mercredi 2 décembre 2015

L'Italie au travail dans un livre de photos de Gianni Berengo Gardin (Editions La Martinière)

La photographie n'est pas absente des arts qui immortalisent le monde du travail. Bien que l'image soit figée, elle nous renseigne assez précisément sur le contexte dans lequel s'exercent les métiers et les professions au fil du temps. L'oeuvre de l'italien Gianni Berengo Gardin en constitue un exemple probant. Dans le livre publié par Les Editions de La Martinière il y a quelques années (2005 ?), le monde du travail apparaît dans plusieurs des chapitres de ce très beau volume.


C'est le plus logiquement dans la partie "Travail" que l'on voit des scènes de travaux des champs, telles la récolte des olives en Italie ou les moissons, mais aussi des photos représentant des ouvriers sur des chantiers navals, apparemment en train d’exécuter des opérations de maintenance. Un autre cliché montre un groupe d'hommes se dirigeant en ordre dispersé vers les grues d'un port de commerce, peut-être à l'issue du déjeuner. D'autres images représentent des scènes se déroulant dans les gares ferroviaires. Sur deux photos différentes, c'est l'artisanat qui est mis à l'honneur puisque l'on voit des miches de pain disposées sur des planches, portées par des personnes, dans la rue ; certainement des livreurs. et peut-être en forme de clin d’œil, c'est aussi un photographe ambulant qu'il est loisible d'observer au premier plan d'une prise de vue, tenant dans les mains un appareil en piteux état, alors qu'à l’arrière plan, un écolier en blouse, peut-être son dernier modèle, semble s'échapper sur le trottoir.
Dans la partie "A Venise", on peut voir un facteur arrêté sur la route devant son vélomoteur ou encore des dockers manipulant de lourds câbles destinés à amarrer les bateaux aux bittes du quai, mais aussi des artistes de cirque à l'échauffement, une femme soignant un cheval, des boxeurs, ainsi que des opérateurs de fabrication à l'oeuvre sur des chaînes mécanisées. Le plus surprenant et le plus réaliste réside dans une photo qui montre un policier en civil en train d’arraisonner un malfrat allongé au sol sous l’œil d'agents en uniforme, en pleine rue.
Le chapitre "Femmes", tout logiquement, permet de contempler des ouvrières agricoles au travail ou des femmes dont on ignore le statut, salariées ou épouses d'agriculteurs, qui disposent des écheveaux de fibres sur des tréteaux pour les faire sécher au milieu de la rue d'un village.
Les relations au monde du travail dans le chapitre "Empathie" se limitent à deux scènes de manifestations de rues, menées par ceux qui semblent des ouvriers, dont certains affichent une banderole sur laquelle est inscrite le slogan "No alla cultura dei padroni", c'est à dire "Non à la culture des patrons". Quant à la partie "Paysage", une vue laisse imaginer deux sauniers (ou saulniers) marchant au bord d'un marais salant, portant sur l'épaule leur outil servant à récolter le sel.
C'est très naturellement, du moins chronologiquement, dans la dernière partie du livre, "Vie de province" que Gianni Berengo Gardin nous dépeint la fin de la carrière. Ce sera sous la forme d'un groupe d'hommes âgés, tous revêtus d'un couvre-chef, chapeau ou casquette, assis face au photographe, tournant le dos à l'entrée d'un local au fronton duquel est inscrit "Societa operaia" (société ouvrière). Ce qui laisse penser que ce sont les membres d'un cercle de retraités d'une Société de secours mutuel, comme il en existait beaucoup en Italie. qui se retrouvent quotidiennement pour bavarder, jouer aux cartes, ou passer le temps.

dimanche 29 novembre 2015

Dans le quotidien de la brigade des stupéfiants dans le film de Bertrand tavernier L.627 (1992)

