinte ici dans le sud de l'Italie, la région Campanie, pour être plus précis, le fait marquant est le manque cruel de travail et donc de ressources pour les familles. Les hommes se présentent chaque jour devant la grille d'enceinte de l'église et passent là une partie de la journée à attendre un hypothétique emploi, préférant parfois refuser un travail peu intéressant et pas beaucoup plus rémunérateur que les indemnités chômage, puisque le système a le mérite de déjà exister.  Les emplois proposés, quand ils existent, sont ceux de manoeuvre, peu payés et peut-être rarement déclarés.


samedi 1 mars 2025

L'esclavagisme moderne dans le film italien "Una promessa" (Lo spaccapietre) des frères De Serio (2020)

De ce long métrage des frères jumeaux Gianluca e Massimiliano De Serio, nous ne retiendrons pas spécialement l’intrigue tant elle manque de clarté. Ou peut-être des éléments dans le récit font-ils défaut ? Une fois encore c’est le contexte qui nous intéresse puisque la plus grande partie du film se déroule au sein d’une exploitation agricole ou maraîchère dans laquelle on cultive des légumes et de la vigne de manière intensive.

Cette entreprise s’appuie principalement sur le travail illégal, la main d’œuvre est constituée d’africains, essentiellement des hommes mais également de quelques italiens. Ils sont payés en liquide, à la bonne grâce de l’employeur ou plutôt de son garde chiourme, son homme à tout faire avec qui il terrorise ces nouveaux esclaves. En rôdant par exemple la nuit au milieu des baraquements de fortune où vivent ces pauvre hères, armé d’un fusil et tirant sur ces habitations sommaires faites de toile en plastique. Le boss impose également ses caprices à une femme, à qui il demande par exemple d’éventrer un porc fraichement abattu, ou de mimer une scène bestiale en duo avec Giuseppe, le personnage principal du film.

Celui-ci a perdu son travail dans une carrière, sans que l’on sache s’il était déclaré, suite à un accident qui lui a coûté un œil. C’est son épouse qui subvient aux besoins du couple et de leur fils, en travaillant justement dans cette exploitation agricole où elle perdra la vie en raison, peut-on supposer, des dures conditions et peut-être des mauvais traitements des tortionnaires. N’ayant d’autre alternative, Giuseppe (Salvatore Esposito) rejoindra cet enfer en compagnie de son jeune fils et subira lui aussi de mauvais traitements.

Sur un plan purement professionnel, il nous est donné de voir le travail dans les champs, dans des scènes à peine réalistes. En effet, quand Giuseppe recouvre de terre les bords des films plastiques déroulés dans les champs, l’utilité de la tâche ne semble pas flagrante. Quand, par contre, toujours aidé de son fils, il troue ces mêmes bâches pour y planter des végétaux, ou qu’il répand des produits phytosanitaires à l’aide d’un pulvérisateur ou d’une cuve attelée à  l’arrière d’un tracteur, on peut noter davantage de réalisme.

Si l'on veut prendre un peu plus de recul, il est légitime de s'interroger sur la pertinence des éléments de contexte. Certes, le travail illégal existe, notamment dans le secteur agricole et probablement dans l'Italie, et en l'occurrence l'Italie du Sud. Cependant, la présence de ressortissants italiens dans les rangs de ces esclaves modernes paraît surprenante. D'autant plus que dans certaines situations, aiguillés et assistés par les travailleurs étrangers, il semble même que ce soient eux les migrants. Enfin, au delà des relations nécessaires à la trame du film, aucune indication n'est donnée sur la vie sociale dans ce monde du travail illégal.

La bande annonce du film "Una promessa"




dimanche 23 février 2025

Le domaine des services à la personne dans le dernier film de Robert Guédiguian "La pie voleuse"

 

Le dernier film de Robert Guédiguian ne nous plonge pas vraiment dans le monde très exigeant des services à la personne, mais il en prend le prétexte pour tisser les liens entre les différents protagonistes de ce long métrage où le réalisateur reconstitue une fois de plus sa bande autour de la sémillante Ariane ASCARIDE.

Celle-ci interprète le rôle d’une femme dont on ignore l’âge, qui dispose d’une pensions de retraite mais qui doit cependant continuer à travailler pour, permettre à son petit fils de se payer des cours de piano afin de, peut-être, intégrer le conservatoire, et d’autre part, éponger les dettes de son mari, qui lui, doit se contenter d’une retraite très faible et  qui passe ses journées à jouer aux cartes.

