lundi 29 décembre 2014

Vidéo-surveillance dans la grande distribution : "La caissière du super", une chanson d'Arthur H (2014)

C'est le même sujet que dans le précédent article "Video-Surveillance dans la grande distribution", mais cette fois c'est Arthur H dans sa chanson sortie en septembre dernier, "La caissière du super" qui nous interpelle. Pratiquement rien sur les pratiques professionnelles de l'hôtesse de caisse comme il est bienséant de les nommer, mais quelques éléments sur sa motivation : si elle travaille c'est pour "les beaux yeux de son gosse", pour "son gosse", "pour la banque, pour les beaux yeux de la banque", ou "pour la bouffe, pour la bouffe de son gosse" . Quant aux conditions de travail, nous apprenons que "la caissière du super" est surveillée, que "les cameras ne se lassent pas
d'enregistrer les petits travers de la caissière du super", que les "petits chefs ne se lassent pas de critiquer les petits travers de la caissière du super".

Le texte intégral de la chanson peut être consulté sur ce site.

dimanche 28 décembre 2014

La vidéo-surveillance dans la grande distribution : "De rouille et d'Os" de Jacques Audiard (2012)

La vidéo-surveillance semble constituer un sujet prégnant dans le monde de la distribution, qu'elle soit alimentaire (G.D.A.) ou spécialisée (G.S.S.). Nous avions pu en juger dans le cinéma ou à la télévision avec des films comme Gigante ou Surveillance dans lesquels la trame se déroule essentiellement dans la surface de vente. Une nouvelle preuve à verser au dossier nous est donnée dans le film de Jacques AUDIARD, "De rouille et d'os" en compétition officielle au Festival de cannes 2012, et interprété entre autres par Marion COTILLARD et Matthias SCHOENAERTS. Ce dernier joue le rôle d'Ali, un jeune marginal qui débarque avec son fils sur la Côte d'Azur  pour rejoindre sa sœur, caissière dans un supermarché. Entre deux combats à mains nues sans aucune règle organisés sur un terrain vague par un bookmaker véreux, il assurera des missions de surveillance dans des entreprises pour ce même commanditaire interprété par Bouli LANNERS. Peu scrupuleux, celui-ci demandera à Ali de "planquer" des caméras dans un magasin, celui même où sa sœur travaille et qui en fera les frais puisque son patron s'apercevra par ce moyen qu'elle récupère des produits dont les dates limites de consommations (D.L.C.) sont périmées.
Il est à noter que c'est l'excellente Corinne MASIERO, déjà très remarquée dans Louise WIMMER qui assure le rôle d'Anna, la sœur d'Ali et que sur le plan des conditions de travail, le film débute sur un accident  du travail puisque Stéphanie (Marion COTILLARD) dresseuse d'orques au parc aquatique d'Antibes se voit amputer les deux jambes suite à un choc violent avec un des mammifères. Un accident du travail atypique et que l'on espère fort rare.

dimanche 30 novembre 2014

Une hôtesse de l'air dans les années 60 : Catherine DORLEAC dans "la Peau douce" de Truffaut (1964)


A l'occasion de l'anniversaire de la disparition de François TRUFFAUT, Arte a proposé une large diffusion des œuvres du cinéaste, dont "La peau douce", une dramatique qui raconte la relation adultère entre un écrivain à succès (Jean DESAILLY) et une hôtesse de l'air, magnifiquement interprétée par une Françoise DORLEAC sublimée par le maître français. Le film, qui s'achève tragiquement, nous donne à voir le métier d'hôtesse de l'air à l'époque des vols en Caravelle où les voyages en avion étaient réservés à une élite.
Le personnel de bord assurait alors le service de restauration, mais sans les contraintes commerciales que connaissent les stewards et hôtesses de nos compagnies low-cost, devenus de véritables agents commerciaux, priés de développer le chiffre d'affaires en proposant, sandwiches, boissons, parfums, cigarettes ou tickets de bus, après s'être acquittés de la corvée du remplissage des coffres à bagages,  encombrés par les volumineux bagages à main de passagers de plus en plus pressés et de moins en moins respectueux.
En 1964, l'hôtesse de l'air bénéficie encore du prestige lié à la fonction : belles et élégantes dans toute situation, elles parcourent le monde et goûtent le charme de palaces pendant les escales, tuant le temps en compagnie des pilotes ou copilotes, ou en s'adonnant au shopping dans diverses capitales de la planète. Les conditions de travail sont plutôt supportables, n'était-ce la tabagie ambiante qui affecte les habitacles des avions, et faute de coffres à bagages au dessus des sièges, pas de risque de lumbago en manipulant une valise ou un sac de voyage.
Elles doivent cependant maintenir leur condition physique, Nicole CHOMETTE (Catherine DORLEAC) fréquente d'ailleurs une salle de sports afin de préparer le recyclage.de sa formation  de secourisme.
Le plus marquant est sans conteste la brièveté de la carrière de ces jeunes femmes  : Nicole explique à Pierre LACHENAY, cet auteur spécialiste de Balzac, qu'après 2 ou 3 ans d'activités les hôtesses de l'air se marient et abandonnent leur profession.