C’est bien parce qu’il l’a voulu réaliste que ce film de Bertrand Tavernier est remarquable au niveau des conditions de travail. A l’opposé du genre policier typique des films noirs américains et loin du maître français du genre qu’est Jean-PierreMelville, L.627 dépeint le quotidien d’un commissariat de police dont les fonctionnaires essaient tant bien que mal de lutter contre la criminalité, et plus spécifiquement la consommation et le trafic de drogue répréhensibles au titre de l’article de loi qui donne son nom à ce long métrage. Si l’on assiste à des filatures en règle, des interpellations ou des perquisitions, on voit autant les policiers en butte à des problèmes logistiques telles une pénurie de papier carbone que pallie une inspectrice qui en emprunte à sa mère, ou une erreur de livraison de papier à en-tête. Ils doivent aussi faire face à un manque de véhicules, une carence amplifiée par le comportement de syndicalistes qui, pour se rendre à une réunion, réquisitionnent la voiture qui leur était certes initialement affectée, mais qui est utilisée pour une planque. Les officiers de police judiciaire ne semblent pas résignés, ils cherchent cependant à maintenir l’ordre et la loi souvent en proximité avec la racaille, sous prétexte d’utiliser les services de « cousins », les précieux indics élus parmi la faune de prostituées ou de toxicos.
Les lourdeurs administratives n’ont d’égal que l’obsession du chiffre qui se traduit par de pesantes statistiques à fournir à la hiérarchie. Une hiérarchie pas toujours d’une grande probité, puisque le  commissaire principal, par exemple, enchaîne les prestations d’ouvertures de porte en compagnie d’huissiers de justice ou les procédures de pose de scellés sur les cercueils, afin de se faire de l’argent.
C’est donc une fresque fidèle du contexte professionnel d’un commissariat de police que nous propose Bertrand Tavernier, une réussite due à la participation de Michel Alexandre, un ancien policier, à l’écriture du scénario, mais aussi à la justesse de l’interprétation de Didier Bezace dans le rôle de l’ enquêteur de deuxième classe Lucien Marguet dit « Lulu », passionné par son métier.

Pour aller plus loin :
La critique de Telerama
La critique de SensCritique
La présentation du film par son réalisateur :



dimanche 15 novembre 2015

Les cuisines d'un grand restaurant dans la série française "Chefs" sur France 2.

Elle a bien raison, Elodie Leroy, elle qui sur son blog égratigne cette série diffusée en février dernier sur France 2 : «  La cuisine, c’est la vie. Mais dans "Chef(s)", elle est plutôt synonyme d’ennui. ». Elle s’en explique ensuite judicieusement : « … on comprend la volonté du réalisateur Arnaud Malherbe et de sa co-scénariste, Marion Festraëts, créateurs de la série, de s’éloigner du fantasme cultivé par les télé-réalités culinaires à la "Top Chef" …». Concrètement, si cette série n’est pas passée inaperçue, elle le doit d’abord à la qualité de sa distribution puisqu'au générique figuraient entre autres Clovis Cornillac et Robin Renucci, ou encore Hugo Becker. Elle a également bénéficié d’excellentes critiques, telle celle de Pierre Langlais sur Télérama, grâce à un scénario qui met en appétit, avec une pointe d’humour, même si l’on peut déplorer la violence de certaines scènes, une violence malheureusement  inhérente à la plupart des séries actuelles.
Mais on peut surtout regretter l’absence de valorisation des métiers de la restauration. A part un épluchage de langoustine ou l’entaillage de châtaignes, en croix, les scènes « professionnelles » se limitent à quelques dressages d’assiettes. Fort heureusement, la préparation d’un pâté à base de chair  humaine ne sera pas montrée, on ne verra que le résultat final sous forme de terrines stockées dans une armoire réfrigérée. Au niveau de la communication interpersonnelle, bien que les sautes d’humeur des grands chefs et l’organisation militaire des brigades en cuisine soient notoires, les échanges entre les collaborateurs ou la hiérérchie s’avèrent extrêmement violents, dans une ambiance quasi carcérale où l’on risque la sanction à tout moment ; là encore, une nécessité certainement due au scénario. Le harcèlement est aussi présent, il prend la forme d’une tentative de « droit de cuissage »  dont sera victime une jeune femme, cuisinier, qui ambitionne de passer « chef de partie ».

Plus d'informations sur la série "Chefs" : sur le site de France 2

dimanche 25 octobre 2015

Les congés payés et la semaine de 40 heures dans une chanson de Jean Villard-Gilles (1936)

Si l'épreuve d'histoire-géographie et d'instruction civique du Brevet des Collèges millésime 2015 a fait couler beaucoup d'encre en raison du niveau déconcertant de facilité dont relevaient les questions, il a eu le mérite de sortir des archives historiques cette "chanson des loisirs" de 1936 écrite par Jean Villard-Gilles.
Si elle ne décrit en rien la vie de l'entreprise à l'époque du Front Populaire, elle reflète l'espoir apporté par les mesures sociales instituées par le gouvernement de gauche, avec entre autres la semaine de 40 heures et les congés payés qui apportent "un vent de liberté" et "une vie meilleure".