Du métier d’aide à domicile, tel qu’est dénommé ce métier, il ne nous est pas permis d’en voir toute l’intensité, à peine du nettoyage et de la cuisine. Ce film nous donne cependant un aperçu de la gestion du temps de ces salariés d’agences de services à domicile qui doivent enchaîner les tâches et se presser de rejoindre le foyer suivant où la première tâche consiste à pointer à l’aide d’un boîtier accroché au mur, chez le bénéficiaire. Toutefois, et contrairement à la réalité, Maria (Ariane Ascaride) ne semble pas spécialement prise par le temps, se permettant même de faire quelques courses, certes au profit des bénéficiaires, la plupart étant des personnes âgées. Certes, on peut supposer qu'elle ne travaille pas à temps plein, et le fait de s'attarder au domicile de ces personnes lui permet aussi de fureter et de chaparder de l'argent, quand elle "n'emprunte" pas des chèques comme chez Monsieur Moreau (Jean-Pierre Darroussin), pour payer les cours de piano de son petit-fils. La fraude ne sera découverte que fortuitement, lorsque le fils de Robert Moreau sera contacté par le magasin de musique qui a livré le piano chez la fille de Maria, le chèque de caution ayant été détruit suite à un dégât des eaux consécutif à une tentative d'effraction dans ce commerce d'instruments de musique.

Peut-être que les victimes fermaient les yeux, appréciant la mansuétude de Maria à leur égard, eux qui souvent vivent désespérément seuls, même lorsqu'ils sont en couple, ne recevant aucune visite, excepté celle de leur assistante à domicile avec qui ils tissent un lien de confiance plutôt fort. Ils retireront finalement leur plainte. 

La confiance est d'ailleurs, très certainement, l'aspect le plus marquant de ce métier que l'on peut retenir de ce film plaisant, qui ne nous montre rien d'autre de la profession, ni avec maria, ni avec la collègue chargée de la remplacer durant sa suspension en raison de ses méfaits.



samedi 23 mars 2024

"Toni Erdmann" : le monde du conseil et de l'audit international dans un film allemand de 2016 avec Sandra HULLER


Bien avant d'être remarquée pour sa magnifique interprétation dans le multi-primé "Anatomie d'une chute", l'actrice allemande Sandra HULLER interprétait le rôle principal dans le film "Toni Erdmann" en 2016.

C'est l'histoire, plutôt originale, d'un père qui se rend compte que sa fille, consultante pour une grand cabinet international, occupe un poste important empreint de responsabilités, mais que sa vie est insipide.  A l'occasion de l'anniversaire de sa grand-mère maternelle, son père la surprend en train de feindre une conversation téléphonique à caractère professionnel. Elle mène une existence totalement fausse, soumise au monde sans pitié du capitalisme. Quand ce n'est pas elle-même qui instaure une pression, certes sans violence, à sa collaboratrice. Elle lui demandera par exemple de lui prêter son chemisier pour assurer une présentation devant un important client puisqu'elle a tâché le sien de sang. 

Ines Conradi est donc une consultante de haut vol, expatriée à Bucarest, qui cherche à convaincre une grosse compagnie pétrolière américaine de se restructurer, ici en Roumanie, avec à la clé des suppressions de postes, ce qui ne lui pose aucun cas de conscience. 

L'aspect professionnel tel qu'il est décrit demeure plausible, les journées d'Ines sont ponctuées de réunions animées à l'aide de présentation vidéoprojetées, de visites de sites industriels, de réception en ambassades, et de négociations. Inès est très investie dans sa mission, elle cherche à évoluer et doit normalement prendre un poste plus important en Chine. Elle en paie le prix fort puisqu'elle ne relâche jamais la pression et ne laisse jamais rien au hasard, elle cherche régulièrement à s'évaluer et bénéficie même de l'apport d'un coach extérieur. Les luttes de pouvoir entre les différents collaborateurs est perceptible, cependant, il semble que tous soient très vigilants au respect de l'égalité et de la diversité. Le sexe et la drogue font bien sûr partie de cet univers, comme tout le reste, ils semblent programmés, organisés comme toute la vie de ces businessmen.

