dimanche 22 mai 2011

Pollution industrielle en Italie dans la BD "Etat de veille"

ETAT de VEILLE (Morti di sonno)– Davide REVIATI – Casterman – 28 € - Prix du meilleur album au festival de Naples en 2010.
Etat de veille ne décrit pas les conditions de travail, mais l’industrie est bien présente puisque cette BD relate les errements d’une bande d’adolescents italiens, dans années 70, reclus dans un espace délimité par l’usine toute proche et les canaux d’écoulement de cette fabrique de produits plastiques.
Seules quelques vignettes laissent imaginer le travail des pères de ces jeunes gens, et l’atmosphère hautement toxique dans laquelle ils opèrent, à l’ANIC (Agenzia Nazionale Idrogenazione Combustibili), qui immanquablement rappelle l’usine tristement célèbre de la catastrophe survenue à Seveso. Il est aisé d’imaginer que le consortium qui a implanté ce complexe industriel a également édifié le village, spécialement pour ses salariés, puisque moderne et situé au milieu de nulle part, nul monument ancestral n’y est visible, église, château, hôtel de ville …
Les habitants vivent au rythme des alertes à la pollution, les mères, inquiètes que leurs enfants puissent être intoxiqués, connaissent aussi l’angoisse de l’attente et craignent l’accident de travail qui leur enlèverait leur époux.
Occupant le plus clair de leur temps à jouer au « calcio » (football), les garçons n’ont que peu conscience du risque, et s’ils connaissent par cœur les symboles de prévention et les pictogrammes imprimés sur les bidons de produits chimiques voisins, ils s’amusent des noms de ces composés hautement toxiques (page 131) qu’il identifient à l’odeur : la « punaise écrasée » pour l’ammoniaque, la « pisse de chat » pour l’acétylène, « gomme et sucre brûlés » pour le phénol, mais aussi le PVC, le PCM, le chlorure de vinyle, l’acrylonitrile,, le Perkadox, le tétrachloréthane, le toluène diisoxyanate, le peroxyde d’hydrogène. Des parfums si familiers à leurs narines que les exhalaisons d’une dépouille de chat en décomposition leur parait autrement plus insupportable.
La plupart de ces « ragazzi » finiront par partir pour d’autres horizons, bien que la firme pourvoie certainement à leur avenir. D’autres, au contraire, resteront dans cette ambiance étrangement marquée par une quasi-absence des jeunes filles.
Pour une analyse plus détaillée de cet ouvrage, nous vous recommandons l’excellent article de Yvan sur http://www.coinbd.com/

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