L'auteur compositeur helvétique, né à Montreux, aura ensuite une très belle carrière, navigant entre des thèmes sensibles comme l'argent, avec Dollar, ou écrivant des chansons de premier plan pour Edith Piaf, comme "Les Trois Cloches" et "l'Auberge de la Fille sans cœur",

Quant à nos collégiens, il leur suffisait de lire la date inscrite à côté du nom de l'auteur de cette chanson pour répondre à la première question de ce Brevet des Collèges.

Sur Jean Villard-Gille, voir ce site de la Radio Télévision Suisse

mercredi 21 octobre 2015

Manipulation psychologique en entreprise dans "Une étrange affaire", un film de Pierre Granier-Deferre (1981)

Bien que dans les 2 cas ce soit l’univers des grands magasins urbains qui serve de support à l’intrigue, ce film de Pierre Granier-Deferre, « Une étrange affaire » se situe aux antipodes de « Riens du tout » de Cédric Klapish, dont nous avons parlé sur ce même blog.
Si la réorganisation traitée dans la fiction du réalisateur alors tout jeune prenait des accents humains, c’est quasiment un drame qui se joue dans la fiction de son aîné. Celui-ci décrit avec une rare acuité, déjà en 1981, les mécanismes de la manipulation psychologique exercée par un patron sur ses salariés en général, et en particulier sur un jeune cadre, Louis Coline, figuré sous les traits de Gérard Lanvin.
Après le décès soudain du directeur de l’enseigne « Les Magasins », un commerce de centre-ville de type « Les Galeries Lafayette », un nouveau dirigeant, Malair (Michel Piccoli) est nommé. Son arrivée suscite un climat anxiogène : on ne donne pas son nom, ce qui laisse planer toutes les inquiétudes. On l’annonce à Bâle, puis à Madrid ou encore à Sarajevo, sa réputation s’accroit, la rumeur enfle, il est même question de « charrettes » … A notre époque et sous réserves de connaitre son identité, les salariés se seraient précipités sur Internet pour « Googliser » le nom du futur patron, mais en 1981 …
Alors qu’on ne l’attend plus, il apparaît. Son comportement est irrationnel, Louis le trouve dans son bureau en train de fouiller dans ses tiroirs ; il en extrait avec curiosité des tickets de  PMU ou de Loto. Le jeune homme se présente, et Malair lui demande de ne pas faire état de cette première rencontre. Mais à l’occasion du tour des services que le directeur ne manque pas d'opérer, il montre clairement qu’il connait déjà Louis. Ce qui ne manquera pas d’inquiéter le chef du service « Publicité » dans lequel travaille le jeune homme. La relation très ambiguë se poursuit, le nouveau dirigeant prend le jeune cadre enthousiaste sous sa coupe, indirectement d’abord, par l’intermédiaire de ses bras droits, Paul, le directeur financier (Jean-FrançoisBalmer) et François (Jean-Pierre Kalfon) qui assure la fonction de chauffeur, homme de confiance et garde du corps. Les 2 collaborateurs les plus proches de Malair, d’une très grande complicité avec lui, s’attribuent le bureau de Louis sur qui le travail de destruction psychologique se poursuit : le boss court-circuite son chef et confie le plan publicité stratégique des « Magasins » à Louis qui finit par se montrer flatté de cette confiance. Le mécanisme de manipulation s’accélère, le patron se montre plus direct, parfois trivial et demande à son jeune collaborateur une disponibilité totale qui confine au harcèlement.