Son père interviendra tel un chien dans un jeu de quilles dans ce contexte de mondialisation, et aidera sa fille à ouvrir les yeux sur le peu de moralité de sa fonction, en comprenant que tout n'est pas si manichéen. Ce sera l'occasion de scènes plutôt drôles bien que peu réalistes. Inès finira par organiser une réunion dans sa suite où elle demandera à ses collègues, sa collaboratrice et son responsable de venir nus. Ce que la plupart exécuteront, pris par l'aveuglement inhérent à ce monde sans foi ni loi.

Le film a bénéficié d'un excellent accueil au Festival de Cannes (2016) au cours duquel il a obtenu le Prix de la critique internationale.


samedi 9 mars 2024

Les métiers de la restauration et des traiteurs dans le film "Le sens de la fête" de Olivier Nakache et Eric Toledano

Si les français disposent du sens de la fête comme l'évoque un indien au milieu de cette comédie humaine, il faut  reconnaître à Éric TOLEDANO et Olivier NAKACHE la capacité de caricaturer les individus et leurs fonctions. C'est à nouveau dans ce film, Le sens de la fête. Souvent drôles et sans jamais tomber dans la caricature, ils arrivent à portraitiser cette galerie de métiers de la restauration dans le cadre d'une activité de traiteur. 

Le patron, c'est Jean-Pierre BACRI, excellent comme toujours, qui doit orchestrer une prestation au pour le compte d'un couple le jour de leur mariage. C'est l'occasion d'observer les différents métiers de cette profession, essentiellement du côté du service, parfois de l'animation et rarement de la cuisine. D'autant plus que les facéties d'un extra embauché au dernier moment, incapable et stupide, ruine une partie du repas.

Dans ce film, la vision des métiers et compétences de ce secteur d'activité n'est pas très large et profonde, il en donne cependant un bon aperçu au titre des enjeux et contraintes, essentiellement liées à la gestion du personnel. Les difficultés de recrutement, par exemple, ou l'aspect social avec des extras pas toujours déclarés, et des exigences en matière de relation avec les clients. Les normes d'hygiène et de sécurité alimentaires sont également perceptibles, à l'occasion donc de l'une des turpitudes du nouvel embauché.

En résumé, un film divertissant avec une découverte de ce secteur confronté à des difficultés de recrutement.

La bande annonce du film :

lundi 13 juillet 2020

Les injonctions paradoxales dans le monde de l'assurance-vie au cinéma : "Maman a tort" (Marc Fitoussi - 2016)


La période d’application en entreprise a pu quelquefois servir de cadre à des fictions françaises ou étrangères. Dans le film « Maman a tort » de Marc Fitoussi, c'est le stage de découverte imposé aux élèves de classe de 3ème qui est le prétexte d'une immersion entreprise.
Comme la plupart des élèves de son âge, Anouk (Jeanne Jestinqui vit seule avec sa mère, a du mal à trouver une entreprise pour ce stage de 3ème. L'unique solution pour elle est d'accepter de passer cette semaine chez un caviste comme lui propose son père. Sa mère préfère finalement qu'elle intègre la compagnie d'assurance-vie où elle travaille. A cette occasion, la jeune fille découvrira sa mère sous un autre jour, se montrant inhumaine, notamment avec les clients. Sa fille comprendra qu'elle ne cède finalement qu'à la pression de sa hiérarchie.

Sur le fonctionnement d'une entreprise vu de l'intérieur, "Maman a tort" est assez réaliste, même si l'on voit les salariés essentiellement pendant les pauses, en train de fumer à l'extérieur sous des champignons chauffants, ou à l'heure du déjeuner. L'accueil et la sécurité ne sont pas des plus rigoureux ; faute de document d'identité, on peut tout de même rentrer dans les locaux. Si la pression latente touche essentiellement Cyrielle (Emilie Dequenne), la mère d'Anouk , on rencontre aussi une salariée à l'infirmerie qui dépressive se dit harcelée. Les relations entre collègues sont parfois tendues comme dans la vraie vie. Ainsi, alors qu'elle se sert au self, Cyrielle, la mère d'Anouk se fait agresser verbalement par une collègue qui lui reproche de l'avoir infantilisée lors d'une réunion. L'adolescente pensera venger sa mère en renversant un verre d'eau sur le bureau de la plaignante, puis s'apercevra que ce n'était pas son poste de travail. Une attitude pour le moins étonnante pour une aussi jeune personne.