Sources : le site de TELERAMA et le site d'ARTE


samedi 30 août 2014

Précarité dans le nettoyage : "Louise Wimmer", un film de Cyril Mennegun

Le secteur du ménage ou du nettoyage se prête décidément et malheureusement bien à la précarité. Plusieurs films cités dans ce blog déroulent leur trame dans ce domaine d’activité
Pour Louise Wimmer, le travail consiste à faire les chambres d’un hôtel, le matin. Elle ne bénéficie que d’un temps partiel et aimerait faire plus d’heures pour compléter ses revenus. D'autant plus qu’elle n’a pas de logement et qu’elle doit vivre dans sa voiture, une Volvo hors d’âge qu’elle doit maintenir en état à tout prix pour honorer son contrat de travail. La position devient encore plus fragile lorsqu'une jeune et zélée collègue de Louise, interprétée par Marie Kremer,  n’hésite pas à jouer de ses charmes pour s’attirer les faveurs du chef pour faire embaucher sa belle-sœur. Ce que le manager acceptera en commentant en ces termes «  si elle est comme vous, on n’aura pas de problèmes ».
Pour Louise la situation est inextricable : elle a de plus en plus de mal à conserver le niveau d'hygiène nécessaire à son emploi, et s'arrange en "empruntant" des savons ou des produits alimentaires destinés au petit-déjeuner dans la réserve de l'hôtel ou profitant de la douche du foyer où elle assure des missions de baby-sitting qui lui assurent un complément de revenus. Elle développe un esprit d'adaptation, compte sur quelques rencontres : la gérante d'un bar qui l'héberge et fait office de poste restante et l'un des clients de ce bar qui aide Louise à réparer sa voiture, et qui l'accompagnera dans la scène ultime du déménagement vers l'appartement qu'elle obtiendra finalement.
Entre-temps, elle aura dû vivre quelques moments pathétiques : abandonner son mobilier resté dehors chez son ex, ou entendre sa fille lui annoncer qu'elle s'installe avec son petit ami, alors qu'elle même est à la rue. Le tout est traité sans tomber dans le mélodramatique mais tout en retenue, et là réside certainement tout le talent du réalisateur, Cyril Mennegun, et sans conteste celui de l'époustouflante Corinne Masiero dans le rôle de Louise.
Dans le registre du monde professionnel puisque c'est celui qui nous intéresse, quelques scènes montrent Louise au travail avec sa collègue Séverine (Marie Kremer) ou avec le manager de l'hôtel. Ce dernier est exigeant sans être tortionnaire, mais contestera les heures supplémentaires déclarées par Louise mais sans que l'on sache si c'est elle qui gonfle son crédit où si c'est le responsable qui rechigne à lui régler.
Cet excellent film a été sélectionné à 30 reprises dans différents festivals à travers le monde et a obtenu le César du meilleur premier film (2013) et le Prix Louis-Delluc du meilleur premier film (2013)

mardi 29 juillet 2014

Un odieux chantage au licenciement dans "Deux jours, une nuit" le dernier film des Dardenne

Selon certains experts, ce film des frères Dardenne, Jean-Pierre et Luc, est le grand absent du palmarès du dernier festival de Cannes. Si nous n'émettrons aucun jugement sur la qualité du film, il apparaît que la trame en soit pour le moins fantaisiste au regard du droit du travail et des pratiques en entreprises en matière de licenciement.
En l’occurrence, un patron met dans les mains de ses salariés, le marché suivant : ils encaisseront  leur prime annuelle d'un montant de mille euros à condition que leur collègue Sandra, interprétée par Marion Cotillard, soit licenciée.
Il n'est certes pas impossible qu'un tel comportement puisse se rencontrer dans le monde cruel de l'entreprise, mais un employeur prendrait-il le risque de se faire sanctionner par les autorités, car il est facile d'imaginer que, très vite, l'affaire aurait été jetée en pâture aux medias.
Cette licence que s'autorisent les réalisateurs belges leur permettra de sonder la noirceur ou la beauté des âmes, dans ce nouvel opus d'un genre dont ils ont le secret, la "comédie sociale". Un jugement que ne partage peut-être pas le jury du festival.

dimanche 27 juillet 2014

L'Open Space version années 70 dans un film de Robert Enrico "Pile ou face" (1980)