La mine de Louis change, on perçoit chez lui la montée du stress bien qu’il persiste à s’enflammer pour son nouveau statut. Fier de cette proximité avec le patron, un soir, en dehors des heures de service, il emmène Nina (Nathalie Baye), son épouse, visiter le bureau que s’est fait aménager le responsable. Alors que l’on annonce 2 licenciements dont celui d’une salariée victime d’alcoolisme, Malair s’incruste encore plus dans la vie privée de Louis. Il débarque un dimanche matin au bar où le jeune homme joue aux courses en compagnie de l’un de ses amis, et le « kidnappe » sous le prétexte fallacieux de travailler un dossier. La journée s’achèvera par un dîner au cours duquel Louis rencontrera la faune bigarrée que compose la cour de son gourou. Puis Malair débarque ensuite un soir pour dormir chez Louis et Nina au motif que des travaux sont en cours d’achèvement à son domicile, allant sans vergogne jusqu’à s’approprier la chambre du modeste appartement du jeune couple et à s’accaparer la cuisine pour s’y préparer un en-cas.
Cette attitude excessive parait totalement impossible dans la réalité, mais Granier-Deferre y a recours pour analyser avec finesse le processus de manipulation psychologique, en s’appuyant par exemple sur les perceptions et les réactions de Nina, l’épouse de Louis. Malair essaiera d’ailleurs de la séduire, l’invitant elle et son époux pour un dîner durant lequel il annoncera que le chef de Louis « les quitte », puis offrant à la jeune femme une montre. Elle finira par prendre ses distances, expliquant à Louis qu’elle « ne le quitte pas pour quelqu’un d’autre », mais « parce qu’il n’est plus personne ». Toujours méfiante, elle essaiera de l’alerter, qualifiant Malair «d’abstrait, comme  Dieu ».
Après le départ de Nina, Louis se réfugie encore un peu plus dans le travail, et finit par s’installer chez son patron, partageant son intimité avec François, obéissant aux caprices de Malair qui le convoque par exemple dans sa salle de bains alors qu’il est en train de se raser, totalement nu. Le mentor devient de plus en plus autoritaire, il prend son collaborateur pour son larbin, puis un jour, il disparaît sans laisser de traces, au grand désarroi de Louis Coline, totalement désemparé. Ainsi que l’analyse judicieusement Guillemette Odicino dans Télérama, aujourd’hui, « on verrait bien Louis Coline témoigner dans un documentaire sur le burn-out ou le harcèlement en entreprise. Car Louis Coline est comme mort. Frappé de stupeur parce que son patron, son gourou, celui pour lequel il a tout sacrifié l’a abandonné. Fidèle à son poste, il attend qu’il revienne … » Et la journaliste de poursuivre : «  Pourtant, cet employé désinvolte qui végétait au service publicité d’un grand magasin n’avait a priori rien pour se transformer en disciple robotisé. Sauf peut-être un vide à combler, une place à se faire ».
Il y a déjà plus de 30 ans Granier-Deferre anticipait les phénomènes de souffrance au travail avec des comportements symptomatiques de surinvestissement, caractéristiques des « workalcoolics » et le constat d’un manque de reconnaissance qui frappe les salariés, plus particulièrement en France. Peu importe l’entreprise, le réalisateur ne nous montre d’ailleurs pratiquement rien de ces « Magasins » dont on sait seulement que le principal concurrent se dénomme « Les galeries » et dont l’espace de vente sera montré qu’à une seule occasion.

Pour aller plus loin : l'article de Télérama


vendredi 16 octobre 2015

L'usage des stupéfiants à l'usine dans une chanson des Charlots "T'es à l'usine Eugène" (1981)


Dix ans après leur grand succès de 1971, "Merci patron" que nous avons évoqué sur ce blog, les  "Charlots" font à nouveau référence au monde de l'entreprise, plus précisément l'industrie, avec cet autre titre "T'es à l'usine Eugène". Dans la même veine que leur précédente chanson, mais sur un rythme reggae, le groupe populaire raconte les errements d'un collègue ouvrier, Eugène, qui semble moins préoccupé par "sa clé de douze" que par l'usage de produits stupéfiants "qui feraient flipper le Docteur Olivenstein". Ce psychiatre médiatique, spécialisé dans le traitement de la toxicomanie, que l'on voyait apparaître sur les écrans de télévision dès qu'il était question du sujet, de 1970 jusqu'à l'an 2000, était surnommé le "psy des toxicos".
Si, à l'époque, l'usage de drogue dans le monde professionnel n'était pas mentionné comme un phénomène répandu, beaucoup moins qu'actuellement, les symptôme ne laissent aucun doute . Eugène, affiche un "pupille incertaine", éclate de "rire comme une baleine"et "danse en bossant à la chaîne "ce qui altère la productivité : "Tu fais tomber la moyenne". Ce que le patron ne semble pas apprécier : "Le patron n'a pas l'air d'aimer tes confidences sur le reggae".
Comme leur précédent opus, et toujours sur un air léger, les "Charlots" nous plongent donc à nouveau dans le monde ouvrier sur un mode humoristique, à grand renfort de jeux de mots, sans aucune prétention.