Les métier de l'entreprise et son activité, l'assurance vie, sont peu visibles. Cyrielle tente d'expliquer ce qu'est "l'assurance emprunteur" à sa fille, qui comprendra un peu mieux à l'occasion d'une rencontre avec une cliente dont sa mère a refusé le dossier, et qui se trouve en conséquence en grande difficulté. Afin de comprendre l'attitude qu'elle juge inhumaine de sa mère, Anouk ira jusqu'à la rencontrer à l'extérieur de l'entreprise, ce qui semble peu plausible eu égard à l'âge théorique de l'adolescente, mais qui permet certainement d'alimenter le scénario.
Le comportement de certains salariés peut étonner. C'est le cas de la tutrice d'Anouk et de sa collègue dont on se demande ce qu'elles font de leurs journées, qui se montrent stupides et infantilisantes. Tout autant que le tuteur d'un autre élève, chargé de la distribution du courrier.

S'il n'est pas exempt d'intérêt, rien que pour la relation entre la fille et sa mère, ce film n'apporte rien  à la compréhension des mécanismes qui génèrent de la souffrance au travail. Il laisse en effet penser, que c'est uniquement la pression de la hiérarchie, obnubilée par les résultats qui en est la cause. Ce que la mère expliquera maladroitement à sa fille en excusant le comportement d'un supérieur : "Il est un peu au dessus de moi, il a tous les droits". Le plus crédible reste peut-être l'injonction paradoxale à laquelle est soumise Cyrielle, qui doit "maquiller" des dossiers pour éviter trop de remboursements aux assurés. Résignée, elle expliquera à sa fille qu'elle n'a pas le choix, que si elle n'a jamais démissionné c'estqu'elle n'a pas de diplôme et qu'elle a fait toute sa carrière chez Serenita.

La bande annonce de "Maman a tort"


samedi 18 avril 2020

Des usines aux bureaux d'embauche dans la chanson "L'usine" de Marka (1997)

De son vrai nom Serge Van Laeken, Marka est un artiste belge qui est connu pour ses titres qu'il interprète seul, avec des groupes de rencontre ou en duo avec l'humoriste Laurence Bibot avec qui il a eu deux enfants très connus dans le monde de la chanson, le rappeur Roméo Elvis et de la chanteuse Angèle. Très connu en Belgique, il a fait Chevalier de l'Ordre de Léopold II, et plus récemment, son titre "It’s only football" a été utilisé comme hymne de l'équipe nationale "Les Diables Rouges" pour la Coupe du Monde de football de 2018 en Russie.

En 1997, il nous livrait cette chanson,  "L'usine" qui parle d'un "Don Juan" des usines, dont on ne sait si lui même travaille dans l'industrie, et qui, en raison de la désindustrialisation, doit se replier sur les bureaux d'embauche où pointent les ouvrières qui ont perdu leur emploi. Les références au monde du travail en général et au contexte industriel en particulier sont à la hauteur de cet opus sans prétention mais entraînant. Elles se limitent à quelques mots, " bleu de travail, ouvrières, 1er mai, défilaient, classe ouvrière ..." et ce que veut juste le dragueur des usines c'est rendre "toutes heureuses" ces ouvrières" devenues "jolies chômeuses" .

Les paroles de "L'usine"
Au temps des usines
A l'époque des machines
Il y avait des ouvrières
Des très jolies prolétaires
Au temps de l'industrie
Je me souviens bien des filles
En bleu de travail
Bien serré à la taille
Je suis le dragueur des usines
Le don Juan des ouvrières
Mais il n'y a plus d'usine
Y a plus d'ouvrières
À l époque industrielle
J'aimais bien les manuelles
Qui terminent en sueur
Leur journée de labeur
C'était le bon temps
Ou on engageait des gens
Et les filles que j'aime
Sortaient de l'usine à la chaîne
Je suis le dragueur des usines
Le don Juan des ouvrières
Mais il  n'y a plus d'usine
Y a plus d'ouvrières
Plus une seule sur terre
Tous les jours elle travaillaient
Mis à part le 1er mai
Où elles défilaient très fières
Avec leur classes ouvrière
Les temps changent
La vie est étrange
Aujourd'hui je débauche
Au bureau d'embauche
Depuis qu'il n'y a plus d'usines
Je débauche les jolies chômeuses
Ces filles sont mon but ultime
Je veux toutes les rendre heureuses
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Le dragueur des usines
Le don Juan des ouvrières
Mais il n'y a plus d usine
Y a plus d'ouvrières
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Toutes
Toutes
Toutes
Toutes
Toutes

dimanche 16 février 2020

La condition du personnel de maison au Chili dans le film "La Nana" (2009)