Des acteurs français de premier plan, Philippe Noiret et Michel Serrault, un talent en devenir Pierre Arditi et une actrice inattendue, Dorothée, l'animatrice vedette des mercredi après-midi destinés à la "jeunesse"d'Antenne 2, constituent le principal du casting de ce film de Robert Enrico. La trame tient en haleine le spectateur, même si l'on sait dès le début que Edouard Morlaix, modeste comptable, a précipité par la fenêtre son épouse devenue insupportable, sous les yeux pratiquement de la voisine d'en face, présentatrice sur la chaîne de télévision régionale, ou plutôt "speakerine", comme on disait à cette époque.
Si l'on voit souvent les policiers en action pendant ce long métrage, peu de scènes montrent l'employé sur son lieu de travail cependant l'une d'entre elles est assez intéressante. : Edouard y est assis à son bureau, aligné avec celui de ses collègues, tous tourné vers "l'aquarium" vitré et surélevé de celui que l'on imagine être le chef de service qui leur fait face. Une disposition classique des pools de saisies ou des open space à la française des années 70.
Bien qu'acteur de cinéma encore peu expérimenté puisqu'il n'apparaît que pour la 5ème fois à l'écran avec "Pile ou face", Pierre Arditi apparaissait l'année précédente dans le film d'Alain Resnais "Mon oncle d'amérique"  cité sur ce même blog.

samedi 28 juin 2014

"Des vivants et des morts" : une fresque sociale de Gérard Mordillat autour d’une fabrique de fibre plastique.

La diffusion sur Arte de cette mini-série en 8 épisodes, "Des vivants et des morts", remonte à mai 2012. Faute d’avoir lu le livre, nous pouvons raisonnablement penser qu’elle respecte fidèlement l’œuvre dont elle est tirée puisque c’est Gérard Mordillat qui l’a adaptée lui-même à partir de son propre roman (Les vivants et les morts - Calmann Lévy 2005)
L’histoire est plausible, nous découvrons une entreprise industrielle assez classique, une fabrique de fibres plastiques la K.O.S. dans laquelle les salariés sont impliqués au plus haut point. Ils iront jusqu'à risquer leur vie pour sauver leur outil de travail suite à une inondation. Avec certes, un soupçon de romanesque, mais c’est le parti pris de l’auteur pour montrer ce degré d’investissement des ouvriers. Les différents protagonistes sont correctement installés dans leurs rôles, les acteurs sont convaincants, Robinson Stévenin en tête. Le réalisateur ne nous donne pas à voir des caricatures de personnage.
Les premières scènes permettent d’évaluer les stratégies des différentes classes sociales au travers de leurs représentants : actionnaires, dirigeants ou salariés. Car toute la trame s’articulera autour de  la réduction d’effectifs, avec d’inévitables licenciements à la clé, voire de la fermeture pure et simple de l’unité de production. Un événement qui touche Rudy (Robinson Stévenin) dont l’épouse Dallas doit effectuer des heures de ménages chez un médecin pour que le couple puisse s’en sortir. En effet, pour faire face aux dépenses et au remboursement du foyer, le  salaire de son mari ne suffit pas. Ce dernier refusera un poste de maîtrise dans la nouvelle organisation, ce que s’empressera d’accepter son meilleur ami à qui le poste est ensuite proposé. La trahison, donc, mais aussi la peur avec la situation difficile d’une autre salariée, une jeune femme dont le mari est en « longue maladie », et qui voit s’abattre sur elle la menace d’une perte de revenus.
Sans abandonner totalement le parcours des protagonistes, la suite de la série prendra un tour davantage politico-financier, avec le rachat de la K.O.S. par un groupe américain, une délocalisation et la mise en relief très réaliste de l’impuissance des élus ou des institutions, Maire, Préfecture, Direction du travail … face aux lobbies financiers.
Les salariés se replieront alors dans un état de résistance proche d’un état de guerre qui aboutira à une prise d’otages au sein du site de production.
Sur un plan sociologique, Gérard Mordillat décrit aussi les mécanismes qui, en période de crise, conduisent à la xénophobie et au racisme.
Une série réussie, on pourra seulement regretter quelques excès dans le scénario, à l’instar de ce Directeur Général qui, par amour pour une salariée, quitte sa femme et ses filles, dont l’une d’elles est tombée enceinte à la suite d’une relation avec un apprenti de l’entreprise.

Pour retrouver un bref résumé des 8 épisodes, voir le site d'Arte.