Pour lire l'ensemble du texte de la chanson : "Tes à l'usine Eugène".

dimanche 27 septembre 2015

Clap de fin pour "The apprentice - Qui veut décrocher le job", la dernière émission de téléréalité de M6 et Endemol

The Huffington Post - 21/09/2015
Faut-il se réjouir de l'arrêt brutal après seulement 4 épisodes, de la programmation sur M6 de "The apprentice - Qui veut décrocher le job" cette émission de téléréalité ? Ou faut-il s'indigner que Endemol ait eu l'audace de créer une telle émission dans laquelle des candidats rivalisent pour décrocher le précieux Graal : un poste de Directeur Commercial au sein de l'une des entreprises de Bruno Bonnell, le serial entrepreneur français ? Certes, cette parodie de recrutement dans laquelle le fondateur d'Infogrames assure son propre rôle ne dépasse pas la réalité, si l'on se rappelle les recrutements collectifs opérés par le Gan et décortiqués par les caméras de France 2 en 2012 dans le documentaire "La gueule de l'emploi". Mais si Endemol avait refusé d'adapter  "Someone's gotta go" en France, une téléréalité dans laquelle des salariés devaient désigner celui d'entre eux qui devait être licencié, elle n'a eu aucun scrupule à produire ce programme. Las, avec seulement 1 million de téléspectateurs soit 4,6 % de parts d'audience pour le 1er épisode et 900 000 (3,7 % de PDA) pour le 2ème, la "petite chaîne qui monte" a décidé d'arrêter les frais et de poursuivre uniquement "en ligne" la diffusion de cette procédure de  sélection de ce Directeur Commercial. et qui restera le recrutement le plus cher jamais envisagé pour un apprenti, si l'on traduit littéralement "apprentice" ; un statut peu en cohérence avec le poste visé. Quoiqu'il en soit, les producteurs se sont engagés à ce que l'heureux élu soit embauché chez AWAbot l'une des entreprises de Bruno Bonnell. Et pourquoi ne pas suivre l'intégration de ce nouveau collaborateur et sa période d'essai dans le cadre d'un nouveau projet de téléréalité  ... ?
Pour information, dans la version britannique, c'est Alan Sugar le créateur d'Amstrad qui jouait le rôle de patron, tandis qu'aux Etats-Unis c'est le très médiatique candidat aux primaires républicaines pour les présidentielles américaines, Donald Trump qui assurait cette charge.


dimanche 13 septembre 2015

Hard discount et gaspillage alimentaire dans "Discount" un film de Louis-Jean Petit (2015)

S’il existait un César de la meilleure actrice de comédie sociale « à la française », CorinneMasiero devrait sans  conteste aucun, figurer parmi les nominées. Après ses prestations convaincantes dans « Louise Wimmer » et « De rouille et d'Os »,  évoquées dans ce blog. Dans Discount, un film de Louis-Julien Petit, elle occupe à nouveau un rôle central et colle encore une fois parfaitement au personnage. Le point de départ de l’histoire est assez simple : les employés d’un supermarché de type « hard-discount », sur le point d’être licenciés,  mettent en place une organisation afin de détourner les produits dont la DLC (date limite de consommation) est dépassée et  promis à la casse. Avant de les fouler du pied et d’y répandre de l’eau de javel, ils en prélèvent une partie qu’ils revendront à des prix extrêmement compétitifs, et pour cause, dans un magasin parallèle créé de toutes pièces dans la grange de la ferme où habite Christiane (CorinneMasiero). Le trafic débute timidement, mais devant l’intérêt affiché par les clients et les résultats financiers supérieurs à leurs attentes, et surtout la pression exercée par la directrice, interprétée par une excellente Zabou Breitman, la petite bande augmente les volumes.
Même si Louis-Julien Petit ne glisse à aucun instant avec facilité dans la fable, on ne demande qu’à adhérer à l’œuvre de ces Robins des bois modernes qui suscitent un bel engouement mais, la morale est sauve, ils finiront par se faire prendre sans que leur clientèle ne soit inquiétée.
Quant au réalisme des situations professionnelles, la plupart des scènes paraissent plausibles. Les employés remplissent les rayons et compactent les emballages, avant l’arrivée des clients, puis détruisent donc les produits en voie de péremption tandis que les hôtes ou hôtesses de caisse, selon le terme dévolu maintenant aux caissiers et caissières, assurent leur mission. Ils prélèvent parfois des bons de réductions à leur bénéfice, au risque, comme Christiane de se faire sanctionner, tout en  s’efforçant de respecter la cadence imposée par la direction.