Ce film de 2009 du réalisateur Sebastián Silva nous plonge dans l'univers cossu de la bourgeoisie chilienne contemporaine, à travers le prisme de la vie d'une domestique. Il s'agit ici de Raquel, d'une méchanceté magistralement interprétée par Catalina Saavedra, qui est employée par une famille aisée, composée du père dont on ignore la profession et qui passe le plus clair de son temps au golf, de la mère, enseignante à l'université, d'un jeune fille, étudiante, d'un adolescent et de jeunes bambins. La bonne finira par s'ouvrir, suite à un problème de santé, à la faveur de l'arrivée d'une collègue chargée de l'assister et qui lui comblera partiellement le manque d'affection dont elle souffre finalement.

Ce film, "La Nana" est construit autour de la relation particulière, parfois intime voire ambigue qui se tisse entre la famille et cette employée, et sur son dévouement sans limite pour ses employeurs, au détriment de sa vie personnelle.

Sur les compétences propres à l'exercice du métier de domestique, ce long-métrage nous donne un aperçu des différentes tâches inhérentes à cette profession, sans moult détails, ce sont davantage les compétences comportementales qui sont mises en relief, en raison de la proximité de la bonne avec chacun des membres e la famille.

C'est plutôt sur l'emploi en général au Chili que le film nous livre des enseignements puisqu'on peut constater que de jeunes femmes viennent du fond de la province ou même du Pérou pour occuper ces postes de domestiques attachés au service de riches familles, quasiment disponibles 24 heures sur 24 et ne bénéficiant que d'un jour de congé par semaine.

Ce film a été primé, entre autres, au Festival du film de Sundance en 2009.

La bande annonce du film :



vendredi 24 mai 2019

L'avenir d'un jeune britannique dans les aciéries dans une chanson de 1979 : "Making Plans for Nigel" de XTC


Interprétée par le groupe britannique XTC, ce hit de 1979 nous renvoie curieusement à la triste actualité économique. Ecrite par le bassiste du groupe, Colin Moulding, elle exprime le point de vue d'un couple de parents dont le fils, Nigel, travaille dans une aciérie. Pour leur fils chéri, "ils tirent des plans sur la comète", en estimant que, "il a juste besoin d'une main secourable" et que "s'il dit qu'il est heureux, il doit être heureux, heureux dans son travail". Et pourquoi donc ? Parce que "son avenir se dessine au sein d'une aciérie", et que "sa voie est toute tracée et son futur est aussi bon  que scellé.
Une prophétie peut-être teintée d'ironie au moment où la Grande Bretagne se préparait à affronter la pire crise industrielle de son histoire sur fond de "thatchérisme".
Si l'on reparle des aciéries britanniques en 2019, c'est parce que British Steel, sur le point de reprendre l'aciériste français Acoval en grande difficulté, serait elle même sur le point de déposer le bilan. Le secteur est loin d'être redressé en Europe alors qu'il est florissant en Chine grâce à des coûts de main d'oeuvre moindres . En attendant, "We're only making plans for Nigel ..."

La vidéo sur Youtube :


Le texte sur Google :

We're only making plans for Nigel
We only want what's best for him
We're only making plans for Nigel
Nigel just needs this helping hand
And if young Nigel says he's happy
He must be happy
He must be happy in his work
We're only making plans for Nigel
He has his future in a British steel
We're only making plans for Nigel
Nigel's whole future is as good as sealed
And if young Nigel says he's happy
He must be happy
He must be happy in his work
Nigel is not outspoken
But he likes to speak
And loves to be spoken to
Nigel is happy in his work
We're only making plans for Nigel

Texte : Colin Moulding
Making Plans for Nigel © Sony/ATV Music Publishing LLC, Warner/Chappell Music, Inc, BMG Rights Management US, LLC

dimanche 11 mars 2018

Une soirée thématique sur le harcèlement illustrée par le téléfilm "Harcelée" sur France 2


Si l'idée de France Télévisions associée pour l'occasion à France Inter de consacrer, le 10 octobre dernier, une soirée au douloureux sujet du harcèlement au travail était légitime, le choix de ce téléfilm pour illustrer le thème est plus contestable.
En effet, si la qualité des acteurs concède de se laisser entraîner dans l'histoire, le phénomène de maltraitance qui nous est ici narré procède bien plus de l'attitude d'un dangereux psychopathe que de l'enchaînement pernicieux qui s'instaure malheureusement trop souvent en entreprise entre une victime et un tortionnaire d'une banale "normalité", que ses exactions soient à caractère sexuel ou non.

