samedi 1 mars 2025

L'esclavagisme moderne dans le film italien "Una promessa" (Lo spaccapietre) des frères De Serio (2020)

De ce long métrage des frères jumeaux Gianluca e Massimiliano De Serio, nous ne retiendrons pas spécialement l’intrigue tant elle manque de clarté. Ou peut-être des éléments dans le récit font-ils défaut ? Une fois encore c’est le contexte qui nous intéresse puisque la plus grande partie du film se déroule au sein d’une exploitation agricole ou maraîchère dans laquelle on cultive des légumes et de la vigne de manière intensive.

Cette entreprise s’appuie principalement sur le travail illégal, la main d’œuvre est constituée d’africains, essentiellement des hommes mais également de quelques italiens. Ils sont payés en liquide, à la bonne grâce de l’employeur ou plutôt de son garde chiourme, son homme à tout faire avec qui il terrorise ces nouveaux esclaves. En rôdant par exemple la nuit au milieu des baraquements de fortune où vivent ces pauvre hères, armé d’un fusil et tirant sur ces habitations sommaires faites de toile en plastique. Le boss impose également ses caprices à une femme, à qui il demande par exemple d’éventrer un porc fraichement abattu, ou de mimer une scène bestiale en duo avec Giuseppe, le personnage principal du film.

Celui-ci a perdu son travail dans une carrière, sans que l’on sache s’il était déclaré, suite à un accident qui lui a coûté un œil. C’est son épouse qui subvient aux besoins du couple et de leur fils, en travaillant justement dans cette exploitation agricole où elle perdra la vie en raison, peut-on supposer, des dures conditions et peut-être des mauvais traitements des tortionnaires. N’ayant d’autre alternative, Giuseppe (Salvatore Esposito) rejoindra cet enfer en compagnie de son jeune fils et subira lui aussi de mauvais traitements.

Sur un plan purement professionnel, il nous est donné de voir le travail dans les champs, dans des scènes à peine réalistes. En effet, quand Giuseppe recouvre de terre les bords des films plastiques déroulés dans les champs, l’utilité de la tâche ne semble pas flagrante. Quand, par contre, toujours aidé de son fils, il troue ces mêmes bâches pour y planter des végétaux, ou qu’il répand des produits phytosanitaires à l’aide d’un pulvérisateur ou d’une cuve attelée à  l’arrière d’un tracteur, on peut noter davantage de réalisme.

Si l'on veut prendre un peu plus de recul, il est légitime de s'interroger sur la pertinence des éléments de contexte. Certes, le travail illégal existe, notamment dans le secteur agricole et probablement dans l'Italie, et en l'occurrence l'Italie du Sud. Cependant, la présence de ressortissants italiens dans les rangs de ces esclaves modernes paraît surprenante. D'autant plus que dans certaines situations, aiguillés et assistés par les travailleurs étrangers, il semble même que ce soient eux les migrants. Enfin, au delà des relations nécessaires à la trame du film, aucune indication n'est donnée sur la vie sociale dans ce monde du travail illégal.

La bande annonce du film "Una promessa"




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