Quelques aspects peuvent sembler moins crédibles, tel le comportement de la directrice. Salariée du groupe, elle ambitionne de devenir responsable de réseau. A cet effet, elle suit un cursus de formation au sein de l’enseigne. Elle y apprend par exemple que, quand elle conduit un entretien avec un collaborateur, elle doit toujours se faire assister par une personne qui notera par écrit les termes des échanges. Elle fait donc appel à sa « garde rapprochée », ses agents de sécurité, qui de manière tout aussi surprenante sont aussi chargés de chronométrer le personnel chargé de l’encaissement afin de maintenir la pression sur la productivité. Très curieusement, les vigiles semblent ne jamais se préoccuper des clients comme si la démarque inconnue ne pouvait être que le fait des salariés qu’ils ne manquent pas de fouiller en fin de journée, contre toute attente.

Sur le plan managérial, la manipulation n’est jamais bien loin. La directrice propose à Gilles, un de ses collaborateurs, une évolution professionnelle, alors que certains de ses collègues vont être victimes de suppressions de postes à l’occasion de la mise en place de caisses automatiques.
Le plus étonnant invraisemblable est peut-être cette ruée des clients le premier jour des soldes ; à l’issue du compte à rebours scandé par la directrice, ils se précipitent dans le commerce pour profiter des promotions que les employés du point de vente auront minutieusement préparées. Ils mettront encore plus de soin et de motivation lors de l’installation de leur propre magasin, dans cette ferme perdue dans la campagne : mise en place de la caisse et du merchandising, création des rayons, étiquetage, mise en place de la PLV et de l’ILV, allant jusqu'à proposer des services complémentaires telle la livraison à domicile.

En résumé, Louis-Julien Petit, donne à voir une description assez fidèle de la distribution et spécialement du hard discount, sans tomber dans la caricature, et sans s’appesantir sur l’idée de départ qui est le gâchis induit par la destruction de produits encore propres à la consommation dans le secteur de la grande distribution. Un sujet qui a refait récemment surface dans l’actualité, avec ce texte  de loi pour la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Et le César de la meilleure actrice de comédie sociale « à la française » est attribué à …

Pour aller plus loin :


Le festival du film francophone d'Angoulême où Discount a obtenu le Valois du public

La bande annonce :



dimanche 30 août 2015

Le monde de l'entreprise dans les Haïkus : Haïkonomics de Igor Quézel-Perron (Editions Envolume)

Le monde de l'entreprise peut investir toutes les formes d'expression. La dernière en date c'est le Haïku, cette forme de poème japonais extrêmement codifiée qui existe depuis quelques siècles mais que l'on a découvert semble-t-il depuis peu en occident. C'est un chasseur de têtes, Igor Quézel-Perron, qui s'est essayé, avec succès, à user des 17 mores du Haïku pour décrire l'entreprise, avec parfois, une allusion aux conditions de travail . Ses poèmes, publiés au sein d'un recueil aux Editions Envolume sous le titre Haïkonomics sont également consultables sur le site des Echos qui en proposait un à la lecture, chaque jour en fin d'année passée.


 Quelques morceaux choisis : 
- "Elle galope dans les couloirs/Toute à son ouvrage/La rumeur"
- "Photocopies/Progrès technologiques/Panne X32"
- "Réunion/On parle budget/Mon père est mort"
- "Après une réunion/Il retourne dans son bureau/Comme dans un refuge"
- "Elle galope dans les couloirs/Toute à son ouvrage/La rumeur"

jeudi 11 juin 2015

"Les heures souterraines" de Delphine de Vigan adapté au théâtre.

Le livre de Delphine de Vigan "Les heures souterraines"que nous avons cité dans ce même blog a été brillamment adapté au théâtre par Anne Loiret pour le Théâtre de Paris, dans une pièce où elle partage le 1er rôle avec Thierry Fremont dans une mise en scène de Anne Kessler,

Représentations :
  • Du mardi au samedi à 21 h 00
  • Samedi 17 h 00
  • Dimanche 15 h 30
Du 12 mai au 12 juillet 2015.