# 01 Un contexte professionnel étrange
Certes, nous y retrouvons certains des mécanismes insidieux qui accompagnent la lente descente aux enfers de la "proie", mais, sans mettre totalement en cause le réalisme du scénario, certains facteurs l'alourdissent sans rien apporter au réalisme des situations, bien au contraire. 
C'est par exemple le contexte puisque, si le fait que Karine (Armelle Deutsch) souhaite reprendre le travail après 3 ans de congé parental, est plausible, la suite des événements réside en un empilement de faits qui n'apporte rien à l'intrigue, bien au contraire.
Si les collègues de  Karine se montrent peu accueillants envers elle, on peut penser qu'ils se méfient de cette "protégée" de leur tyran de patron. Soit. Plus surprenant, ils se révèlent particulièrement cyniques entre eux. A l'occasion d'un départ en retraite, par exemple, où le récipiendaire qui déteste le fromage se voit offrir ... un service à fromage.
Le attitudes de Karine, ensuite, sont le pour moins curieuses ; elle adopte des positions pour le moins peu académiques et ne rechigne pas à se déchausser sous le regard de son nouveau boss, ce qui n'a certes rien de provocant et aurait constitué une facilité dans le cadre d'une affaire de harcèlement. 



# 02 Une intrigue pesante
C'est alors que le processus de maltraitance psychologique s'engage. A l'occasion du départ en retraite de ce collègue, Antoine (Thibaut de Montalembert), le despote, rejoint Karine dans les toilettes, et "s'attaque" à la jeune femme, qui curieusement, ne semble pas résister ; une faiblesse que l'on peut mettre sur le compte de l'alcool qu'a consommé Karine. Elle réussit à s'esquiver. Les jours suivants, et contre attente, son manager lui confie une importante mission sous la forme d'une étude à réaliser, ce qui pourrait l'incliner logiquement à baisser la garde, bien que, dans le même temps, à la demande d'Antoine, elle s'avilisse en lui apportant un café devant une partie de ses collègues.  Elle est ensuite conviée à un déjeuner d'affaires. Cependant, une fois arrivée au  restaurant, elle constate qu'aucun client n'est présent et que c'est un tête à tête avec son "prédateur" qui l'attend. Après quelques allusions, celui-ci joue l'apaisement et s'excuse pour son comportement de "l'autre soir". Elle lui exprime son pardon tout en lui touchant la main, ce qui le fait entrer dans une crise de rage : il devient agressif, la traite d'allumeuse. Il lui retira finalement le dossier qu'il lui avait délégué, elle deviendra stressée puis hystérique, puis elle se verra offrir un C.D.I. pour lequel elle hésitera car son mari est lui même sur le point d'être licencié.


#03 Des personnages marqués à l'excès
De tous les personnages de cette fiction télévisée, le plus crédible est  certainement Karine : naturelle à la limite de la naïveté, humaine, et motivée dans son nouveau job. Face au harcèlement dont elle est victime, elle adoptera une attitude caractéristique de ce genre de situation, mêlée d'incompréhension, de peur et même de culpabilité. Une conséquence plutôt classique de ce cas de figure et qui sera en l’occurrence un des rares points pragmatique de ce téléfilm. Ce sont plutôt les seconds rôles qui appesantissent "Harcelée" sans rien apporter à son réalisme. En effet, pourquoi avoir "inventé" à Karine une fille anorexique, dont le père refuse d'intégrer la maladie, et pourquoi instaurer, par l'intermédiaire de cette adolescente, une relation entre les deux familles ? Il semble difficile de concevoir que le harceleur fasse son oeuvre tout en ayant une proximité avec le mari et la fille de Karine. Il semble curieux que, par exemple, les deux principaux protagonistes se vouvoient alors qu'ils se fréquentent en en dehors du travail, avec leurs familles respectives. Et enfin, le manichéisme d'Antoine, qui instrumentalise la fille de Karine en lui offrant un bijou, procède davantage du jeu d'un dangereux psychopathe que du lent processus inconscient d'un individu normal tel qu'on en rencontre quotidiennement en entreprise.

Voir l'article de Télérama du 04/10/2017