L'univers des grands magasins dans "Riens du tout" de Cédric Klapisch (1992)

Dans « Riens du tout » (1992), Cédric Klapisch, alors tout jeune réalisateur, nous plonge dans l’univers des grands magasins. La situation des « Grandes galeries » est peu reluisante, un directeur est donc recruté pour redresser la situation à l’échéance d’un an. Sans tomber dans la caricature, la critique du monde des grands magasins d’un côté, et celle des nouvelles théories managériales sur autre plan, sont assez justes.
Le nouveau dirigeant, M. Lepetit, interprété par FabriceLucchini, commence par s’immerger afin de susciter la confiance de ses collaborateurs, puis met en place un plan d’actions, aidé de consultants.
Les salariés sont pour certains réfractaires, « tu me vois prendre des cours ? » ou plus ouverts, « mais si, c’est bien ! », ou bien défendent leur statut de démonstratrice ou de vendeur(se).
Des conflits naîtront de la mise en œuvre de la nouvelle organisation, accentués par la position des syndicalistes qui s’indignent par exemple qu’un étudiant en DEES de marketing,  ne soit pas rémunéré au titre de son stage, alors que lui-même ne s’en plaint pas.
Le dirigeant essaiera de resserrer la cohésion entre ses salariés au travers d’actions collectives comme la création d’une chorale ou l’organisation d’un séminaire de « team building » dont le point d’orgue sera un saut à l’élastique pour l’ensemble des salariés ; l’un d’entre eux refusera l’ épreuve.


D'autres actions viseront à augmenter la performance commerciale. En effet, le jeune manager découvre que certains employés, certes en fin de carrière, se désintéressent complètement des clients et de leurs préoccupations.  Une situation plutôt rare de nos jours dans ces grandes enseignes de la distribution de centres villes. Il développera aussi les animations commerciales en magasin, respectant ainsi les règles du commerce moderne.
Il usera de procédés moins glorieux pour promouvoir son enseigne ; il s’empressera par exemple d’affubler l’un de ses salariés chargé de nettoyage d’un tee-shirt à ses couleurs, à l’issue d’un marathon que celui-ci vient de remporter.
Les efforts de notre « manager de transition », dirait-on aujourd'hui, seront vains car la décision de fermer le magasin était prise dès le début par le Conseil d’administration, qui cherchait en fait à développer les ventes pour financer le plan de licenciement.


samedi 14 juin 2014

Une incohérence dans un film de Robert Guédiguian : "Les neiges du Kilimandjaro"

Ce film de Robert Guédiguian (2011) prend corps dans les locaux de la CGT d'une entreprise située à proximité du port de Marseille. La situation est totalement irréelle, d'un point de vue légal, puisqu'elle montre un représentant syndical qui égraine les noms de ceux de ses collègues tirés au sort qui seront victimes du plan de licenciement.
Parmi ceux-ci, Michel, lui aussi responsable de la CGT, qui à l'occasion de ses 30 ans de mariage se verra remettre une somme d'argent destinée à financer un voyage en Tanzanie. Une nouvelle lune de miel qui ne se fera pas puisque Michel et son épouse Marie-Claire (Jean-Pierre Darroussin et Ariane Ascaride) ainsi qu'un couple d'amis qui se trouvent à leur domicile se verront pris en otage et agressés par des malfrats dont l'un d'eux inspirera la compassion après que notre couple l'ait identifié.
Si la trame narrative interpelle sur les points de vue respectifs des victimes et des agresseurs, elle part donc d'une situation totalement fictive puisque seule la direction de l'entreprise peut dresser la liste des salariés licenciés, en se basant sur des éléments objectifs.

dimanche 25 mai 2014

Les "grands" philosophes dans une "boîte de com", Platon la gaffe, une BD de Jul et Pépin,

L'idée est intéressante et propice à la "rigolade", imaginer les philosophes les plus réputés à différentes postes d'une agence de communication, la Cogitop. C'est le pari audacieux de Jul (dessin) et Charles Pépin  (scénario) qui ont créé cette BD, "Platon la gaffe, Survivre au travail" dans laquelle Kévin Platon, un élève de 3ème en stage de découverte, côtoie Montaigne, en période "d'Essais", Karl Marx, délégué syndical, bien évidemment, Foucault le responsable de la vidéosurveillance, Thérèse d'Avila la secrétaire de direction ou encore Nietzsche un Directeur des Ressources Humaines ... un peu trop humaines.
Le collégien pourra aura l'occasion de "s'interroger sur les limites de l'open Space" ou sur "l'identité d'un PDG, Jean-Philippe ... Dieu, que personne ne voit", émaillant ce parcours initiatique, qui en fait, comme l'écrit le magazine Management (N° 215 - Janvier 2014), un "mélange de blagues potaches et de culture classique à prendre au 1er comme au 8ème degré", propre à "s'initier à la philo" ou "pour rire du quotidien au bureau".

Platon la gaffe, Survivre au travail avec les philosophesJul et Charles Pépin - Dargaud - 19,99 €.